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La traque du 13-Novembre racontée sur grand écran

Chez Cédric Jimenez, Jean Dujardin avait déjà incarné le juge Pierre Michel (La French, 2014), qui avait démantelé la «French Connection». Dans Novembre, il traque les terroristes du Bataclan.

Cinq jours de traque fébrile, à la recherche des terroristes du 13 novembre 2015, à Paris, dans un polar pied au plancher : Jean Dujardin et Sandrine Kiberlain sont à l’affiche de l’un des films les plus attendus de l’automne.

Un an après le succès de Bac Nord (2,2 millions d’entrées en France), Novembre est le nouvel opus de Cédric Jimenez, qui revient sur les attentats les plus meurtriers jamais perpétrés sur le sol français, avec 130 morts en une soirée à Paris et en Île-de-France. «Un traumatisme d’une violence inouïe», qui rend ce film «important», déclarait le réalisateur lors de la présentation hors compétition du film au dernier festival de Cannes, en mai.

Novembre est l’une des œuvres abordant le plus directement la période des attentats en France, dont le cinéma commence à s’emparer sept ans après. Revoir Paris, avec Virginie Efira et Benoît Magimel, sorti début septembre, adoptait le point de vue des victimes et imaginait un attentat fictif dans une brasserie, sans montrer le visage des tueurs mais seulement leurs jambes.

Un troisième film, Vous n’aurez pas ma haine, avec Pierre Deladonchamps et Camélia Jordana, inspiré du témoignage d’Antoine Leiris, compagnon d’une victime de l’attaque du Bataclan, est attendu pour le 10 novembre dans les salles du Luxembourg.

Immersion totale

Spécialiste du polar efficace, Cédric Jimenez confie avoir hésité à aborder le sujet du 13-Novembre, mais s’être laissé convaincre par le scénario d’Olivier Demangel, qui laisse totalement hors champ les attentats eux-mêmes. Un point de vue qui a aussi rassuré Sandrine Kiberlain, qui a avoué sa «réticence» au départ à accepter le rôle d’Héloïse, qui dirige la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, «par rapport à la proximité des faits».

Le scénariste a initié le projet dès 2017, avec l’idée de «raconter l’onde de choc» qui a suivi le drame. Résultat : le film est une immersion totale auprès des policiers, qui démarre en pleine soirée du 13 novembre 2015 et s’achève cinq jours plus tard, après l’assaut donné à Saint-Denis, où se réfugient les terroristes.

Les coups de fil stressés, les gardes à vue et les perquisitions musclées s’enchaînent. Des bâillements et des coups de sang trahissent par moment la fatigue des personnages, sous pression de retrouver les hommes les plus recherchés de France avant qu’ils ne commettent d’autres attaques.

Bras de fer autour du voile

Comme les policiers après les attentats, les personnages de Novembre sont dans un «tunnel», «au service de l’enquête» : le film ne montre rien de leur vie privée ou de leurs sentiments. Le réalisateur tenait à ce que les personnages ne partagent aucune intimité avec les leurs pendant cette traque, «car c’est vraiment ce qu’ils ont vécu 24 heures sur 24, sans interruption».  Les seules scènes où l’émotion du massacre qu’a été le 13 novembre 2015 ressort sont celles de l’interrogatoire des survivants à l’hôpital.

L’équipe elle-même a dû «mettre de côté ses émotions», a dit le réalisateur, «par exemple lorsqu’on a repassé la vidéo du président Hollande, ça a fait remonter des choses», en référence à la déclaration de l’ancien président français au Bataclan, au lendemain des attentats («Nous allons mener ce combat (NDLR : contre les terroristes), il sera impitoyable»).

La cybersurveillance, l’expertise des policiers quelques mois seulement après l’attaque de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, et les outils technologiques sont peu de choses face à l’intuition, qui permet au personnage d’Inès (Anaïs Demoustier) de se fier au témoin clé de l’affaire, malgré l’invraisemblance de ses dires.

Ce témoin, joué par Lyna Khoudri, et inspiré de «Sonia», la jeune femme qui a permis à la police de localiser le chef des commandos du 13-Novembre et vit désormais avec le statut de témoin protégé sous une fausse identité, a été au cœur d’un bras de fer. Rebaptisé Samia à l’écran, le personnage porte un voile islamique, ce qui ne correspond pas à la réalité, s’est plainte «Sonia», qui, après avoir saisi la justice, a obtenu à l’amiable des producteurs une mention à l’écran pour apporter cette précision.

Novembre, de Cédric Jimenez.