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Depeche Mode : deuil et paix des braves

Memento Mori est forcément baigné de textures sombres, même si l'album a été enregistré dans des studios en Californie. (Photo AFP)

Aujourd’hui, Depeche Mode sort Memento Mori, titre prémonitoire choisi avant le décès d’Andy Fletcher, et courroie de transmission entre deux leaders forcés de se rapprocher.

Ce quinzième album studio du groupe étendard de la pop synthétique britannique s’inscrit dans la lignée des disques marqués par le destin. Comme Closer (1980), second et dernier album de Joy Division, avec une photo de statues funéraires sur la pochette, choix arrêté avant le suicide du chanteur et leader Ian Curtis. Le décès de Fletcher «a d’une certaine façon cimenté le titre de l’album», confie Martin Gore. «On pensait qu’il s’agissait d’un bon titre de toute façon. Après sa mort, il semblait vraiment juste.»

Ce n’est pas un secret, «Fletch» comme on l’appelait, décédé à 60 ans en mai 2022 d’une maladie vasculaire rare, n’était pas la pièce musicale majeure de l’architecture sonore de Depeche Mode. Mais ce membre fondateur faisait le lien entre les deux leaders, Dave Gahan et Martin Gore, qui n’étaient pas connus pour être les plus grands amis dans la vie. Il était «celui qui venait me voir en me disant : « Tu sais, Martin ne veut pas faire ceci ou cela ». Tout à coup, il n’est plus là et maintenant, Martin et moi, devons nous parler», a dévoilé Dave Gahan au Figaro.

Les retrouvailles d’un «vieux frère»

«Pendant la confection du disque, Martin m’a dit « c’est étrange, j’ai l’impression de retrouver un vieux frère que j’aurais perdu de vue depuis longtemps ». Il nous a fallu communiquer à nouveau et je pense que ça a marqué ce disque», poursuit l’interprète des textes et des musiques signés Martin Gore. Qui compose aussi parfois quelques titres, comme sur Memento Mori («Souviens-toi que tu vas mourir» en latin), un des albums les plus réussis de la formation.

Certains titres des morceaux de cet album prennent un drôle d’écho par rapport à la dynamique du groupe. Comme My Favourite Stranger, pépite électronique, qui pourrait ainsi renvoyer Dave Gahan et Martin Gore (tous deux sexagénaires), longtemps distants – même si dans la chanson, le narrateur parle de cet autre qu’il voit tous les jours dans le miroir. Et l’album s’achève par Speak to me, signé Dave Gahan et d’autres collaborateurs, un des deux titres du disque (douze morceaux au total) où Martin Gore n’apparaît pas dans les crédits.

«Vivez chaque jour au maximum!»

Ghosts Again fait évidemment penser à l’âme de «Fletch», disparu avant la finalisation du disque en studio, planant sur cet album et la tournée mondiale pour le défendre qui va s’ouvrir cette semaine aux États-Unis. «Lorsque l’on était en studio, « Fletch » nous manquait», mais il participera à la tournée «en esprit, pour nous juger !», racontait le chanteur en octobre à Berlin. Martin Gore connaissait «Fletch» depuis l’adolescence. «Il adorait les bars d’hôtels. Je m’attends encore à le voir assis avec une pinte devant lui. Je ne peux pas m’en empêcher», dit-il.

Memento Mori est forcément baigné de textures sombres, même si l’album a été enregistré dans des studios en Californie. Mais ce diamant noir aux reflets pop et électronique n’est pas déprimant. Le titre de l’album «a l’air très morbide mais, on peut aussi le voir de façon très positive, dans le sens « vivez chaque jour au maximum »», souligne d’ailleurs Martin Gore.

Memento Mori, de Depeche Mode.