Luxembourg
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[Communales] Un appel aux électeurs pour «voter parité» ce dimanche

Au Luxembourg, moins d’un élu communal sur quatre est une femme. Cela changera-t-il ce dimanche ? (photo archives LQ/Julien Garroy)

Si de plus en plus de femmes sont candidates à un mandat communal, trop peu parviennent à décrocher un siège – à peine un quart en 2017. Le Conseil national des femmes du Luxembourg veut inciter les votants à privilégier l’égalité dans leurs choix.

Avec deux femmes – Paulette Lenert (LSAP) et Sam Tanson (déi gréng) – têtes de liste pour les législatives à venir, on peut dire que les choses évoluent sur le plan de l’égalité en politique au Luxembourg. Mais bien trop lentement aux yeux du Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL), qui rappelle qu’un tiers seulement des députés et ministres sont des femmes.

Et au niveau communal, le déficit se creuse encore davantage, avec à peine 16 % de femmes bourgmestres, à peu près autant d’échevines et 29 % de conseillères. Pour le CNFL, le scrutin de dimanche apparaît comme l’opportunité de rééquilibrer les forces et de voir émerger une répartition des mandats plus égalitaire entre hommes et femmes au sein des communes.

«Les partis font des efforts pour recruter davantage de femmes, on le voit», assure Monique Stein, responsable du service Politique communale d’égalité entre femmes et hommes au CNFL. «Pour ces élections, seuls les pirates, l’ADR et Fokus sont encore sous la barre symbolique des 40 % de femmes sur leurs listes.»

Avec 1 480 candidates aux quatre coins du Grand-Duché, les femmes représentent 39 % des personnes qui se présenteront face aux électeurs ce dimanche, contre 36 % en 2017. Un signal encourageant, que l’experte s’empresse pourtant de nuancer : «Une fois le couperet des urnes tombé, moins d’un quart sont élues», précise-t-elle. «C’est pour ça qu’il est capital de sensibiliser les électeurs et de les amener à changer leur attitude pour un vote en faveur des femmes.»

Et c’est dans les petites communes qui votent au scrutin majoritaire que les disparités sont les plus importantes. Là où vivent moins de 3 000 habitants, à peine 25 % de femmes se présentent aux élections. Monique Stein explique que, sans l’appui des partis politiques dans ces communes où il n’y a pas de liste, il est encore compliqué de mobiliser les femmes. «On observe un sérieux contraste avec les grandes villes où le système proportionnel est en vigueur et qui affichent, elles, 41 % de candidates.»

Les commissions comme tremplin

Pour donner un coup d’accélérateur à l’accès des femmes aux fonctions politiques locales, le CNFL réclame l’introduction progressive de quotas, à l’image de ceux déjà obligatoires lors des élections législatives. Et dans les communes au système majoritaire, il propose la parité systématique dans toutes les commissions consultatives : «Ces commissions sont souvent le tout premier pas dans la vie politique locale et elles peuvent agir comme un tremplin pour les femmes», avance Monique Stein, soulignant que les citoyennes devraient intégrer l’ensemble des commissions – et pas seulement celles consacrées au volet social ou scolaire.

Le CNFL défend aussi l’idée d’un délégué à l’égalité femmes-hommes ou d’un service dédié dans chaque commune, et appelle surtout les partis politiques à offrir plus de visibilité à leurs candidates. «Au moment du panachage, on sait que les électeurs privilégient les gens qu’ils connaissent. Or les hommes bénéficient d’une exposition plus forte, propulsés face aux médias ou choisis en priorité pour participer à des tables rondes», pointe-t-elle.

Comme l’observatoire de la participation des femmes en politique du CNFL se borne à une analyse quantitative, il aimerait voir l’État se saisir du dossier et creuser les raisons des déséquilibres qui persistent entre hommes et femmes. Un manque d’intérêt ? «C’est possible, car la sphère politique souffre d’une mauvaise réputation qui peut décourager les femmes de se lancer», souligne Monique Stein. «Les jeunes femmes peuvent aussi être freinées par leurs obligations familiales. Sur ce point, on pourrait s’inspirer de la France, qui rembourse les élus des petites communes des frais de garde d’enfant pour leur permettre d’assurer pleinement leur mandat.»