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Metz : insécurité, une réalité ou un ressenti ?

L’Esplanade, de nuit, à Metz.

Le comité de prévention et de sécurité de Metz a listé ses priorités. Les boîtes de nuit seront mieux surveillées, pour réduire agressions et rixes nocturnes.

L’Esplanade et le centre-ville sont-ils devenus moins sûrs ces derniers mois, ces dernières années? Le comité local de sécurité et de prévention de la délinquance a fait le point des priorités. Il a pris en compte une nouvelle donne, celles d’agressions et de rixes de nuit, celle d’une mendicité jugée agressive de jour. Ou bien s’agit-il seulement d’un ressenti?

Pour Isabelle Sire-Ferry, directrice départementale de la Sécurité publique, «la vie nocturne dynamique crée un sentiment anxiogène, mais on n’observe pas de phénomène de prédation». Pour Hervé Niel, son lointain prédécesseur et actuel adjoint à la Tranquillité publique, «c’est véritablement un ressenti». Soit. Ce n’est pas l’avis des représentants de l’opposition.

«Les faits de violence augmentent, le sentiment d’insécurité augmente, on a des gens qui n’ont plus peur de la police municipale.» Président d’Unis, l’opposition gauche-écolo, Jérémy Roques est le premier à faire remonter «des agressions et des rixes fréquentes», jusqu’au secteur gare, «aux heures de sorties de bar et de boîtes de nuit».

«La débauche des moyens de caméras et les nouvelles voitures de la police ne servent à rien», juge-t-il, «plutôt que d’avoir des agents derrière les caméras, ce serait mieux de les avoir sur le terrain, le temps de voir les événements et d’intervenir, c’est trop tard.» Pour lui, «la police nationale est dépassée».

Il voudrait voir les éclairages allumés jusqu’à 2 h du matin, à l’Esplanade et du côté du tribunal. «Il faut assumer un discours de fermeté sur la sécurité, les gens doivent pouvoir sortir la nuit.»

«Attention aux effets d’annonce»

Le centriste Jérémy Aldrin avait fait campagne, lors des municipales, pour la création d’une guérite sur l’Esplanade. «Il faut un lieu clairement identifiable, avec une présence humaine permanente, qui soit un sas de sécurité en cas d’agression», explique le délégué d’Horizons pour Metz.

S’il reconnaît l’absence «de solution miracle», il insiste sur la nécessité d’avoir des patrouilles des deux polices, nationale et municipale, sur l’Esplanade. Au-delà du périmètre du centre-ville, il est pour les caméras, «à condition que ça corresponde à des besoins». Il est réservé sur «l’effet d’annonce» du chiffre de 1 000 caméras. S’interroge : «La police nationale travaille-t-elle bien?» Et observe, soucieux, «un problème plus large d’une société plus violente».

Président du groupe RN au conseil municipal, Grégoire Laloux a assisté au comité local. Il note le contraste entre les chiffres et la réalité». «Au quotidien, on me remonte souvent des expériences, des anecdotes survenues à des gens qui ne vont pas forcément porter plainte», explique-t-il. «J’ai des amis, des amies, qui n’osent plus sortir la nuit seuls.»

Sur les caméras comme sur les effectifs, il note que «Grosdidier donne raison au Rassemblement national». À une nuance près : «Grosdidier, c’est un peu le verbe dur et la main tremblante.» Il observe bien la hausse du nombre d’agents de police (+47 à la nationale, +22 à la municipale), «mais il faut que la justice suive».

Un ressenti déjà ancré

Il y a les actes de violence et le ressenti. La délinquance est-elle plus élevée en cette année 2022 dans le centre-ville, le soir, entre la gare et l’Esplanade? Y a-t-il un pic d’inquiétude depuis des agressions plus importantes cet été, et le meurtre rue Serpenoise, le soir du 14 juillet? Sans doute, oui. Et c’est normal, comme un réflexe de peur et de protection.

Maintenant, il faut avoir en tête que ce ressenti ne date pas d’hier. Il a été balayé par Hervé Niel, alors directeur départemental de la Sécurité publique, en 2018. On a commencé à l’évoquer dès 2017 et le premier Constellations. Le festival avait fait venir dans le centre-ville une faune, attirée par l’événement. Metz, longtemps tranquille la nuit, est devenue une ville plus animée. De quoi perturber des habitudes.

Enfin, deux tendances lourdes : la société elle-même est peut-être devenue plus violente, pour une part, moins tolérante pour une autre. Un exemple. La mendicité dite agressive. Il y a dix ans, on pointait du doigt les SDF à chiens, en bande. Aujourd’hui, trop de mendiants, trop insistants, vont paraître agressifs. Ils vont gêner, on va vouloir les faire disparaître. Et puis, un dernier fait est important : la population vieillit et se sent plus vulnérable.