Luxembourg
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Affaire Bianka Bisdorff : Sarah entretient le mystère

L’enquête s’est concentrée autour des étangs entre Linger et Pétange où Sarah a été aperçue avec Bianka pour la dernière fois. (Photo : archives lq/didier sylvestre)

Les enquêteurs ont exploré toutes les pistes pour retrouver la petite Bianka. Elles mènent toutes aux étangs et à sa maman. Maman qui brille par son absence à son procès.

Bianka est venue au monde le 6 juin 2015. Il s’agit de la seule certitude dans cette affaire étant donné le flou entretenu par sa maman autour de sa naissance et de sa disparition auprès de ses proches et des enquêteurs. Sarah semble être la seule à savoir ce qui est arrivé au nourrisson, si la petite fille est encore en vie aujourd’hui ou si elle est décédée quelques jours après sa naissance.

Des ouvriers pensent l’avoir vue, le 15 juin 2015, emballée dans une couverture rouge que sa maman portait contre son sein à proximité des étangs de Linger, avant de recroiser Sarah quelques minutes plus tard sans le bébé. Interpellée par l’un d’eux à ce sujet, Sarah lui aurait répondu qu’une tante à vélo l’avait emmenée.

Police et parquet ont multiplié les moyens

Deux enquêteurs des sections de protection de la jeunesse et infractions contre les personnes de la police judiciaire ont résumé, hier après-midi, leur enquête pour tenter de retrouver la fillette disparue. Écoutes téléphoniques, multiples interrogatoires, battues, étangs asséchés, appel à témoins, chiens-policiers renifleurs de cadavres… la police et le parquet ont multiplié les moyens pour retrouver le nourrisson sans résultat, si ce n’est qu’une grenouillère et une serviette de bain portant des traces d’ADN de Bianka sont trouvées dans une maison en ruine à proximité des étangs.

Le 26 juin 2015, la section eschoise de protection de la jeunesse de la police judiciaire avait été saisie d’une mesure de garde provisoire du nourrisson après que des assistants sociaux ont suspecté Sarah de négligence. Mais, le 3 juillet 2015, la maman refuse de leur confier l’enfant et de dire aux policiers où elle se trouve. Elle est arrêtée et présentée à un juge d’instruction dans la foulée. Elle passera 14 mois en détention préventive.

«Elle ne veut pas donner d’informations»

Quand elle ne se mure pas dans le silence, Sarah se contredit, avance un enquêteur. «Elle ne veut pas donner d’informations.» Selon lui, elle aurait craint que son enfant ne lui soit retiré pour être placé par la justice comme ses cinq aînés. La jeune femme née en 1983 n’aurait pas été une mère exemplaire. Les services sociaux, qui l’avaient dans leur viseur, lui avaient proposé un accompagnement avant la naissance de Bianka.

Pourtant, Sarah l’a affirmé à la police : elle n’a pas tué sa fille et ne se trouvait pas près des étangs quand les témoins disent l’avoir vue. «Elle a dit que son jour viendrait et qu’elle s’exprimerait en justice», précise un des enquêteurs. Mais alors que son procès s’est ouvert mardi face à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, Sarah, ne s’est pas présentée et n’a pas jugé utile de se faire représenter par un avocat.

Bianka morte avant le 15 juin?

À ce jour, on ne sait toujours pas ce qui est advenu de la petite Bianka. Sarah disait avant la date officielle de sa disparition qu’elle se trouvait chez une tante ou une grand-mère à Bettembourg, Berchem, Schifflange ou Rumelange, entre autres. Ou chez le père de ses aînés. Ou chez une amie à Bascharage. Un ami rapporte avoir logé Sarah et un nourrisson très calme, trop calme, trois jours avant que Sarah ne soit aperçue près des étangs. «Il nous explique qu’elle n’a pas changé les couches, ni nourri l’enfant qui avait toujours l’air de dormir. Elle portait l’enfant contre elle dans la couverture.» Les enquêteurs se demandent si la petite était encore bien vivante à ce moment-là.

Un enquêteur décrit une jeune femme spéciale, toxicomane introvertie qui vit à son rythme depuis sa jeunesse. À l’époque des faits, elle habitait à Pétange chez Daniel qui l’avait sortie de la rue quelques années auparavant et voulait lui faire quitter son domicile. La situation n’a pas changé actuellement.

Pistes brouillées

Enfant, la jeune femme de 39 ans avait prétendu avoir été enlevée avant que la maman d’une amie n’affirme qu’elle se trouvait à leur domicile au moment des prétendus faits. Sa maman a également confirmé aux policiers que Sarah avait toujours raconté des histoires.

À ses proches, elle a exposé de nombreuses choses pour expliquer pourquoi Bianka n’était pas avec elle. «Elle nous a dit qu’elle était une bonne mère qui n’a rien à se reprocher et que Bianka allait bien. Elle en était certaine, même en détention préventive», rapporte l’enquêteur. Quand bien même, les témoignages, les objets et l’ADN retrouvés tendent à prouver le contraire. Les interrogatoires de proches n’aideront pas davantage les policiers à dégager des pistes concrètes ou une chronologie. Sarah aurait également brouillé les pistes avec eux. À dessein ?

Bianka serait vivante

Les enquêteurs remontent toutes les pistes possibles, étudient différentes hypothèses, cherchent des personnes à qui Sarah aurait pu confier l’enfant avant de faire croire à sa disparition. Mais rien ne les mène à Bianka. «Sarah n’a jamais contacté personne pendant ni après son séjour en prison pour prendre des nouvelles de la petite ou aller lui rendre visite, note le policier. Le comportement normal d’une maman qui a été incarcérée est de retrouver ses enfants dès sa libération. Nos observations démontrent le contraire.»

Sarah avait toutefois prétendu devant le juge d’instruction avoir passé du temps avec l’enfant dès sa sortie de prison et lui avoir rendu visite tous les deux jours. Elle se trouverait avec ses frères et sœurs à Pétange chez une certaine Christelle. Pourtant, Sarah n’a jamais été en mesure d’apporter une preuve de vie de Bianka.

Sarah a-t-elle tué le nourrisson par négligence et a-t-elle fait disparaître le petit corps ? L’enfant a-t-il été vendu ou confié aux bons soins d’une mère adoptive? Sarah vit-elle dans le déni face à l’horreur de la perte d’un enfant ou entretient-elle le mystère autour de la disparition de sa fille pour échapper à des conséquences judiciaires ? Autant de questions qui appellent des réponses depuis plus de sept ans à présent.

Le procès se poursuit vendredi après-midi avec notamment les conclusions des experts psychiatres et psychologues.