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[Communales] Esch-sur-Alzette : CSV et LSAP à nouveau face-à-face

LSAP comme CSV ont chacun des chances de récupérer le fauteuil de bourgmestre, tout dépendra de leurs scores et de leur capacités de négociation lors des coalitions. (Photo archives Editpress/Christof Weber)

Passée sous le giron du CSV en 2017, Esch verra à nouveau les chrétiens-sociaux affronter le LSAP dans la conquête de l’hôtel de ville. L’issue du match devrait déterminer la prochaine coalition.

En haut des marches de l’hôtel de ville, juste avant l’entrée, les affiches de campagne du CSV et du LSAP se font face. Les autres partis sont relégués en bas des escaliers ou, au mieux, sur les côtés. À quelques jours des élections communales, Esch semble vouloir rejouer le match de 2017. Cette année-là, le chef de file des chrétiens-sociaux Georges Mischo met fin à près de 40 ans de gouvernance socialiste en reprenant la ville au LSAP. Arrivés au coude-à-coude à l’issue du scrutin (30,87 % pour la droite, 27,86 % pour la gauche), chacun remporte 6 sièges au Conseil communal. Mais c’est finalement le CSV qui s’assoit dans le fauteuil de bourgmestre grâce à une coalition avec déi gréng (3 sièges) et le DP (2 sièges) reléguant pour la première fois depuis des décennies la gauche dans l’opposition.

À l’époque, l’élection de Georges Mischo apporte un chamboulement dans la vie politique eschoise. «Je crois que l’électeur n’est pas stupide. Quand il a le sentiment de ne plus être écouté, il cherche le renouveau, reconnaît Steve Faltz, la tête de liste du LSAP pour cette nouvelle échéance. Et en 2017, le changement, c’était le CSV et le DP.» Pour le bourgmestre actuel, son équipe a été plébiscitée après des années d’immobilisme. «Le constat que j’ai fait en 2017, c’est qu’il n’y avait plus qu’une gestion des affaires courantes, parce qu’on ne voulait rien toucher.»

«120 projets en 5 ans et demi»

L’élu vante aujourd’hui son bilan et les «120 projets réalisés en 5 ans et demi» sans influence socialiste. «Avant les élections de 2017, il y avait deux écoles dans les tiroirs, Wobrécken et la rénovation de l’école du Brouch et ils n’ont pas su les sortir. Et nous, après les élections, on a lancé les chantiers.» La première est prévue pour la rentrée prochaine et la seconde pour 2029, des délais encore trop longs pour Steve Faltz qui accuse la majorité actuelle d’avoir suscité trop d’espoir par rapport à ce qu’elle a réellement réalisé.

Un constat partagé par déi Lénk qui bénéficie de deux sièges à la commune. «On le voit quand on compare le bilan à ce qui était prévu dans l’accord de coalition de 2017, analyse Line Wies, conseillère communale qui se présente pour un nouveau mandat. Il y a énormément de bâtiments scolaires saturés comme l’école du Brill avec beaucoup d’annexes en préfabriqué, mais les projets d’agrandissement sont à la traîne.»

Très critique sur le bilan de la majorité, Steve Faltz espère reprendre le siège de bourgmestre pour le compte du LSAP. (Photo Editpress/Julien Garroy)

Un bilan revendiqué par tous

L’opposition regrette aussi que certains dossiers, comme les plans locaux de mobilité et de sécurité, aient pris autant de temps pour ne finalement être présentés que quelques semaines avant les élections. «C’est toujours facile de critiquer si on n’est même pas dans le conseil communal», répond Georges Mischo à la tête de liste socialiste. Tout en reconnaissant qu’il est possible de mieux faire, les trois partis de la majorité assument pleinement ces six années. CSV, verts et DP estiment que chacun a pu travailler comme il le souhaitait.

«Ce bilan, les trois partis sont en mesure de le revendiquer. Tout a été décidé et voté ensemble», affirme Pierre-Marc Knaff, membre du collège échevinal et tête de liste du DP. Celui-ci met particulièrement en avant Esch 2022, qui a permis la construction de quatre nouvelles institutions culturelles et la promotion économique, censée redynamiser la rue de l’Alzette. Chez déi gréng, c’est le développement durable et le logement qui ont été au centre des préoccupations, comme le rappelle leur nouveau chef de file, Meris Sehovic. «On a quadruplé la capacité de panneaux solaires installés à Esch. Et en matière d’habitation, on a lancé un tas de nouveaux projets pour créer des logements abordables.»

Selon la manière dont sera perçu le bilan, le match devrait à nouveau se jouer entre le LSAP et le CSV dont les résultats influeront sur les stratégies de chacun. Au jeu des pronostics, Steve Faltz affiche une confiance à toute épreuve. «On a toujours été aux rênes. Esch est une ville socialiste, rappelle-t-il. Je veux faire quelque chose de bon pour elle et le meilleur moyen, c’est de devenir bourgmestre.» Mais de l’autre côté du spectre politique, les objectifs sont clairs également. «Le premier but, c’est de rester au moins sur six sièges, martèle Georges Mischo. On a loupé le septième à 168 votes en 2017, il est passé chez les verts. Tout siège en plus sera bon à prendre.»

Des coalitions très ouvertes

Dans le reste de la coalition, les libéraux et déi gréng espèrent consolider leurs positions, voire grappiller une place ou deux, mais savent qu’ils n’ont que peu de chances d’arriver en tête. En revanche, les deux partis ne cachent pas leur volonté de rester au conseil échevinal. «L’un de nos objectifs est de continuer à façonner cette ville, admet Meris Sehovic. On a bien travaillé à Esch, mais il reste beaucoup de choses à faire. Je n’ai pas de problème pour collaborer avec les cinq partis représentés au conseil communal aujourd’hui.»

Pierre-Marc Knaff rappelle quant à lui que son parti collabore aussi bien avec le LSAP au niveau national qu’avec le CSV sur le plan local et ne ferme donc aucune porte à l’un ou à l’autre. Des mains tendues que les socialistes comme les chrétiens-sociaux n’hésiteront pas à saisir. Déi Lénk, de son côté, aimerait garder ses deux sièges actuels et envisage aussi le jeu des coalitions, tout en précisant que cela ne se fera pas avec n’importe qui.

En 2017, Georges Mischo (CSV) a pris la tête du conseil communal après 40 ans de gouvernance socialiste. (Photo : Editpress/Julien Garroy)

Mais de plus petits partis sont également en embuscade puisque les pirates, l’ADR et le KPL présentent, eux aussi, leur liste. Menant le Parti pirate dans la Métropole du fer, Sam Vagnarelli espère bénéficier de la dynamique qui accompagne sa formation depuis plusieurs années. «Nous avons eu une évolution très rapide et nous présentons plus 200 personnes dans tout le pays.» Le jeune candidat espère bien intégrer le conseil communal, voire le collège échevinal. «Lors d’une table ronde avec les autres candidats, on a vu qu’on avait des idées en commun avec les autres partis, on est très ouverts à toute coalition.»

Leader eschois de l’ADR et ancien syndicaliste, Bernard Schmit se voit, lui, faire son entrée à l’hôtel de ville tout en sachant que ça ne pourra se faire que dans l’opposition. «Un ou deux élus, c’est toujours possible. Si c’est le cas, nous serons toujours dans la vigilance et mettrons le doigt là où ça fait mal.» Une arithmétique à laquelle ne croit pas Georges Mischo, pour qui le parti nationaliste ne représente pas de vrai danger. Pierre-Marc Knaff va même plus loin. «Des partis comme l’ADR n’ont pas leur place ici. On ne les avait pas pendant des années, pas besoin de les avoir aujourd’hui.»