Luxembourg
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Expogast au Kirchberg : le palais des saveurs

Les assiettes qui seront remises au gagnant du concours culinaire ont été décorées par l'artiste SUMO. (Photo : Editpress/Didier Sylvestre)

Jusqu’à mercredi, LuxExpo dresse la table et met les petits plats dans les grands avec un salon qui célèbre et met en concurrence l’art culinaire du monde entier. Ambiance.

Arriver juste avant midi à Expogast est une torture pour l’estomac et un supplice pour les papilles. Partout, les nappes blanches sont dressées et les plats se succèdent. Ici, une odeur de jambon ou de fromage. Là, le bruit d’une bouteille que l’on débouche. Et à chaque virage, chaque allée, des menus qui se préparent à la chaîne, entre casseroles qui bouillent, poêles qui frétillent et terrines qui se garnissent. Froids, chauds, sucrés, salés, simples, originaux… Il y en a pour tous les goûts!

Ça se remarque d’ailleurs dès l’entrée de LuxExpo, avec ces files d’attente qui s’allongent et un public qui ravale son impatience, à défaut d’autre chose… «Depuis samedi, ça n’arrête pas!», souffle une hôtesse d’accueil affairée.

Une vitrine aux produits de qualité

C’est une évidence : la cuisine est une affaire collective, par tous et pour tous. Les grands chefs, longtemps cantonnés à l’étroitesse de leur cuisine, ont désormais troqué leur anonymat pour la célébrité du petit écran. La crise sanitaire, elle, bien qu’impitoyable avec les restaurateurs, a toutefois rappelé aux consommateurs les bienfaits de la production locale, saine et responsable.

Expogast pourrait se résumer finalement à ces deux approches : d’un côté, un salon qui sert de vitrine aux produits de qualité, «made in Luxembourg» et de plus loin encore. De l’autre, un évènement qui en met plein la vue (et les narines) à travers une compétition internationale, «la deuxième la plus importante du monde», rappelle l’organisation, qui réunit des maîtres-cuisiniers et leur savoir-faire.

Terroir chic et «high tech»

Organisée tous les quatre ans, la manifestation met les petits plats dans les grands, s’étalant généreusement sur quelque 200 stands et 24 700 m2 (elle attend 45 000 visiteurs sur cinq jours). Comme une habitude, un hall entier est dédié à «La Provençale», principal distributeur alimentaire du Luxembourg, qui profite de l’invitation pour étaler en grand ses produits (à l’image de cette pyramide de fruits et de légumes), quand il ne les expose pas, de façon très chic et plus intime, sous une cloche de verre transparent. Dans le même esprit «terroir», 40 caves et domaines viticoles, estampillés «Vins & Crémants luxembourgeois», anticipent l’heure de l’apéritif dans un village où les verres se lèvent et les esprits s’allègent.

Entre ces deux imposants rayons promotionnels, on trouve également d’autres réjouissances, du matériel «high tech» pour la cuisine, présenté en mode téléachat, jusqu’aux petites échoppes, vantant de multiples plaisirs gustatifs, alignées en rang d’oignons. Juste à côté de ces dernières tendances dans le secteur de la gastronomie, des conférences mettent en appétit, comme celle, dimanche, de Marcel Thiel, surnommé le «chasseur d’épices». Mieux, le public a même eu le droit d’aller faire dédicacer ses recettes préférées par Johann Lafer, chef étoilé et star de la télévision allemande.

Des fans qui donnent de la voix

Comme la visite se faite aussi en famille, l’École d’Hôtellerie et de Tourisme du Luxembourg a tout prévu et organise des ateliers de pâtisserie destinés aux plus jeunes, sous l’œil avisé de Thierry Vezain, professeur aux petits soins : «On cherche la relève et elle est très efficace!», s’amuse-t-il devant les gestes appliqués de cuistots en herbe, occupés à modeler la pâte d’amande ou à façonner un cupcake. «J’essaye de transmettre mon savoir», poursuit-il, conscient que «l’artisanat» revient en force ces derniers temps face à la malbouffe et aux chaînes de distribution énergivores et peu transparentes. «Les gens en ont marre de l’industriel», lâche-t-il. Face à ce constat, une seule alternative pour lui : des produits sains et locaux, à associer à l’envie.

Justement, cet aspect «fait maison» (et en direct) est ce qui fait le sel du rendez-vous, clairement dynamisé grâce à la Villeroy & Boch Culinary World Cup. Une compétition de renom où les chefs les plus talentueux du monde dévoilent leurs compétences sous les yeux du public et de leurs supporters. Les Polonais, avec écharpes et drapeaux, sont encore plus bruyants que ceux réunis du Qatar. Car à cette heure du repas, la compétition, dans la catégorie «restauration» (dite du «Community Catering»), bât son plein.

Même ambiance du côté de l’Autriche ou encore du Canada, où l’on rencontre David Franklin, «groupie» à la grosse voix qui porte : «Il s’agit de préparer un repas pour un coût réduit», compris entre cinq et sept euros. «Après, toute l’équipe est notée en fonction de différents critères : le goût et la présentation, bien sûr, mais aussi l’hygiène, le gaspillage…»

Des médailles, comme aux JO!

Dans le tumulte du bruit des spatules et la chaleur des plaques de cuisson, 51 nations s’affrontent ainsi dans différents concours (jusqu’à celui de la sculpture sur glace!), représentées par des équipes nationales, juniors et même militaires (histoire, peut-être, de rappeler l’ordre et la rigueur qu’impose l’art culinaire).

Pourtant, comme le précise le supporteur canadien, l’important n’est pas de gagner, mais bien de participer. «C’est une invitation à être meilleur chaque année!», lâche-t-il avant de revenir à ses protégés qui, en cuisine et face au public, donnent tout. «C’est du sport, comme au restaurant!», témoigne un Suédois, venu spécialement pour l’occasion, comme cette Suissesse, arrivée à 5 h du matin pour filmer les débats. De l’autre côté des vitres, les visiteurs, eux, ont finalement le beau rôle, et peuvent déguster ces préparations le midi (pour 28 euros) comme le soir (70 euros).

C’est du sport, comme au restaurant!

Le voyage gastronomique se poursuit un peu plus loin, devant une exposition très variée de créations «froides» (réalisées le matin même ou la veille), également réparties sur différentes catégories, et devant lesquelles se penchent des juges aux tabliers, eux, d’un blanc parfait. Certains taiseux (pour ne pas dire hautains), mais d’autres sympathiques comme l’Australien Brendan Hill, en admiration devant une montagne de sucre à l’effigie du dernier film Space Jam.

C’est la quatrième fois qu’il participe à cette World Cup, dont une première en 1990, derrière les fourneaux. «J’avais préparé 150 portions d’une mousse aux pommes, le tout en cinq heures!», se rappelle-t-il, comme de la médaille d’or que lui et sa «team» ont arrachée à cette occasion.

Les Jeux olympiques du palais

Mais pour lui comme les autres, ce genre de concours, sorte de Jeux olympiques du palais, dépasse la simple récompense. En fin de service, la reconnaissance est ailleurs, loin de la parade, du côté théâtral ou de l’aspect «fashion» : «Quand on cuisine, jour et nuit, isolé de sa famille, de ses amis, c’est important d’avoir des retours positifs.

On en ressort plus confiant, motivé. Ça donne de l’énergie et du courage pour la suite!», explique-t-il, résumant l’exercice à une phrase : «L’important n’est pas de faire ses preuves, mais de se donner les moyens de s’améliorer.» Après une telle virée entre les tables, au cœur des saveurs (et des cultures) du monde entier, là aussi, tout tient à une seule formule : «À table!» Et il y a du rab jusqu’à mercredi.