Luxembourg
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Luxembourg : le bâtiment va commencer à trembler

Des mois compliqués s’annoncent pour le secteur de la construction, selon le Statec. (Photo : archives editpress)

Le secteur de la construction va vivre un hiver difficile entre renchérissement des matières premières, augmentation des prix de l’énergie et hausse des taux immobiliers.

Le Statec a dévoilé sa note mensuelle de conjoncture mardi. Les temps difficiles se rapprochent. L’Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché a notamment souligné dans son document des perspectives dégradées pour le secteur de la construction. La production des entreprises de la construction avait nettement rebondi en 2021, après une année 2020 marquée par les conséquences de la crise sanitaire (avec notamment un mois complet de mise à l’arrêt de tous les chantiers). Elle a presque retrouvé son niveau d’avant-crise dès la mi-2021 et s’est globalement stabilisée par la suite, selon le Statec.

La confiance des entrepreneurs de la construction a atteint un sommet au 1er trimestre 2022. Cet indicateur est basé sur deux questions de l’enquête de conjoncture du Statec concernant d’une part l’état du carnet de commandes et, d’autre part, les perspectives d’évolution de l’emploi au cours des 3 prochains mois. Ces deux composantes de l’indicateur de confiance se sont cependant dégradées au 2e trimestre (avec en particulier un net repli au niveau des carnets de commandes en juin) et se sont stabilisées en juillet et août (dernière donnée disponible).

Un repli de la production

Les données de production collectées entre temps montrent effectivement un repli de la production au 2e trimestre (-4,2 % sur un trimestre). Malgré cette récente baisse du moral des entreprises de la construction, il demeure encore à un niveau historiquement élevé, souligne le Statec.

Mais des problèmes d’offre se faisaient déjà ressentir en 2021. Ils tenaient à deux facteurs. D’une part, des difficultés d’approvisionnement pour certains matériaux, un phénomène mondial lié à une forte reprise de la demande après la pandémie (créant des pénuries, des ruptures dans les chaînes logistiques), avec à la clé une forte augmentation des prix des intrants (et une hausse subséquente des prix des prestations de construction) et un allongement des délais d’exécution des travaux. D’autre part, une hausse des difficultés de recrutement (signalées par les enquêtes de conjoncture, où l’on demande aux entreprises si le manque de main-d’œuvre pèse sur leur production).

Des hausses de prix historiques

Le Statec précise que ces problèmes d’offre subsistent en 2022 (ils se sont même renforcés concernant les problèmes de recrutement), mais la demande semble à son tour affectée. Le contexte conjoncturel (marqué par une très forte inflation) et les perspectives d’activité pour cette année et l’année prochaine se sont largement dégradés, pesant sur la confiance des ménages et des entreprises. Ces éléments constituent des signaux très négatifs en matière de consommation et d’investissement (et donc aussi pour la demande adressée au secteur de la construction). Les indicateurs virent donc au rouge pour la fin de l’année et 2023.

La progression des prix à la production dans la construction avoisine 15 % sur un an au 2e trimestre 2022 au Luxembourg (un record historique et un résultat comparable à ceux de nombreux pays de la zone euro sur la même période). Cette hausse des prix des prestations de construction peut évidemment constituer un frein pour la demande des consommateurs et des entreprises, déjà confrontés à une forte hausse de l’inflation générale et de la facture énergétique.

Un secteur comptant plus de 30 000 personnes

La remontée des taux d’intérêt vient par ailleurs peser sur leur capacité d’emprunt et l’on constate au Luxembourg comme en zone euro une baisse de la demande de crédits immobiliers au cours des derniers mois. Certains industriels en Europe – notamment dans les domaines du verre et de l’acier – ont déjà fait part de leur décision de suspendre leur production durant l’hiver prochain pour des raisons de rentabilité face à la hausse des prix de l’énergie. Cela pourrait éventuellement renforcer les difficultés d’approvisionnement pour certains matériaux utilisés dans le secteur de la construction, poursuit le Statec.

Des difficultés d’approvisionnement demeurent à l’échelle mondiale, mais celles-ci semblent progressivement s’estomper, selon le Statec. Ce constat s’appuie sur le Global Supply Chain Pressure Index élaboré par la Réserve Fédérale de New York et diffusé depuis le printemps 2022. Cet indice est calculé à partir d’indicateurs de coût du fret maritime et aérien ainsi que des données issues des enquêtes des directeurs d’achat portant sur les délais de livraison, les volumes de commandes non finalisés et les achats de stocks. Ces difficultés d’approvisionnement qui se résorbent sont une maigre consolation pour le secteur du bâtiment qui compte au Grand-Duché plus de 30 000 personnes (employés du bâtiment et artisans).