Burundi
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Le sommeil perturbé du vainqueur perpétuel

« Nyakuriser » le Cnl s’est révélé sans effet ! Deux « nyakurisation » du FNL – les ailes Jacques Kenese et Jacques Bigirimana – et l’obligation légale de changer le nom dudit parti historique n’ont pas entamé la popularité d’Agathon Rwasa auprès de sa base militante.

Jusqu’aux élections générales de 2020, l’adversité sous forme de verrouillage de l’espace démocratique a eu raison des autres formations politiques, mais a revigoré la sienne. En témoignent ses meetings de campagne électorale transformés en raz de marée humaine, lors des élections générales de 2020.

Le ministre de l’Intérieur déclare inopérantes et nulles les conclusions des congrès ordinaire et extraordinaire du parti Cnl tenus respectivement les 12 mars et 30 avril, peut-on lire dans un communiqué du 17 mai.

Le cœur du système vient ainsi de changer son fusil d’épaule : avoir une cinquième colonne – huit personnalités, dont six députés – maintenue dans le bureau politique du Cnl.

Les positions irréconciliables de ses membres vont paralyser le fonctionnement du parti. Statuer sur un ordre du jour ou organiser un congrès national ou toute autre convention régulière relèvera du parcours du combattant.

Mais gare au retour de bâton ! A l’instar des frontières artificielles entre les champs du savoir, cloisonner les différents domaines de la bonne gouvernance n’est pas pertinent.

Comment réussir le test de l’accord Burundi-FMI pour inciter les autres bailleurs multilatéraux à marcher dans le sillage de cette institution financière de Bretton Woods, si l’on travaille en même temps à la mort politique de son adversaire perpétuel ? Risquer de faire basculer le pays dans une nouvelle séquence d’instabilité politique, c’est aller à rebours des actions propices à inspirer la confiance, condition sine qua non posée par les partenaires du développement du Burundi pour initier des politiques de relance économique.

Plus les législatives de 2025 approchent, plus le leader du Cnl perturbe le sommeil du parti au pouvoir. D’autant plus qu’il n’a pas de solution à la paupérisation de ses militants et ses représentants au niveau local ne sont pas en reste.

Toutefois, le jeu politique d’équilibriste d’Agathon Rwasa entre la realpolitik – le Cnl a des députés nationaux et de l’Assemblée législative est-africaine – et une opposition radicale a ouvert une brèche dans laquelle le parti de l’Aigle s’est engouffré.

A miser sur la cupidité des gens, l’on perd rarement. Pour dormir du sommeil du juste, il joue son va-tout : neutraliser son principal adversaire avec et contre le droit.