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Macron exclut une dissolution ou un remaniement avant de s’adresser aux Français

Mardi, le président Macron consultait tous azimuts pour tenter de ressouder son camp et rebondir. (Photo : AFP)

Emmanuel Macron a exclu mardi devant ses troupes les options les plus radicales pour relancer son quinquennat après l’adoption au forceps de sa réforme des retraites, toujours contestée dans la rue, et avant de sortir de son silence mercredi à la télévision.

Le chef de l’État sera à 13H00 en direct sur TF1 et France 2 pour une interview très attendue tant un climat de crise a gagné le pays. Son second quinquennat apparaît déjà entravé après moins d’un an: lundi, l’adoption de sa réforme phare s’est faite dans la douleur et le gouvernement d’Elisabeth Borne a survécu de justesse à une motion de censure transpartisane à l’Assemblée nationale.

Mardi, le président Macron consultait tous azimuts pour tenter de ressouder son camp et rebondir. Il a d’abord reçu la Première ministre, accompagnée de plusieurs ministres, dont Bruno Le Maire, Olivier Véran et Gabriel Attal, ainsi que les chefs de sa majorité relative.

Plusieurs participants à cette réunion ont assuré à l’AFP que le chef de l’Etat n’avait l’intention ni de dissoudre l’Assemblée, ni de remanier le gouvernement, ni de convoquer un référendum sur la réforme reculant l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. L’option du retrait du texte, réclamée par les syndicats et les opposants, a aussi été écartée par l’exécutif.

Selon l’un de ces participants, il a demandé à ses troupes de faire « d’ici deux à trois semaines » des « propositions » en vue d’un « changement de méthode et d’agenda des réformes ». Emmanuel Macron a ensuite déjeuné avec Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents de l’Assemblée et du Sénat, avant une réunion en soirée avec les parlementaires de son camp.

Elisabeth Borne a aussi enchaîné les réunions, après avoir clamé, dans le huis clos élyséen, que l’adoption du texte dans la douleur était malgré tout une « victoire ».

A l’Assemblée, elle a rencontré en fin de matinée chaque groupe du camp macroniste pour les remercier de leur « ténacité » dans cette « séquence éprouvante » et leur promettre « plus de marges d’action et d’initiative », selon un participant. Elle a ensuite reçu plusieurs ministres pour un déjeuner à Matignon. « La Première ministre est la seule, et notre majorité est la seule, à pouvoir porter aujourd’hui un projet de gouvernement », a assuré Olivier Véran. Le porte-parole du gouvernement a estimé qu’elle avait été « confortée par le Parlement ».

Centrale bloquée

Dans l’immédiat, après de nouvelles manifestations spontanées souvent émaillées de tensions avec les forces de l’ordre lundi soir, la contestation se poursuit un peu partout en France. Près de 300 personnes ont été interpellées dans les différentes manifestations, dont 234 à Paris, selon une source policière.  Des « arrestations abusives », a protesté le coordinateur de La France insoumise Manuel Bombard, à l’unisson avec le reste de la gauche.

Les forces de l’ordre « ont un devoir d’exemplarité », a répondu à l’Assemblée Elisabeth Borne, tout en leur rendant « hommage ». Outre la grève reconductible des éboueurs dans plusieurs villes dont Paris, le trafic routier a été perturbé mardi en Bretagne par des blocages. Environ 8% des stations-service sont à court d’essence ou de gazole en France.

Du côté des raffineries, plusieurs sites restent en effet bloqués, dont à Vern-sur-Seiche en Ille-et-Vilaine (dépôt) ou encore au Havre (port et zone industrielle). Mais l’exécutif a fait évacuer le terminal pétrolier de Donges (Loire-Atlantique) dans la nuit de lundi à mardi et annoncé de premières réquisitions de personnels pétroliers à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) où la situation s’est rapidement tendue entre grévistes et forces de l’ordre.

« Rien n’entame la détermination des travailleurs », a prévenu la CGT, avant une nouvelle journée d’actions jeudi à l’appel de l’ensemble des syndicats. Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger s’est dit de son côté inquiet de la « colère » et des « violences » qui pourraient s’exprimer du fait de l’adoption d’une loi qui n’avait « pas de majorité à l’Assemblée ».

« 49.3 verbal »

Politiquement aussi la pression ne retombe pas, après l’utilisation décriée de l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire passer la réforme sans vote. Le rejet de la motion de censure à seulement neuf voix près a redonné de l’énergie aux oppositions, de gauche, de droite et d’extrême droite.

Les 19 députés Les Républicains qui ont voté pour faire tomber le gouvernement malgré la position inverse de leur groupe ne seront pas exclus. « Je ne peux pas leur en vouloir », a déclaré mardi leur patron Olivier Marleix, tandis qu’Éric Ciotti concédait un « échec » pour le parti de droite qu’il préside.

A gauche, le député LFI Alexis Corbière a appelé Emmanuel Macron à ne pas « refaire une espèce de 49.3 verbal ». S' »il revient à la télé pour dire la même chose, « je m’en fiche de votre opinion, j’impose », la manif de jeudi sera encore plus forte », a-t-il prédit. La gauche demande notamment un référendum d’initiative partagée (RIP), dont les Sages doivent examiner la recevabilité.

Elle compte aussi sur le Conseil constitutionnel, saisi de la réforme. Le Rassemblement national a déposé mardi son propre recours pour que ce texte « soit mis à la poubelle ».