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Entre Lula et Bolsonaro, une bataille cruciale pour le vote des classes moyennes

Renato de Oliveira ne voulait pas se retrouver comme son père et terminer sa vie sans avoir son chez lui. La famille, avec ses cinq garçons, avait toujours été logée gracieusement ou comme locataire dans la banlieue de São Paulo, et le salaire des parents servait à payer les factures.

C’est en 2011 que les choses ont changé pour lui, alors que l’économie brésilienne avait le vent en poupe : Renato est entré à l’université, il s’est acheté une voiture et l’appartement dont il rêvait tant, et où il vit aujourd’hui avec sa femme, dans les quartiers est de São Paulo.

Au fil de son ascension sociale, Renato a voté Lula, puis Dilma Rousseff [du Parti des travailleurs - PT, gauche], et puis, à la dernière présidentielle, il a choisi le bulletin Jair Bolsonaro, d’extrême droite.

Il en avait assez des scandales de corruption autour du PT, explique-t-il. Aujourd’hui, déçu par les choix économiques du gouvernement, il s’apprête à retirer son soutien au président sortant. Pendant la pandémie de Covid-19, Renato a perdu son travail dans l’entreprise du secteur de l’acier qui l’employait depuis quinze ans ; il a retrouvé un emploi début 2022, dans une société de logistique, pour un salaire inférieur de 40 %.

Il explique :

On a choisi Bolsonaro pour se débarrasser du PT, mais il a été mauvais contre l’inflation. Il a toujours dit que Paulo Guedes [le ministre de l’Économie] avait réponse à tout, mais il lui a confié toutes les responsabilités sans rien améliorer. Aujourd’hui ça va mal pour nous, et il n’y a aucune solution à long terme.”

Il a l’intention de voter au premier tour pour Ciro Gomes (PDT, centre gauche), mais même si c’est le gouvernement actuel qui concentre ses griefs, il ne sait pas ce qu’il ferait en cas de second tour Lula/Bolsonaro [prévu le 30 octobre].

“Je n’ai jamais apprécié Lula”

Lucas Silva dos Santos, 40 ans, est dans la même incertitude. Lui aussi vit dans les quartiers est de São Paulo, et il y a près de vingt ans qu’il tient une rôtisserie, après avoir été comptable. Il a connu des années difficiles, jusqu’à trouver la bonne formule, avec la préparation de plats à emporter le midi pendant la pandémie. Il a aujourd’hui six employées et vend 1 000 barquettes par semaine, sans compter les 300 feijoadas du samedi.

Devant les casseroles qui commencent à chauffer dès 10 heures, Lucas nous raconte avoir toujours voté pour le PSDB [droite] jusqu’à il y a quatre ans. Son choix s’est alors porté sur Bolsonaro pour sa défense des valeurs chrétiennes, mais aussi parce qu’il espérait avec lui voir l’économie repartir.

Mais Lucas n’a pas plus été convaincu que Renato, et à la liste des déceptions vient s’ajouter la personnalité du président et sa mauvaise gestion de la pandémie :

Je sais que la ‘troisième voie’ n’a pas tellement d’avenir, mais je vais voter pour Simone Tebet (MDB, centre droit) au premier tour. La personnalité de Bolsonaro ne me plaît plus, et je n’ai jamais apprécié Lula. “

Pour autant Lucas n’exclut pas de remettre dans l’urne un bulletin Bolsonaro en cas de second tour : “Je m’abstiendrai, je voterai blanc ou, en dernier recours, je voterai Bolsonaro. Ce ne sera pas pour lui, mais contre le PT : les idéaux de gauche, je n’y crois pas.”

Lucas et Renato sont représentatifs de la classe moyenne brésilienne, un électorat hésitant lors des derniers scrutins et divisé en vue de cette présid