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[Communales] Je peux voter, mais ne veux pas

Les élus locaux estiment avoir fait leur travail et les ministères le leur avec des campagnes pour inciter les étrangers à aller voter.

Il y a peut-être encore une minorité d’étrangers qui ignorent qu’ils peuvent voter aux élections communales. L’ASTI estime que non et accuse les politiques de manquer d’engagement.

Les politiques n’ont pas déployé suffisamment d’efforts pour inciter les étrangers à s’inscrire sur les listes électorales. C’est le constat dressé par l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) dans une lettre ouverte adressée vendredi aux rédactions. Quand Candida Esteves a eu écho de cette lettre, elle a explosé.

Conseillère communale (DP) à Mondorf-les-Bains, de nationalité portugaise, présidente de la commission de l’Intégration, elle réfute les reproches formulés par l’ASTI et estime que ceux qui ignorent encore aujourd’hui qu’ils ont le droit d’aller voter aux élections communales ne s’intéressent vraiment pas à ce qui se passe autour d’eux et, par déduction, encore moins à la politique locale.

«Lors de la journée nationale de l’Inscription, le 18 mars dernier, nous avons organisé une dégustation multiculturelle de produits culinaires avec 13 pays qui ont participé, et à l’arrivée, nous avons eu cinquante inscriptions», informe l’élue, plutôt satisfaite du résultat vu le peu d’engouement général pour ce droit de vote.

Elle a eu des Belges, des Français, des Espagnols, des Portugais aussi, mais très peu. Pourtant, Candida Esteves se démène dans la communauté portugaise pour convaincre de l’importance d’aller voter aux élections communales.

«Si des communautés n’ont pas pu être atteintes par la campagne nationale ou les initiatives locales, alors je pense que les ambassades et les consulats auraient pu informer leurs concitoyens», observe-t-elle. Parfaitement luxembourgophone, elle n’a jamais ressenti le besoin de demander une autre nationalité que la sienne, dont elle se dit fière et qui lui suffit. En revanche, elle reconnaît que la langue peut faire barrière. «Il faut communiquer systématiquement en français et en anglais et les plus soucieux le font aussi en portugais», dit-elle. Pour la vie locale, c’est important.

Au niveau national, la campagne est multilingue, quand la politique l’est de moins en moins. Combien d’élus prennent la peine de communiquer dans une autre langue que le luxembourgeois sur les réseaux sociaux ? Peu. Ils s’adressent à un public qui a déjà le droit de vote, en général.

Or les politiques, surtout au niveau local, vantent la proximité avec les électeurs en oubliant que des tas d’étrangers ne comprennent pas ce qu’ils disent ou écrivent. À chaque échéance, ils traduisent leur programme électoral et repassent en mode luxembourgeois pour communiquer sur les réseaux sociaux sans plus se soucier des étrangers qui n’ont aucun apprentissage de la langue.

La solution de l’ASTI : l’inscription automatique

Quand l’ASTI déclare que «peu d’étrangers» sont au courant de leur droit de vote, ce n’est pas pensable. Les messages sont passés jusque dans les bus, la campagne a été relayée sur tous les supports et en plusieurs langues, les réseaux ont été d’une grande aide et les stands dressés lors des grands événements aussi. Il n’y a tout simplement pas d’intérêt pour la chose politique.

L’ASTI reproche encore aux politiques d’avoir laissé le soin aux seules communautés d’inciter leurs compatriotes à s’inscrire sur les listes. Des «multiplicateurs» ont été spécialement formés pour cette mission. «Pourquoi les enseignants du secondaire (enseignants des cours vie et société et histoire par exemple), les fonctionnaires des communes et des administrations ou les élus communaux n’ont-ils pas aussi été formés en tant que multiplicateurs ? Pourquoi laisser essentiellement aux étrangers cette tâche, alors que cela nous concerne tous?», questionne l’association.

La conseillère mondorfoise estime avoir suffisamment rempli sa tâche de multiplicateur, mais à un moment donné, il faut se rendre à l’évidence. Il n’y a que 12 % d’inscrits au niveau national et plus de 50 % des résidents de longue date ne le sont toujours pas. Impossible de croire qu’ils ont échappé à toutes les campagnes médiatiques.

Que manque-t-il alors? L’engagement sincère des élus, selon l’ASTI. «Quelques élus et partis s’engagent ouvertement dans la campagne d’inscription des étrangers aux élections communales, mais l’engagement des politiques dans la campagne se limite, pour la grande majorité, à quelques apparitions et discours symboliques devant des publics ciblés et déjà convaincus.»

La solution que propose l’association ? Inscrire automatiquement tous les nouveaux résidents étrangers, en leur signalant qu’il leur suffit de se désinscrire s’ils n’entendent pas participer au vote. «Une procédure simple qui nous rapprocherait de la démocratie à laquelle, il faut le souhaiter, nous aspirons.»

Pour l’heure, les étrangers restent libres de s’inscrire jusqu’au 17 avril. Et pour tout savoir, c’est sur le site jepeuxvoter.lu.