Luxembourg
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Les «allègements fiscaux», promis par la ministre, agacent l’OGBL

«Les mensonges autour de la politique fiscale commencent à nous agacer», étrille la présidente de l’OGBL, Nora Back.

Alors que le gouvernement annonce des cadeaux fiscaux aux contribuables, l’OGBL s’étrangle, et remet sur la table l’adaptation du barème de l’impôt à l’inflation.

Réuni hier matin en comité national pour la première fois de l’année, l’OGBL a balayé le contexte politique, économique et social du pays, et fait le point sur les dossiers qu’il souhaite porter ces prochains mois.

Ainsi, quelques heures après l’annonce du déclenchement de l’index ce 1er février, le syndicat a rappelé ses positions sur le sujet, par la voix de sa présidente, Nora Back : «C’est grâce à nous. L’accord tripartite de septembre a rendu caduque celui conclu sans l’OGBL en mars, et l’index a pu être rétabli. C’est notre ligne rouge», lance-t-elle, anticipant déjà de nouvelles «discussions pénibles» visant à fragiliser ce mécanisme emblématique au Luxembourg.

«On fait front face aux attaques récurrentes. On n’acceptera aucune manipulation de l’index, report de tranche, ou modification du panier de référence : ce serait le début de la fin du système», estime-t-elle. Quant au plafonnement, évoqué à de nombreuses reprises ces derniers mois, le syndicat s’y oppose fermement, arguant que l’indexation des salaires n’a jamais eu vocation à créer de la justice sociale.

Autre actualité brûlante abordée hier, les déclarations de la ministre des Finances, Yuriko Backes, et les 500 millions d’euros d’«allègements fiscaux» promis aux contribuables – au lieu de la réforme fiscale attendue. De quoi faire sortir Nora Back de ses gonds : «Alors que ce sont les salariés qui payent le plus d’impôts et qui ont connu les plus fortes augmentations d’impôts, quand la charge fiscale des entreprises a baissé, le gouvernement ose parler d’allègements? Ce n’est pas honnête», tranche-t-elle, avant de souligner que les finances publiques «sont bien meilleures que présentées lors du budget, comme nous l’avions dit, avec une marge bien suffisante pour dégager des aides».

Une perte chiffrée à 200 euros par mois

Et pas question pour l’OGBL d’y voir une faveur : «Qu’on ne parle pas de cadeau fiscal, ces 500 millions de crédits d’impôt ne sont rien d’autre que ce que les gens ont payé en trop, au fil des hausses d’impôt», martèle la syndicaliste, qui pointe le phénomène de «progression froide», conséquence de l’indexation. Un salaire indexé est, de fait, imposé à un taux plus élevé, alors que sa valeur réelle n’augmente pas. Avec une perte de pouvoir d’achat à la clé. 

Phénomène que l’OGBL a chiffré : «Un revenu moyen de 5 000 euros ne perçoit en réalité que 1,7 % de plus par tranche indiciaire de 2,5 %. Au final, après huit augmentations ces dernières années, ça représente une différence de 200 euros par mois», déplore Nora Back, ressortant la revendication de longue date d’une adaptation du barème à l’inflation. «Ils ne veulent pas en entendre parler, mais ce sera l’un de nos sujets phare en vue des élections.»

Parmi les autres thématiques chères au syndicat figure la réduction du temps de travail à 36 heures par semaine avec maintien du salaire plein, qui fait pour l’instant face à un mur côté patronat. Selon la présidente, c’est pourtant une piste réaliste, qu’il faut explorer avant tout à travers le dialogue social : «Cela demande des négociations secteur par secteur et des conventions collectives fortes, or elles ont été négligées», commente-t-elle.

Dans les mois à venir, l’OGBL définira ses priorités et aiguisera ses arguments, déterminé à peser dans le débat préélectoral et l’élaboration des programmes des partis.

Télétravail : les frontaliers soutenus

En matière de télétravail pour les frontaliers, l’OGBL défend l’équité : «Pour nous, c’est l’égalité de traitement qui prime entre les travailleurs frontaliers, d’où qu’ils viennent, et les résidents», explique Frédéric Krier, membre du bureau exécutif. «On défend aussi l’alignement des seuils fiscaux à ceux de la sécurité sociale – actuellement à 25 % du temps de travail maximum en distanciel, et qui pourrait passer à 40 ou 41 %.»

Des règles communes devraient être instaurées dans la Grande Région, estime le syndicat, sujet qu’il exposera aux députés en sous-commission parlementaire du Télétravail dans les prochains jours.