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En 2022, TotalEnergies a dégagé le meilleur bénéfice de son histoire

Les résultats de TotalEnergies ont été dopés par le retour en force de la demande de pétrole après la pandémie de Covid-19 et par la flambée des cours des hydrocarbures suite à la guerre en Ukraine. (Photo AFP)

La major française TotalEnergies a dégagé le bénéfice le plus important de son histoire, grâce à l’envolée des cours du gaz et du pétrole dans le sillage de la guerre en Ukraine, faisant resurgir les appels à taxer davantage les « superprofits » et à arrêter l’exploitation d’hydrocarbures.

L’entreprise française, cinquième groupe pétrolier privé mondial, a dévoilé mercredi un bénéfice net pour l’année 2022 de 20,5 milliards de dollars (19 milliards d’euros), le plus gros de son histoire. La major française fait encore mieux que les 16 milliards de dollars enregistrés en 2021, son record précédent.

Pour la deuxième année consécutive, le groupe empoche des bénéfices colossaux après la perte historique de 7,2 milliards de dollars en 2020 en raison de la crise du Covid-19.

Sans les dépréciations liées à son retrait progressif de ses activités en Russie au cours de l’année, pour un montant de près de 15 milliards de dollars, le bénéfice net ajusté du groupe est même grimpé à 36,2 milliards de dollars en 2022.

En décembre, le groupe a fini par prendre ses distances avec son principal partenaire russe, le géant gazier Novatek, mais tout en conservant sa présence dans d’immenses opérations de GNL en Sibérie russe.

Un baril de brent à 102 dollars 

Comme pour ses rivales ExxonMobil ou Chevron, dont le président américain Joe Biden a dénoncé les profits « scandaleux », les résultats de TotalEnergies ont été dopés par le retour en force de la demande de pétrole après la pandémie de Covid-19 et plus encore par la flambée des cours des hydrocarbures qui a suivi le début de la guerre en Ukraine.

Le baril de Brent, référence de l’or noir, valait en moyenne 102 dollars en 2022 contre 71 dollars en 2021, tandis que les prix du gaz en Europe ont parfois été multipliés par 15.

Plus que jamais, le gaz est la priorité du groupe, davantage que le pétrole: il mise sur le gaz naturel liquéfié (GNL), dont l’Europe est très dépendante depuis la fermeture des gazoducs de Moscou. En 2022, « la compagnie a pleinement tiré partie de son portefeuille GNL global », et enregistré une hausse de 15% de ses ventes, s’est félicité le PDG Patrick Pouyanné dans un communiqué.

Et tout indique que les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) resteront soutenus: avec un retour prévisible de la demande chinoise, « il va encore falloir se battre », a déclaré le PDG lors d’une présentation à la presse.

Dividende exceptionnel

Compte tenu de ses résultats, TotalEnergies va gratifier ses actionnaires d’un dividende total de 3,81 euros par action au titre de l’année 2022, dont 1 euro en dividende exceptionnel, déjà versé en décembre 2022, et il va annuler des actions propres, ce qui va mécaniquement profiter aux actionnaires historiques.

Ces bénéfices prévisibles, dévoilés en pleine urgence climatique et crise du pouvoir d’achat, au moment où les factures d’énergie pèsent sur ménages et entreprises, avaient fait réagir avant même leur publication.

« Pour un monde plus juste et pour le climat, nous devons mettre un terme à l’expansion des projets pétroliers et gaziers », a déclaré mardi Greenpeace France sur Twitter, quand d’autres organisations regroupant notamment le collectif #StopTotal, 350.org et les Amis de la Terre, réclament « que ses profits illégitimes soient taxés pour (…) accélérer une transition énergétique juste pour tous ».

La France opposée à une taxation des profits exceptionnels

Le géant des hydrocarbures investit certes de plus en plus dans les énergies décarbonées (4 milliards en 2023 contre 3 en 2022). Mais tant que le monde « en a besoin », il a toujours affirmé vouloir continuer de fournir du pétrole et du gaz et développer des projets de gaz comme au Liban et au Qatar, ou pétroliers en Afrique.

En France, l’Assemblée nationale s’est opposée à l’idée d’une taxation de ces profits exceptionnels. Le groupe pétrolier a concédé une remise à la pompe, entre septembre et décembre, et il a augmenté les salaires après une grève dure à l’automne qui a provoqué des pénuries monstres dans les stations-service.

« Je comprends qu’il y a là un sujet sociétal, collectif, compliqué », a admis fin janvier dans la presse belge Patrick Pouyanné, interrogé sur ces « superprofits », tout en se posant comme l’un des « 10 plus gros contributeurs au monde » à travers les 33 milliards de dollars en taxes et impôts qu’il paiera au titre de 2022, au lieu de 16 pour 2021.