Sans renoncer à son objectif de faire entrer le texte en application à l'été 2023, le chef de l'État veut se donner le temps de la «concertation», avec les syndicats notamment.
Il voulait aller très vite, il n'ira que vite. À l’issue d'un dîner de travail à l'Élysée avec les principales figures de la majorité et du gouvernement, le président de la République a tranché. Il temporise sur la réforme des retraites, tout en gardant le pied sur l'accélérateur. Car sans renoncer à son objectif de faire entrer le texte en application à l'été 2023, Emmanuel Macron se donne du temps. Celui d'une «concertation» pour élaborer un texte «d'ici à la fin de l'année» rapporte un participant au dîner.
Autour de la table, la première ministre Élisabeth Borne, son prédécesseur Edouard Philippe, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, celui du budget Gabriel Attal mais aussi Gérald Darmanin pour l'Intérieur. Le patron du MoDem François Bayrou était également présent tout comme celui de Renaissance, Stéphane Séjourné, ainsi qu'un revenant: l'ancien président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand. Toute la macronie réunie façon «bureau politique» comme aux plus grandes heures du premier quinquennat.
«Une volonté de synthèse»
Après les tensions apparues ces dernières semaines au sein de la majorité, il s'agissait pour le chef de l'État de mettre tout le monde d'accord, notamment sur la méthode de mise en œuvre de la réforme des retraites. «Le président était dans une volonté de synthèse», assure un membre de la majorité. Entre ceux qui plaidaient pour aller le plus vite possible en adoptant la réforme dès cet automne et ceux qui demandaient de prendre le temps d'une concertation, Emmanuel Macron a plutôt tranché en faveur des seconds.
Ce sera donc d'abord une consultation à laquelle sont conviées toutes les organisations politiques et syndicales. «Tous les sujets seront discutés, des carrières hachées aux carrières longues à l'emploi des séniors en passant par la pénibilité», rapporte un membre de l'exécutif. Ce sera ensuite un texte d'ici la fin de l'année pour un examen au Parlement en janvier ou février de l'année prochaine. Ce sera enfin une entrée en vigueur de la réforme des retraites d'ici à juillet 2023. «Le président a défini une stratégie avec un calendrier et des séquences claires avec une volonté de réformer non affaiblie», rapporte l'un des convives du dîner. Les syndicats tenteront malgré tout d'émousser cette «volonté» du chef de l'État dès aujourd'hui en défilant dans toute la France contre la réforme des retraites.
