France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Témoignage : "J'ai fait un infarctus à 40 ans"

"Il est 3 h 30, cette nuit de janvier 2021, lorsqu'une violente douleur entre les omoplates me réveille brutalement. Je suis comme transpercée par un coup de poignard durant deux minutes environ, suivi d'une sensation d'oppression dans la poitrine et d'intenses douleurs intestinales, dignes d'un gros désordre digestif. Je vomis le café préparé par mon mari, tandis que des fourmillements envahissent ma mâchoire. Je suis à mille lieues de penser à un infarctus, car je n'ai pas la classique douleur irradiante dans le bras gauche. Et, surtout, je suis l'antithèse de l'infarctus, je n'ai pas de facteurs de risque : je suis mince - 64 kg pour 1,80 m -, je marche 30 km par semaine, je mange sainement, ni gras ni salé ; je n'ai pas de cholestérol et je suis très active. Le seul bémol ? 3 à 4 cigarettes par jour.

Sur le même sujet

En fait, à l'époque, j'ignore que les femmes ont parfois des symptômes atypiques : nausées, vertiges, troubles digestifs, fatigue. Aussi, je m'apprête à avaler du paracétamol pour retourner me coucher au plus vite, car il ne me reste que 2 heures avant de me lever, quand mon mari m'interrompt : "Pas question ! J'appelle le Samu. Tes symptômes me font penser à ta sœur."

Sylvie est, en effet, décédée il y a 10 ans, à 36 ans, d'un infarctus, mais elle avait ressenti la douleur dans le bras gauche. Au téléphone avec le 15, mon mari doit insister, car, vu mon âge, le diagnostic penche pour le stress, l'angoisse ou une douleur dorsale faite au travail, car je suis employée polyvalente dans un supermarché.

Tout s'accélère, en cardiologie puis en réanimation

Dans l'ambulance du Samu, sur le chemin de l'hôpital, je finis moi-même par m'interroger, à force d'entendre : "Vous êtes sûre de ne pas être angoissée ?" Je le suis forcément un peu, comme toutes les mères de famille, qui travaillent à plein temps, qui ont des repas à préparer, une maison à tenir et un budget à gérer ! Mais, soudain, l'agitation monte autour de moi. J'apprendrai par la suite que mon taux de troponine, une protéine qui permet d'évaluer la souffrance du muscle cardiaque, est excessivement élevé, explosif même. À l'hôpital, je ressens à nouveau le coup de poignard et mon électrocardiogramme part dans tous les sens.

"Vous faites un infarctus du myocarde, on vous transfère au CHU" me dit un médecin. Une crainte me saisit illico : sombrer irrémédiablement dans le coma, comme ma sœur, sans avoir pu parler à mon mari, à mes deux filles et à mes parents, car je n'ai pas mon téléphone. Au CHU, j'ai juste le temps de dire à mon mari : "Tu dois me promettre de bien t'occuper de mes enfants, au cas où... " que tout s'accélère, en cardiologie puis en réanimation.

On soupçonne une cause génétique

Une partie de la pointe de mon cœur a été privée de sang et d'oxygène, les tissus sont nécrosés à 43 %. Le traitement que je reçois correspond en partie à celui d'aujourd'hui pour prévenir la récidive : un antiagrégant plaquettaire pour fluidifier le sang et éviter la formation de caillots ; des statines anticholestérol et un bêtabloquant pour abaisser la tension. À défaut de facteurs de risque, une cause génétique à mon infarctus est suspectée, les analyses sont toujours en cours. Un mois et demi après, je débute plusieurs semaines de réadaptation cardiaque. Cruciale pour apprendre jusqu'où pousser mon cœur, comment le remuscler et à mesurer mes efforts avec les séquelles. Je suis très essoufflée et j'ai totalement perdu confiance en mon corps.

Lorsqu'en balade, mon cœur bat la chamade en montant une côte, la peur me submerge : "Est-ce que je vais mourir, là ?" C'est très difficile. Néanmoins, quatre mois après, je reprends le travail et ma vie. "Une warrior !" disent les médecins. La peur de la récidive ? J'y travaille encore... Je pratique la méditation de pleine conscience, très salvatrice. Je suis très entourée, mon cœur se remplit par là où il a souffert.

Je veux absolument dire aux femmes : "Écoutez-vous si vous ressentez des symptômes. Si on vous oppose : 'C'est une crise d'angoisse ', suivez votre instinct, faites-vous confiance, et insistez pour être prise en charge. "Ce qui m'a sauvée, c'est la réaction de mon mari et le décès de ma sœur. Sylvie m'a permis d'être toujours en vie.

À lire : Mon combat pour le cœur des femmes, Pre Claire Mounier- Véhier (éd. Marabout)

Inscrivez-vous à la Newsletter de Top Santé pour recevoir gratuitement les dernières actualités