Burundi
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11e sommet du mécanisme régional de suivi de l’accord-cadre : Dix ans après, la crise sécuritaire en RDC persiste

Au cours du 11e sommet de mécanisme régional de suivi de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région qui s’est tenu à Bujumbura, samedi 6 mai, le président congolais Félix Tshisekedi a de nouveau accusé le Rwanda de soutenir le M23. Des dirigeants régionaux et internationaux ont appelé à la cessation des combats à l’Est de la RDC et à la désescalade entre le Rwanda et la RDC.

« L’organisation de ce sommet des pays signataires de l’Accord-cadre se tient dans un contexte de conflits et crises sécuritaires au Nord-Kivu et en Ituri qui attirent l’attention et la mobilisation régionales », a rappelé Bernard Quintin, envoyé spécial de l’Union européenne pour la région des Grands-Lacs.

Il a condamné les attaques commises par le groupe rebelle M23 au Nord-Kivu. Et de l’appeler au retrait immédiat et effectif des territoires occupés comme convenu dans les processus de Luanda et de Nairobi. Selon lui, l’Union européenne est préoccupée par la montée des discours de haine et de violence en RDC et appelle à leur condamnation.
Bernard Quintin a souligné l’importance de mise en œuvre complète des décisions prises dans le cadre de ces deux processus pour la paix en RDC. Et d’insister sur le respect entier de l’Accord-cadre, surtout une obligation de ne pas soutenir directement ou indirectement les groupes armés.

Cet envoyé spécial de l’UE pour la région des Grands-Lacs a appelé la RDC et le Rwanda au dialogue et à mettre en œuvre tous les engagements pour avancer vers la paix durable dans la région. « Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale est une condition sine qua none », a-t-il insisté.

Selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, plus de 500 mille personnes ont dû fuir depuis la résurgence du M23 en novembre 2021 et la situation dans la province d’Ituri reste extrêmement préoccupante.

Antonio Guterres a regretté que malgré les efforts collectifs, plusieurs centaines de groupes armées congolais et étrangers opèrent encore, menacent la stabilité dans l’ensemble de la région des Grands-Lacs en commettant des drames humains et des abus graves des droits humains y compris les violences sexuelles.

« Il est temps de cesser la violence. Je réitère mon appel à tous les groupes armés : ‘’Déposez les armes immédiatement et rejoignez le processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration.’’ Toutes les parties doivent mettre en œuvre les décisions prises dans les processus de Nairobi et Luanda sans délai et sans exception », a-t-il martelé. Pour lui, seul le dialogue constant et sincère permettra de trouver des compromis durables.

Appel à un examen de conscience et à l’évaluation

Pour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, la détérioration du contexte sécuritaire et la montée des tensions à l’Est de la RDC inquiètent énormément l’ensemble des pays de la région ainsi que les organisations régionales, continentales et internationales.

Selon lui, ces tensions peinent à baisser et le déficit de confiance persiste malgré différents engagements. Il a condamné les accusations mutuelles, la mise en cause de la bonne foi des uns et des autres ainsi que la tergiversation.

Moussa Faki Mahamat a interpellé un examen de conscience : « Jusqu’à quand allons-nous continuer à faire étalage de nos faiblesses, carences et fragilités diverses ? Pourquoi continuons-nous à tourner en rond en observant la non-concrétisation effective de nos décisions ? Nos peuples et nos amis dans le monde nous regardent. »

Il a soutenu qu’il y ait une évaluation sans complaisance de la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, afin de renforcer son efficacité en relevant les défis auxquels la région des Grands-Lacs est confrontée.

Même son de cloche avec le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi. Il a rappelé que la signature de l’Accord-cadre d’Addis Abeba promettait un lendemain meilleur pour les peuples de la région : « Nos Etats ont décidé de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays voisins, la non-ingérence dans les affaires internes des uns et des autres, et l’interdiction de fournir une assistance aux groupes armés. »

Il a ainsi accusé le Rwanda de violer cet Accord-cadre : « Dix ans après l’entrée en vigueur de cet accord, nous constatons la rupture de ce pacte collectif par un Etat signataire, la République du Rwanda, qui, sous couvert du mouvement terroriste M23, s’est donné la liberté d’agresser et d’envahir une partie de la province du Nord-Kivu en RDC visant l’exploitation illégale de nos ressources naturelles. » Pour lui, cette attitude d’un pays signataire impose un choix de revitalisation de cet accord.

« Il faut trouver des solutions africaines aux problèmes africains »

Passation de témoin entre Evariste Ndayishimiye et Félix Tshisekedi pour la présidence du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre

Au cours de ce sommet, le président de la RDC a passé le témoin au président burundais, Evariste Ndayishimiye, président entrant du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région.

Selon Evariste Ndayishimiye, la sagesse africaine interpelle de trouver des solutions africaines aux problèmes africains. Pour lui, en l’occurrence, il faut donc des solutions régionales aux problèmes régionaux.

Il a rassuré que les Congolais retrouveront la paix et la dignité. Et de soutenir que le Burundi est un témoignage vivant que les efforts régionaux peuvent changer le cours de l’histoire : « Je rassure les Congolais et la communauté internationale, en me référant à l’expérience burundaise, la paix et la réconciliation en RDC sont possibles. La RDC rétablira la paix. »
Pour Evariste Ndayishimiye, la deuxième décennie de l’Accord-cadre sera l’occasion de s’attaquer davantage aux causes profondes des conflits ; de renforcer la bonne gouvernance et la démocratie ; de combattre la corruption et l’exploitation illicite des ressources naturelles ; et de résoudre les problèmes des réfugiés et du chômage. « C’est le moment de libérer la RDC de toutes les forces négatives étrangères établies sur son sol ».

Après une séance à huis clos, un communiqué sanctionnant les assises a été lu par le chef de la diplomatie burundaise, Albert Shingiro. Dans ce communiqué, les chefs d’Etat et de gouvernements signataires de cet Accord-cadre ont appelé à la désescalade, à la retenue et à la poursuite du dialogue entre le Rwanda et la RDC. Ils ont aussi exhorté les deux pays à mettre en œuvre les décisions issues des processus de Luanda et de Nairobi.

En outre, ils ont condamné l’occupation par le M23 des territoires congolais et ont appelé à son retrait conformément aux processus de Luanda et de Nairobi. Ils ont aussi exhorté les groupes armés opérant en RDC à cesser immédiatement sans conditions les hostilités.

L’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région a été signé le 24 février 2013 par onze pays (Afrique du Sud, Angola, Burundi, Ouganda, République Centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie et Zambie). Le Kenya et le Soudan l’ont signé plus tard le 31 janvier 2014.