Burundi
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L’opposition s’est éloignée de sa mission

« Le parti CNL trouve indécent que quelques anciens membres du bureau politique cherchent à mettre les bâtons dans les roues du nouveau bureau politique approuvé, pour le seul motif qu’ils ne se retrouvent pas là-dedans… Le parti leur demande de se raviser, de cesser cette campagne d’intoxication et de se joindre aux autres pour se préparer aux échéances politiques en vue ». Iwacu n’a jamais reçu autant de correspondances de ce parti. Deux camps semblent engagés dans un duel sans gants. Plusieurs observateurs estiment que ce déchirement n’est basé que sur des intérêts égoïstes et un positionnement, deux ans avant les élections parlementaires.

Une situation qui suscite aussi un débat sur le rôle des partis d’opposition au Burundi. Sont-ils condamnés à ne servir que de « faire-valoir » ou à devenir de simples véhicules pour accéder à des postes ministériels ou administratifs ? Au-delà des raisons électoralistes, les opposants s’intéressent-ils réellement aux enjeux du moment ou au vécu quotidien du citoyen ?

Sur une courte période, le pays vient de vivre des situations difficiles. On peut citer notamment la Covid-19, la pénurie récurrente surtout du carburant, le manque des devises, la dépréciation du franc burundais pour ne pas dire la dévaluation, la flambée des prix des produits de première nécessité qui conduit à la cherté de la vie, la dette publique, les inondations.

En moins de deux ans, le gouvernement a organisé deux fora nationaux sur le développement pour remédier à certains de ces défis qui hantent la population et se projeter dans l’avenir. En l’occurrence, la deuxième édition qui s’est tenue du 20 au 21 avril sous le thème : « Vision Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 ».

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

Certes, les résultats sont mitigés. Mais, ils ont eu le mérite de mettre ensemble les intellectuels burundais, en vue de proposer des voies et moyens de sortir le pays d’une économie exsangue. Au même moment, les Burundais attendaient impatiemment les propositions des formations politiques, surtout de l’opposition.

Rares sont les voix de l’opposition à se prononcer sur ces cas et proposer des projets de société, animer le débat. Pour un professeur d’université, lecteur d’Iwacu, il est par exemple incompréhensible, voire suicidaire, qu’un vote du budget général de l’Etat ne suscite aucun débat dans la classe politique burundaise.

Dénoncer ou critiquer ce que le gouvernement fait mal, ou ne fait pas, s’attaquer au bilan du pouvoir – en particulier dans des domaines sur lesquels les attentes de la population sont immenses, s’en prendre à l’impunité des dirigeants accusés de corruption ou de malversations, proposer des solutions, visiter et encadrer les citoyens, devraient être la préoccupation quotidienne de l’opposition.

L’idée selon laquelle le peuple se comporte comme un grand enfant au Burundi devrait disparaître du jargon des politiciens. Les leaders politiques doivent se sentir responsables et redevables envers la population. Ce n’est pas à la veille des rendez-vous électoraux qu’ils sont appelés à sortir de leur silence pour se positionner.

Il ne doit pas y avoir de rupture entre eux et la population, quelle qu’en soit la raison. Leurs politiques doivent plutôt être alignées sur les besoins quotidiens des citoyens burundais et la responsabilité individuelle et collective de chacun à s’engager auprès d’eux. C’est, à mon humble avis, le choix qui devrait guider nos politiques, surtout l’opposition, plutôt que de montrer ses muscles qui n’impressionnent pas….