Luxembourg
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L’œil de Sébastien Grandjean : « Pourquoi jouer à trois attaquants face au Portugal ? »

Comment Laurent Jans peut-il se retrouver seul face à Nuno Mendes ? (photo Gerry Schmit)

Titulaire du diplôme UEFA Pro, l’ancien coach de Virton, de la Jeunesse et du F91 notamment, champion de DN avec le Fola en 2021, nous apporte son éclairage technique sur les matches de la sélection.

Ce que j’aimerais savoir là, tout de suite, aujourd’hui, au lendemain du match contre le Portugal, c’est dans quel état d’esprit se trouvent les joueurs. Comment ils se sentent par rapport à l’approche tactique de ce match. Aujourd’hui, j’essaye de me mettre à leur place et pas à celle du sélectionneur. Parce que j’estime que l’approche, le schéma de jeu, n’étaient pas les bons, cela, c’est certain.

Un exemple, très simple : comment Laurent Jans peut-il se retrouver seul face à Nuno Mendes, qui va beaucoup trop vite pour lui alors qu’à l’heure actuelle, un seul joueur serait capable d’occuper tout seul tout un couloir au pays, et c’est Florian Bohnert. Pour moi, Bohnert aurait dû constituer une évidence absolue ! Pourquoi l’installer et restreindre ses mouvements dans une défense à quatre en Slovaquie et pas l’aligner là, contre le Portugal ? J’imagine que lui aussi doit se poser la question.

C’est ce qui me ramène à une réflexion assez régulière de cette chronique : pourquoi changer ? Pourquoi est-ce que tous les secteurs changent tout le temps, d’un match sur l’autre ? Pour la variabilité ? Je suis d’accord. Mais si la variabilité du Luxembourg, c’est important, le Portugal, qui fait partie des cinq plus grandes nations au monde, n’en a rien à faire, en vrai, lui. Son jeu à lui, il est posé et il le joue quel que soit l’adversaire. Et pourtant, chez nous, chaque secteur de jeu a été bouleversé après un pourtant bon match en Slovaquie (NDLR : 0-0 à Trnava).

Changer la défense contre CES joueurs-là ?

Le plus gênant, c’est la défense. Déjà, donc, on installe Jans seul couloir droit alors qu’il préfère jouer à quatre derrière. Ensuite, on met Marvin Martins dans l’axe, avec une défense à trois, à un poste qui n’est pas le sien et en sachant que son jeu de tête n’est pas son point fort. Quand on sait qu’il risque d’y avoir des centres, on y met plutôt un Olesen, dans cette défense. Ou un Carlson. Ou les deux. On pouvait se douter avant même le coup d’envoi que ce secteur risquait de se retrouver dans la panade : on ne change pas tout de fond en comble quand on s’apprête à jouer face à Cristiano Ronaldo, João Felix, Bernardo Silva ou encore Bruno Fernandes, soit quatre offensifs qui comptent sans doute parmi les quinze meilleurs de la planète. Cela me semble une erreur.

L’attaque, aussi, a changé. On s’est retrouvé avec un Gerson Rodrigues qui joue désormais systématiquement en pointe… décalé sur le côté gauche. Au profit d’un Sinani absent et avec un Vincent Thill presque inexistant sorti de ses deux frappes. Mais enfin, pourquoi jouer à trois attaquants face au Portugal? Ils n’ont pas existé. Mais était-ce de leur faute ?

Au final, il en a en effet résulté une sacrée désorganisation. Qui dit désorganisation dit perte d’automatismes, qui dit perte d’automatismes dit retards au pressing, qui dit retards au pressing dit bloc qui recule, se retrouve mis sous pression avec la peur qui finit irrémédiablement par s’installer. J’ai du mal à retrouver le fil conducteur : on dirait qu’on a oublié qu’on affrontait le Portugal. Luc Holtz a procédé à trois changements à la pause, avec les vexations que cela suppose pour les joueurs qui en ont été victimes. Je pense que c’est plus ou moins avec cette équipe qui a joué la deuxième période qu’il aurait dû commencer. L’ensemble ne tenait pas la route.