Plus d'un travailleur sur dix est concerné dans les départements de l'ancien Languedoc-Roussillon, l'une des zones les plus touchées dans l'Hexagone, selon une étude récemment réalisée par l'Insee. État des lieux alors que des appels à la grève sont lancés ce jeudi 29 septembre en France sur la question des salaires et des retraites.
L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) réalise une photographie saisissante de cette France des bas salaires dans une étude publiée le 20 septembre dernier avec un constat : les femmes et les jeunes sont particulièrement concernés, mais les inégalités se vérifient aussi à travers les territoires, avec un phénomène amplifié dans l'ancien Languedoc-Rousillon. État des lieux.
Qu'est-ce qu'un bas salaire ?
Selon ces données de l'Insee collectées en 2019, 8 % des salariés du secteur privé perçoivent un bas salaire, c’est-à-dire, au sens de l'Insee, moins de 1 310 euros nets mensuels pour un temps plein, seuil qui correspond aux deux tiers du salaire médian en France. Mais la précarité salariale peut aussi résulter de faibles volumes de travail, c'est le cas pour un tiers d'entre eux qui ne travaillent pas toute l'année.
Qui est concerné ?
Les jeunes en début de carrière sont davantage concernés, tout particulièrement les peu diplômés. Un salarié à bas salaire sur quatre a moins de 26 ans. Mais, surtout, plus de la moitié sont des femmes (54 %), alors qu’elles ne représentent que 42 % de l’ensemble des salariés du privé. Elles sont d'ailleurs surreprésentées dans le secteur tertiaire où les bas salaires sont beaucoup plus nombreux.
"Plus de 40 % des employés de maison, ouvriers de laboratoire ou encore ouvriers peu qualifiés divers de type artisanal perçoivent un bas salaire, note l'Insee. Les femmes à bas salaires sont très majoritairement des employées et les hommes des ouvriers.
Autre constat dressé par l'Insee, "dans une vingtaine de professions, plus d’un travailleur sur quatre est à bas salaire". On retrouve parmi elles, les employés de maison, des ouvriers de laboratoire, des ouvriers du bois et de l’ameublement, des aides à domicile, ou encore des assistantes maternelles.
Quels sont les territoires les plus touchés ?
Autres enseignements de cette étude, certaines régions concentrent parfois ces catégories de travailleurs “mal-payés”, les bas salaires sont surreprésentés dans certaines régions, d'abord dans les trois départements d'Outre-Mer, avec 15 % de bas salaires à La Réunion et 14 % environ en Guyane et en Guadeloupe. Mais en métropole, c'est l'Aude (12,1%) qui abrite la plus forte part de bas salaires parmi ses salariés, avec 7 340 personnes concernées, triste record partagé avec la Creuse.
Les petits salaires se concentrent surtout sur façade nord-est et le tiers sud de la France. Avec ce point noir relevé par nos confrères de France Info : "Tous les départements de l'ancienne région Languedoc-Roussillon (Lozère, Gard, Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales) dépassent le taux de 10% de salariés à faibles revenus".
Il est de 10,9 % en Lozère (1 613 travailleurs concernés), 10,8% dans le Gard (13 821), 10,7% dans les P-O (9 329), 10,4 % dans l'Hérault (25 821) et de 8,8 % en Aveyron (5 088). Derrière les chiffres du chômage, la précarisation se mesure aussi dans ces territoires à l'aune de ces faibles ressources pour plus d'un salarié sur dix.
Cette précarité est-elle durable ?
Les salariés les moins bien payés finissent-ils par obtenir de meilleurs salaires au fil du temps ? L'Insee a analysé l'évolution de leur situation entre 2015 et 2019. 41,2% d'entre eux sont restés dans la même situation quatre ans après. Ils sont autant à avoir réussi à obtenir une rémunération dépassant deux tiers du revenu médian.
