Luxembourg
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[C’était mieux avant] Gilles Muller : «La finale gagnée à Sydney, c’était très émouvant»

Gilles Muller : «Contre Nadal, je pense que j'ai vraiment fait, surtout sur le plan mental, un énorme match.»

Avant de défier l’Afrique du Sud pour le retour de la Coupe Davis au Luxembourg, le capitaine et ancien n° 21 mondial revient sur les grands moments de sa carrière.

Quel est le joueur le plus fort contre lequel vous avez joué?

Ça va paraître bizarre mais j’ai toujours été impressionné par la puissance de Nadal même si je l’ai battu deux fois alors que j’ai aussi joué Djokovic, Murray et Federer contre qui j’ai toujours perdu… Mais je trouvais que Nadal, c’était le plus impressionnant. Tout simplement avec l’intensité qu’il mettait sur le terrain, c’était assez choquant.

Le plus gentil?

En dehors du terrain, ils sont tous gentils. Mais sur le terrain, je dirais peut-être que le plus gentil, c’était Federer parce qu’il avait beaucoup de classe et il se comportait très bien sur un terrain mais c’est peut-être aussi, et ça, je ne le dis pas négativement, mais un faux gentil dans le sens où il paraît super gentil mais c’est quand même un tueur sur un terrain.

Ses faits d’armes

Meilleur joueur de l’histoire du tennis luxembourgeois, Gilles Muller a notamment remporté l’US Open juniors en 2001, saison où il termine aussi champion du monde de la catégorie. Au cours de sa carrière, le gaucher s’est imposé face à plusieurs membres de l’élite mondiale. En 2004, il bat Andre Agassi en demi-finale du tournoi de Washington. Un an plus tard, il élimine Andy Roddick au premier tour de l’US Open et Rafael Nadal, le jour de la fête nationale, au deuxième tour à Wimbledon.

Il s’offre également le scalp de l’Espagnol en 8es de finale de l’édition 2017 au terme d’un énorme combat. Cette même année, le joueur, alors âgé de 33 ans, glane son premier titre à Sydney et devient ainsi le premier tennisman grand-ducal à être sacré sur le circuit ATP. Il avait auparavant atteint cinq autres finales, toutes perdues. Toujours en 2017, il est couronné à Bois-le-Duc.

Le joueur que vous n’aimiez pas affronter?

Pareil, je dirais Federer. Parce que je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai jamais réussi à jouer à mon meilleur niveau contre lui. C’est un peu un regret que j’ai dans ma carrière. Je les ai tous joués, les plus forts, et j’ai toujours vraiment su atteindre mon meilleur niveau et parfois même me surpasser mais contre Federer je n’y arrivais pas, j’étais tétanisé. J’avais toujours l’impression d’avoir déjà perdu le match dans le vestiaire.

Votre plus belle victoire?

C’est compliqué ! J’hésite toujours, mais je dois quand même dire que c’est la finale gagnée à Sydney (en 2017). C’était très émouvant parce qu’il y avait mes enfants qui étaient là, c’était mon premier titre. Je l’attendais depuis tellement longtemps donc il y avait énormément de pression sur mes épaules. Je dirais que c’est celle-là.

J’étais quand même super proche de faire une demi-finale dans un Grand Chelem

Et à l’inverse, votre plus grosse déception?

Je pense que sur le moment, quand j’ai subi cette défaite-là, j’étais super déçu mais j’étais quand même content de mon parcours. Mais maintenant, quelques années après, quand je repense à ce match contre Cilic à Wimbledon (2017)… Je le joue en quart de finale, je perds en cinq sets donc j’étais quand même super proche de faire une demi-finale dans un Grand Chelem. Je pense que, sur le coup, c’est celle qui fait le plus mal. J’avais sorti Nadal en huitième de finale et j’avais perdu contre Cilic en quart, qui derrière va en finale.

Donc voilà, quelque part, je me dis toujours que sur ce match-là… Je gagne le premier set, au deuxième j’ai une balle de break où sur ce point je fais un coup droit qui reste accroché à la bande du filet alors qu’il ne courait même plus. Je me dis toujours que si cette balle passe, je le breake au deuxième. Peut-être que ça aurait fait deux sets à zéro pour moi. Bon, après, il y a beaucoup de « peut-être« , mais c’est quand même le match auquel je repense le plus souvent et où je me dis que je n’étais pas loin de faire un gros, gros exploit.

Justement, votre plus grand exploit?

C’est compliqué aussi ! Je dirais le match contre Nadal en 2017 à Wimbledon. Je l’avais aussi battu auparavant à Wimbledon (en 2005), mais ce n’était pas le même on va dire. À l’époque, il venait de gagner Roland-Garros pour la première fois. C’était encore un jeune joueur et personne ne pensait qu’il pouvait bien jouer sur gazon. Alors que voilà, le moment où je l’ai battu pour la deuxième fois, il avait gagné une ou deux fois Wimbledon déjà.

En plus, il m’a dit après quand on a discuté un peu qu’il se sentait très déçu parce qu’il se sentait capable d’aller loin ici, qu’il avait fait un bon match et bien joué, qu’il se sentait bien mais qu’il était tombé contre plus fort. C’est vrai que les années précédentes, quand il avait perdu assez tôt dans le tournoi, il était venu avec des blessures, et cette fois-ci même lui m’a dit qu’il était en grande forme pour faire quelque chose. Donc à ce moment, je pense que j’ai vraiment fait, surtout sur le plan mental, un énorme match parce que voilà : il a duré presque 5 heures et tout le monde sait à quel point c’est dur de battre Nadal en cinq sets.

Votre plus grand fou rire?

Oh, j’en ai eu des fous rires mais en sortir un… (il sourit). Je m’amusais bien à faire des tours à mes coachs, j’étais un peu resté gamin là-dessus. Après, je me souviens d’une fois, je crois que c’était dans un vestiaire à Brisbane. Je venais de perdre un match et j’étais super fâché. En face de moi, il y avait un de mes meilleurs potes sur le circuit, Frederik Nielsen, un Danois.

Et je ne sais pas pourquoi, il y avait des kiwis à côté de moi, j’en ai pris un, je l’ai balancé de toutes mes forces contre le mur. Sur le moment, j’étais vraiment fâché et quand j’ai vu la tête de l’autre qui a eu peur et qui s’est caché pour rigoler, j’ai explosé aussi et c’était assez drôle. On parle encore souvent de ce moment et on en rigole bien.

Arrêter ma carrière, quelque part, c’était un gros soulagement

Votre pire blessure?

Je dirais que c’est le coude. C’est quand même un peu la blessure qui m’a fait arrêter ma carrière, qui m’a freiné alors que j’étais presque au top. J’ai eu une blessure en 2013, et elle est réapparue en 2017. Je savais assez vite, qu’à ce moment, ça allait vers la fin.

Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière?

Je m’en souviens mais pas plus que ça parce que j’étais content, j’étais heureux de le dire. J’étais un peu soulagé parce que comme je l’ai dit, en 2017 quand j’ai à nouveau eu mal au coude, je savais que ça allait vers la fin. Le fait de prendre la décision, j’étais soulagé parce que j’en avais marre de voyager, de ne pas être à 100 %, de passer plus de temps chez les kinés et chez les docteurs que sur un terrain de tennis. Quelque part, c’était un gros soulagement.

Aujourd’hui

Depuis qu’il a mis un terme à sa carrière de joueur en 2018, Gilles Muller ne reste jamais bien loin des courts. Quand il est présent au Grand-Duché, le père de famille entraîne notamment Alex Knaff, Raphaël Calzi et Amaury Raynel. Il lui arrive également de voyager avec eux.

En parallèle, le Luxembourgeois travaille pour l’ATP en tant que commentateur sur la plateforme Tennis TV. Les deux dernières années, il était aussi consultant à Roland-Garros et devrait de nouveau être de la partie en 2023.