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[Athlétisme] Claerebout : «Ma course la plus difficile»

David Claerebout a le sourire : trois ans après un début d’avc, il regoûte enfin à la compétition.

UTML Après avoir passé trois années très compliquées, David Claerebout a renoué avec la compétition. Avec le sourire. Et une toute nouvelle motivation.

La vie de David Claerebout a basculé il y a trois ans. Pratiquement jour pour jour : «Cela faisait exactement trois ans, samedi.» Ce jour-là, le spécialiste des ultra trails, qui vient de signer le record du l’UTML, le Mullerthal Trail sur le 75 km, ne se sent pas très bien quand il arrive au Rehazenter, où il travaille à l’époque.

«J’avais un peu mal à la tête. Et à un moment, je ne voyais même plus l’écran de mon ordi.» On ne plaisante pas avec ce genre de symptôme. David Claerebout est envoyé chez un ophtalmo pour aller effectuer des tests. Il n’y restera pas longtemps : «Il m’a tout de suite dit d’aller aux urgences car ce que j’avais n’était pas normal du tout.»

Lui qui, d’habitude, n’écoute pas trop les médecins, suit cette fois les recommandations. Bien lui en a pris : «J’ai passé une batterie de tests et le lendemain, le médecin m’annonce que j’ai fait un début d’AVC qui, heureusement a été pris en charge à temps.» Pour l’athlète luxembourgeois, c’est un monde qui s’écroule : «Moi qui n’ai jamais fumé, jamais bu et qui ai fait du sport toute ma vie, j’avais du mal à le croire.»

Et pourtant il a bien fait un début d’AVC, qui a notamment attaqué son nerf optique : «C’est une sorte de thrombose cérébrale qui a entraîné la perte de vue de l’œil droit.» Heureusement, le mal est temporaire et au bout de quelques mois, il recouvre la quasi-totalité de sa vision : «Aujourd’hui, il doit me manquer encore 5 %, mais je n’y fais pas trop attention.»

Le début d’une nouvelle vie

Ce fameux jour marque le début pour David Claerebout d’une nouvelle vie. Une nouvelle course : «Ma course la plus difficile.» Lui, qui a fait du sport toute sa vie, doit revoir ses priorités : «Quand les médecins sont venus m’annoncer que je devais arrêter le sport pendant un long moment, j’ai cru que plus jamais je ne pourrai faire du sport de haut niveau.»

Il traverse des moments de doute, de désespoir et doit prendre des médicaments pendant six mois. Il prend du poids : «Quand tu ne fais plus de sport, tu commences à manger un peu plus, à prendre un petit verre et tu grossis.»

S’il ronge son frein, David Claerebout ne baisse pas les bras pour autant. Il n’hésitera pas à se faire aider : «J’ai consulté un psychologue pendant plusieurs mois. Mentalement, ça me tapait sur les nerfs.» Et d’ajouter : «Même si c’était dur tant mentalement que physiquement, je n’ai jamais abandonné.»

Cette mauvaise passe est un véritable électrochoc : «J’ai réfléchi à ce que je voulais faire à l’avenir.» Il quitte son emploi pour un autre, où il s’éclate désormais.

Au fil des mois, son état s’améliore. Même si on ne sait toujours pas d’où vient le mal : «Des professeurs venus d’Allemagne se sont même rendus à CHL pour trouver la cause. Mais on n’a jamais trouvé. Certains évoquaient une hérédité, d’autres l’accumulation avec l’enchaînement UTMB et Mullerthal Trail. Il faisait chaud, j’étais déshydraté. C’est peut-être ça. Mais on ne l’a jamais su avec certitude.»

Et en novembre dernier, les médecins lui expliquent qu’il peut reprendre doucement l’entraînement. Évidemment, quand on a la poisse, on l’a jusqu’au bout : «J’ai attrapé le covid mais je n’ai rien eu. J’avais prévu de reprendre la compétition à la moitié de l’année, mais en mai, je me suis cassé le pied droit dans une chute.» Lui, qui a vécu par procuration les épreuves sur lesquelles il rêvait de s’aligner, devait encore repousser son retour «même si, avec le covid, beaucoup de courses ont été annulées, du coup c’était moins dur à vivre»,.

Trois ans jour pour jour

Finalement, c’est donc samedi, trois ans jour pour jour après avoir eu «le sentiment que la terre s’écroulait sous (ses) pieds» qu’il a remis un dossard pour la première fois. Pour sa reprise, il avait choisi l’UTML. Mais pas sur le 75 km : «Je voulais commencer tranquillement donc j’ai choisi le 21 km. À un moment j’ai envisagé le 33 km mais je me suis dit que je risquais d’être un peu juste.»

Un retour vécu comme une renaissance : «J’ai eu l’impression de revivre. J’avais un immense sourire sur mon visage. Je me sentais à nouveau à ma place. C’est indescriptible.» Cerise sur le gâteau, la perf était également au rendez-vous puisqu’il se classe deuxième de la course, à 57″ du Néerlandais Jeroen Visser.

«Quand je prends le départ, je me suis dit qu’on verrait bien comment ça se passe. Soit je finis en beauté, soit je souffre. En fait, la distance était un peu trop courte. J’étais encore cinquième après 13 km et c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à remonter mes adversaires un par un. Le deuxième, je l’ai passé après 19 km. S’il y avait eu trois ou quatre km de plus, je pense que j’aurais pu gagner. Mais je suis super content!»

La suite ? Il s’alignera peut-être sur le Trail Uewersauer mais pas sur la distance la plus longue : «Pour cette année, je ne me fixe plus d’objectif. Je vais me reposer. Il faut que mon corps se remette à 100 %.»

Mais il a déjà le regard tourné vers la suite. Dans son viseur, l’UTMB ou encore la Diagonale des Fous, à la Réunion : «En 2019, c’était prévu pour 2023. Bien sûr ce sera repoussé mais c’est dans un coin de ma tête.»