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Pourquoi nous serons un jour 10 milliards d’humains sur Terre (et pas forcément davantage)

Dix milliards d’individus dans le monde à l’horizon 2050, et déjà huit dans quelques semaines. Voilà les prévisions de l’ONU concernant la population mondiale. Un chiffre qui peut donner le tournis et interroger, à l’heure où les ressources tendent à s’épuiser. Mais comment en est-on arrivé là ? Le directeur de recherches à l’Institut national d’études démographiques (Ined) Gilles Pison donnait une conférence mercredi soir à Nantes dans le cadre d’une grande exposition à l’espace Cosmopolis. Voici trois chiffres pour mieux comprendre ce qui se joue à grande échelle.

200.000 personnes. C’est le nombre d’humains supplémentaires que compte la planète chaque jour ! « Aujourd’hui, la population augmente rapidement, constate Gilles Pison. En résumé, chaque seconde, il y a quatre bébés qui naissent et deux personnes qui meurent. On a ainsi un taux de croissance de 1 % par an, avec une population qui double tous les 65 ans environ. » Mais la démographie mondiale n’a pas toujours été si dynamique. Au contraire, elle a stagné pendant un bon moment. « Jusqu’à il y a deux siècles, il y avait un équilibre entre les naissances et décès, poursuit l’expert. Un couple mettait au monde cinq ou six enfants, dont seulement deux arrivaient à l’âge adulte ! Ils remplaçaient ensuite en quelque sorte les parents. » Au XVIIIe siècle, avec les progrès économiques, l’instruction et l’apparition des vaccins, notamment celui contre la variole, les choses changent. Les naissances continuent mais la mortalité des enfants baisse et celle du reste de la population aussi. « Jusqu’au moment où les parents s’aperçoivent que les enfants deviennent "une charge". Apparaît un nouveau comportement, la limitation volontaire des naissances. » Les courbes s’équilibrent de nouveau. Appelé transition démographique, le phénomène a touché les quatre coins du globe, avec des temporalités différentes.

2,3 bébés. Ces hausses vont ralentir après 2050, à tel point que la population mondiale devrait stagner. En cause : la baisse du taux de fécondité, qui est actuellement de 2,3 à l’échelle planétaire, contre 2,5 en 2015. « En Europe, c’est 1,5 enfant. En Asie 2, et quasiment pareil en Amérique latine, indique Gilles Pison. Il y a un continent qui n’a pas achevé sa transition, c’est l’Afrique. Mais la mortalité a beaucoup baissé, et la fécondité aussi : les femmes font 4,3 enfants chacune, mais c’était 6,5 il y a 40 ans ! » Ainsi, la répartition des humains sur la planète va se voir modifiée dans les prochaines décennies. A l’échelle des continents, l’Afrique abrite actuellement un habitant sur six : ce sera un sur quatre en 2050 voire plus d’un sur trois en 2100, disent les projections. Des changements importants sont aussi attendus à l’échelle des pays : l’Inde devrait par exemple devenir très bientôt le pays le plus peuplé en passant devant la Chine. Selon les projections, la fécondité mondiale chutera à 1,8 en 2100.

73 ans. Autre phénomène pour expliquer que la Terre est toujours plus peuplée : le vieillissement de la population. Là encore, tous les continents sont concernés même s’ils n’avancent pas à la même vitesse, alors que la durée de vie moyenne de vie au niveau mondial est de 73 ans… Par exemple, 67 % des hommes de 72 ans sont encore en vie en Europe, un chiffre qui descend à… 26 % en Afrique. Si Gilles Pison indique que l’espérance de vie continuera de croître jusqu’en 2070, difficile de savoir jusqu’où. Car la notion de « plafond » instaurée par les démographes a été à chaque fois été dépassée, pour finalement être abandonnée. « Mais depuis une dizaine d’années, l’espérance de vie n’augmente plus aussi vite, notamment après des épidémies de grippes saisonnières et le Covid, estime Gilles Pison. N’est-on pas arrivé à ce fameux plafond ? » Tout dépendra aussi des facteurs externes, comme le climat. Des circonstances qui ne sont aujourd’hui pas prises en compte dans les calculs, « qui peuvent finalement différer de la réalité », admet le conférencier.