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"Ils nous ont donné des miettes" : enseignants, infirmiers... ils font grève ce jeudi pour leur salaire

Une grève générale et nationale est prévue ce jeudi 29 septembre pour s’opposer à la réforme des retraites et surtout réclamer de meilleurs salaires sur fond de crise énergétique et de baisse généralisé du pouvoir d'achat.

Si certains syndicats comme FO et Unsa se sont abstenus mais CGT, FSU et Solidaires et d’autres mouvements de jeunesse ont appelé à une mobilisation interprofessionnelle pour s’opposer à la réforme des retraites et surtout réclamer de meilleurs salaires sur fond de crise énergétique et de baisse généralisé du pouvoir d'achat. Plusieurs secteurs publics sont concernés dont l'éducation, les transports en commun, la SNCF ou encore la santé. Nous avons rencontré plusieurs grévistes qui expliquent leur mobilisation.

Pierre, infirmier au CHU de Montpellier

Pierre Renard, infirmier au CHU de Montpellier
Pierre Renard, infirmier au CHU de Montpellier DR

Pierre Renard est infirmier à mi-temps en dermatologie et l'autre mi-temps pour mandat syndical CGT depuis un an. Avec dix ans d'expérience, il vient de franchir la barre des 2000 € par mois (2100 €) avec l'action combinée du Ségur de la santé (+183 €), la revalorisation des grilles et l'augmentation de 3,5 % du point d'indice de la fonction publique.  "J'ai pris 200 € en quelques mois, mais avec l'inflation, je n'ai pas l'impression que ma vie a changé, estime-t-il. Tant qu'on n'augmentera pas les salaires, on n'arrivera pas à recruter. Nous sommes mal payés par rapport aux moyennes européennes, mais les agents administratifs, les ouvriers, les ASH, qui ont été essentiels pendant le Covid, gagnent à peine plus que le Smic. On demande une revalorisation du point d'indice pour qu'il suive l'inflation, on a fait le calcul, il faudrait + 28 % !"

"Nos conditions de travail se sont énormément dégradées. Il y a aujourd'hui beaucoup de départs de l'hôpital, y compris de médecins, ce qui entraîne des fermetures de lits. Il  m'arrive d'être affecté à d'autres services en raison de l'absentéisme. Pendant la crise du Covid, il y a eu des burn-out, des pertes de sens. La profession est démobilisée et désabusée, ceux qui restent ont l'amour du service public."

Myriam, Atsem dans l'Hérault

Myriam est agent spécialisée des écoles maternelles à Montpellier. Elle accompagne tout au long de la journée les enfants dans leurs activités, apporte une assistance technique et éducative à l'enseignant mais aussi aux animateurs dans le cadre des activités périscolaires. Elle et ses collègues s'étaient déjà mobilisés en 2021 au moment de l'application  de la loi Dussopt avec la mise en place de 1607 heures par an au lieu de 1 537.

"Notre travail est de plus en plus compliqué et nous ressentons beaucoup d'injustice, témoigne-t-elle. Nous demandons du respect. Ces 10h par jour avec des enfants c'est inadmissible mais il est encore difficile de mobiliser les collègues pour cette grève car beaucoup sont parents isolés et ne peuvent se permettre de perdre une journée de salaire. Je fais un très beau métier que j'aime et nous voulons plus de reconnaissance. Ils nous ont donné des miettes et nous voulons plus", conclut-elle alors qu'un salaire d'Atsem de 2e classe oscille entre 1290 et 1590 € mensuel net selon l'échelon.

Sabrina, contrôleuse SNCF à Béziers

Sabrina Loots, contrôleuse SNCF à Béziers
Sabrina Loots, contrôleuse SNCF à Béziers

Après 23 ans d'ancienneté à la SNCF, Sabrina Loots touche un salaire d'environ 1800 € net auquel s'ajoutent des primes de déplacement non soumises à cotisations sociales. "Nous sommes nombreux à nous mobiliser, explique Sabrina, militante à la CGT Cheminots. Les salaires ont été augmentés de 1,6% le 6 juillet dernier mais on est très loin du compte par rapport à l'inflation. Nous réclamons aussi une augmentation des primes de déplacements, des indemnités de résidence, un vrai 13e mois et davantage d'évolutions de carrière. Avec tous les bénéfices qu'elle réalise, la SNCF doit en redistribuer une partie dans les salaires. Ces revendications s'ajoutent à celles sur la dégradation de nos conditions de travail que nous portons toute l'année."

Jean-Louis, professeur à Pignan

Jean-Louis Zuccolini, professeur d'histoire-géographie à Pignan (Hérault)
Jean-Louis Zuccolini, professeur d'histoire-géographie à Pignan (Hérault) DR

Après 22 ans de carrière en tant que professeur d'histoire-géographie en collège (actuellement Marie Curie à Pignan), Jean-louis Zuccolini affiche un salaire d'environ 2100 € sans heures supplémentaires. Sera-t-il lui aussi revalorisé si les nouveaux profs démarrent à 2000€ comme l'annonce le ministre ?  "L'augmentation de 3,5% que nous avons eue en juillet ne couvre pas l'inflation, argumente-t-il. Le gouvernement annonce qu'il va revaloriser les salaires mais reste très flou sur ce que recevront les personnels en milieu ou en fin de carrière. Nous voulons mettre la pression pour qu'il fournisse un calendrier plus clair avec des précisions chiffrées. Se feront-elles sur le point d'indice, qui compte pour la retraite, ou sous forme de primes ? On nous parle aussi d'augmentation contre des tâches supplémentaires mais nous sommes déjà nombreux à faire deux heures de plus par mois et à accompagner les devoirs. Revaloriser la profession est indispensable pour lui donner de l'attractivité mais il faut aussi penser aux statuts précaires comme les AED et les AESH. Je pense que cette grève sera plus suivie que d'habitude."