Luxembourg
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Affaire Bianka Bisdorff : un témoin révèle les premiers aveux de Sarah

Bianka a été vue pour la dernière fois près des étangs entre Pétange et Linger, le 15 juin 2015. (Photo : archives lq)

Sarah aurait avoué avoir tué sa fille à son colocataire. Des aveux qu’il a filmés et dont le tribunal veut s’assurer de la probité avant de les considérer comme une preuve.

Ce rebondissement intervenu à la toute fin de ce troisième jour de procès n’en est peut-être pas un. «Je ne sais pas ce qui s’est passé. Elle ne m’a rien dit pendant sept ans. À part que la petite va bien», venait de témoigner Daniel, le colocataire de la prévenue quand la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg l’a interrogé sur un coup de téléphone passé le 7 septembre dernier au 113. Le sexagénaire aurait dit à l’opérateur être victime de violences de la part d’une femme qui a tué sa fille. Stupéfaction dans la salle. «J’ai filmé ses aveux avec ma tablette», renchérit Daniel à la présidente qui lui suggère de remettre la tablette en question aux enquêteurs pour qu’ils exploitent la vidéo.

Reste à déterminer si ces propos peuvent être considérés comme des aveux circonstanciés à valeur de preuve pouvant faire basculer le procès ou s’ils ne sont que des paroles en l’air lors d’une énième dispute. Face au silence de la jeune femme et au secret qui entoure la disparition du nourrisson à l’été 2015, cette annonce apparaît comme un acte manqué qui pourrait mener à la révélation de la vérité. Cependant, pour le moment, il convient de raison garder.

Sarah toujours absente à l’audience

Sarah n’est toujours pas apparue face aux juges en ce troisième jour de son procès. Pour les deux experts neuropsychiatre et psychologue intervenus hier après-midi, la jeune femme de 39 ans semble se laisser vivre au jour le jour sans penser au lendemain. «Ça vient comme ça vient.» Sarah serait incapable de prendre sa vie en main, de se projeter dans l’avenir ou de se montrer critique face aux évènements. Elle est décrite comme une grande enfant, un peu naïve, que rien ne semble atteindre, apparemment incapable d’exprimer des sentiments et d’en ressentir.

Une personnalité complexe qui n’a pas livré tous ses secrets. Les deux experts ont dû interpréter les silences, les petits arrangements avec la vérité et les réactions de défense à vif. Ils écartent les délires, mais constatent une propension à lancer des idées peu élaborées qui s’évaporent aussitôt. Comme l’impression d’être au centre d’une intrigue ourdie par l’appareil judiciaire pour lui enlever Bianka par jalousie de son rôle de mère, par exemple.

Sarah semble convaincue que ses enfants vont bien et que la mort est une continuation de la vie dans un bel endroit, témoigne un des experts. Une assertion qui souligne, selon lui, son comportement immature et passif. «Elle nous a dit ne pas avoir envie d’aller au foyer tous les deux jours rendre visite à ses enfants ou de se battre avec les juges», souligne son confrère. «Du coup, elle ne s’en est plus occupée. (…) Sa blessure narcissique semblait lui importer plus que le fait de ne plus voir ses enfants.» Il écarte le déni de grossesse et les troubles mentaux.

«Tout lui a toujours été égal»

Sa maman a indiqué à l’expert psychiatre que Sarah aimait être au centre de l’attention au point de se mettre en colère quand ce n’était pas le cas. Ce qui souligne son attitude égocentrique, son impulsivité et sa recherche de sensations et de plaisirs immédiats, selon le psychologue qui a constaté une dichotomie entre ses actes et ses dires. «J’ai l’impression que raconter des histoires est devenu un automatisme. (…) Je me suis demandé si Christelle n’était pas morte et que Bianka est avec elle.» Le substitut du procureur avance une autre théorie. Selon lui, Sarah ne voudrait pas reconnaître le décès de Bianka pour ne pas donner satisfaction à ceux qui ont pu juger qu’elle était une mauvaise mère.

Personne ne sait ce qui est advenu du nourrisson moins d’une dizaine de jours après sa naissance. Son corps n’a jamais été retrouvé. La petite fille est-elle décédée à la suite d’un défaut de soins de sa mère qui ne s’était pas préparée à son arrivée? Sarah l’a-t-elle vendue pour acheter de la drogue? L’a-t-elle confiée à quelqu’un pour éviter son placement? Bianka aurait 7 ans et demi aujourd’hui, mais aucune piste ne conduit jusqu’à elle.

« J’ai l’impression qu’elle s’en fout »

Et ce ne sont pas Mike et Daniel qui ont fait avancer les choses, jeudi. Mike, un ami qui a hébergé Sarah et Bianka la veille du jour de la disparition du nourrisson, reconnaît des trous de mémoire dus à un abus d’alcool, mais se souvient que la petite fille ne pleurait pas. «Elle la serrait contre elle, je ne l’ai pas vue», dit-il. Il ne l’aurait pas interrogé par la suite sur le sort de Bianka. «Pour qu’elle me raconte encore des conneries ? J’ai laissé tomber.»

Sarah n’a jamais alerté quiconque de la disparition de sa fille, mais a raconté à qui voulait l’entendre que la petite se trouvait chez une tante ou une grand-mère dans une localité à géographie variable en fonction des interlocuteurs. «Tout lui a toujours été égal», témoigne Daniel, son colocataire depuis plus de huit ans. Le sexagénaire annonce être devant les juges pour dire la vérité, mais il en dit trop ou pas assez. Il décrit quelqu’un «d’élémentaire» : « J’ai l’impression qu’elle s’en fout et que se retrouver en prison ne semble pas la déranger.»