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Des médecins dénoncent un essai thérapeutique « sauvage » du Pr Raoult et demandent des sanctions

Le Pr Raoult, qui avait acquis la célébrité médiatique en tenant des positions, aujourd'hui discréditées, sur le Covid-19 (Photo : AFP)

Seize sociétés savantes de médecine ont interpellé dimanche les autorités sur une absence de sanctions face au « plus grand essai thérapeutique « sauvage » connu », dénonçant l’étude de Didier Raoult, ancien patron de l’IHU de Marseille, sur l’hydroxychloroquine.

Dans une tribune publiée sur le site du Monde, ces sociétés impliquées dans la recherche reprochent à des équipes de l’Institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée Infection « la prescription systématique, aux patients atteints de Covid-19 (…) de médicaments aussi variés que l’hydroxychloroquine, le zinc, l’ivermectine ou l’azithromycine (…) sans bases pharmacologiques solides, et en l’absence de toute preuve d’efficacité ».

Plus grave, selon elles, ces prescriptions ont été poursuivies « pendant plus d’un an après la démonstration formelle de leur inefficacité ». Les autorités doivent prendre « les mesures adaptées aux fautes commises », au nom de la « sécurité des patients » et de la « crédibilité de la recherche médicale française », concluent-elles.

Le Pr Raoult, qui avait acquis la célébrité médiatique en tenant des positions, aujourd’hui discréditées, sur le Covid-19, notamment l’efficacité supposée de traitements comme l’hydroxychloroquine, a publié en mars un « pre-print », c’est-à-dire une version non relue par des pairs, de son étude sur plus de 30.000 patients Covid.

En avril, l’Agence du médicament (ANSM) a estimé que l’utilisation de l’hydroxychloroquine « expose les patients à de potentiels effets indésirables qui peuvent être graves ». Le parquet de Marseille avait ouvert en juillet 2022 une information judiciaire, après un rapport cinglant de l’ANSM, pour « faux en écriture », « usage de faux en écriture » et « recherche interventionnelle impliquant une personne humaine non justifiée par sa prise en charge habituelle ». A ce stade, il n’y a pas eu de mise en examen, a indiqué le parquet à l’AFP fin mai.

Essais suspendus

Après un rapport d’inspection accablant (Igas/IGESR) sur les dérives médicales, scientifiques et managériales de l’IHU sous le pilotage de Didier Raoult, le gouvernement avait aussi annoncé le 5 septembre dernier saisir la justice. Sur ce volet, le parquet de Marseille est toujours en phase d’analyse, a-t-il indiqué à l’AFP.

Interrogé dimanche lors du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, le ministre de la Santé, François Braun, a rappelé que son ministère et celui de l’Enseignement et de la Recherche avaient saisi le procureur sur le mode de fonctionnement de l’IHU de Marseille. « L’enquête est en cours, je n’en dirai pas plus », a-t-il dit. Interrogé pour savoir si l’enquête portait aussi sur le nouvel essai clinique « sauvage », il a répondu: « bien sûr ».

Retraité depuis l’été 2021 de son poste de professeur d’université-praticien hospitalier, Didier Raoult a été remplacé fin août à la tête de l’IHU Méditerranée par Pierre-Edouard Fournier. Le Pr Raoult, qui vient à l’IHU « de temps en temps », est désormais professeur émérite et encadre deux thèses ayant commencé avant son départ, selon un porte-parole de l’institution.

Au sein de l’IHU, tous les essais cliniques impliquant la personne humaine ont été suspendus depuis l’arrivée du Pr Fournier. L’institut a indiqué à l’AFP attendre un prochain retour de l’ANSM à ce sujet. Côté ANSM, « la prochaine étape est le suivi, et potentiellement, la levée des injonctions faites à l’IHU, comme sur les essais cliniques. Il faut que l’IHU démontre qu’ils ont répondu aux attentes », a déclaré une porte-parole de l’agence du médicament, sans horizon temporel.