Luxembourg
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Soupçons de maltraitance dans une crèche : «Elle n’est pas parfaite»

La valse des témoins s’est poursuivie à la barre. Parmi eux, le mari de la prévenue. (photo archives LQ)

L’ancienne directrice encaisse de plus en plus difficilement les accusations et l’image donnée d’elle par les témoins à la barre depuis deux jours. Son mari a plaidé en sa faveur.

Le pantalon de mon fils était collé sur la plaie», se souvient la maman d’un enfant brûlé au premier degré après s’être renversé un bol de soupe bouillante sur la jambe. C’est ce fait en particulier qui a été criminalisé par la chambre du conseil et qui a propulsé l’affaire devant la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Sans lui, l’affaire aurait été jugée par une chambre correctionnelle. «La directrice de la crèche avait uniquement mis de la crème, mais pas de pansement. Ça faisait mal à mon fils. Un médecin nous a dit que les soins prodigués à la crèche n’étaient pas suffisants.»

L’enfant est brûlé au premier degré sur cinq centimètres. Il recevra des soins réguliers à l’hôpital, d’abord quotidiens puis plus espacés, pendant trois mois. Le petit garçon est retourné à la crèche dès le lendemain et jusqu’à la fermeture administrative en octobre 2017. Sa famille n’a jamais plus eu à se plaindre des services de l’établissement. À la barre, la maman affirme que la prévenue, contrairement à ce qu’elle a indiqué, ne l’a pas prévenue de l’accident et qu’elle est allée récupérer son enfant à l’heure prévue. Elle n’était pas en retard et les éducatrices n’auraient pas eu à l’attendre toute l’après-midi pour emmener l’enfant chez un médecin.

Les témoignages des anciennes collaboratrices et des parents d’enfants ayant fréquenté la crèche Léiwe Léiw à Bous sont accablants. L’ancienne directrice prend sa tête entre les mains et la secoue face à l’accumulation d’accusations avant de s’effondrer en sanglots. Une éducatrice restée trois jours à la crèche vient de raconter comment son ancienne patronne a enfournée une banane dans la bouche d’un enfant, qui refusait de la manger, pour lui montrer comment s’y prendre.

Brutalité, manque d’empathie et de chaleur humaine, respect strict de règles difficilement compréhensibles. Les anciennes collaboratrices rapportent toutes plus ou moins les mêmes choses. Nombre d’entre elles ne sont restées que quelques jours ou quelques semaines à la crèche avant de démissionner parce qu’elles avaient observé des choses qui ne leur convenaient pas. Toujours les mêmes.

Un carrousel d’employées

Les enfants et le personnel semblaient avoir peur de la prévenue. «Les enfants étaient trop calmes et trop sages. Ils restaient assis toute la matinée sans bouger», témoigne Tatiana, restée une matinée avant de refuser l’emploi qui lui était proposé. «Pourquoi? Y avait-il une concentration d’enfants sages ou autre chose?» «L’ambiance était pesante. Il n’y avait le temps pour rien», rapporte une autre ancienne salariée. «Tout devait aller vite.» Particulièrement les repas. «La nourriture était bouillante», estime une autre qui n’a travaillé que trois jours dans l’établissement avant que la prévenue ne résilie son contrat. «Une petite fille avait gardé de la viande dans ses joues. La directrice lui a fait recracher dans le bol de soupe et l’aurait obligée à remanger la viande de cette manière.»

D’autres évoquent des économies réalisées sur les couches changées en fonction d’un certain horaire et pas toujours quand elles étaient pleines. «Elle m’a fait remettre une couche parce qu’elle n’était pas encore assez pleine», entre autres. Les parents entendus vendredi matin confirment qu’il arrivait que les couches soient pleines quand ils récupéraient leurs enfants à la crèche. Si certains étaient satisfaits des services offerts, d’autres auraient eu une mauvais impression. Mais «il n’y avait pas beaucoup de crèches dans la région» et «on a eu une place rapidement», se justifient ces papas et ces mamans quant au fait de ne pas avoir réagi face aux supposés mauvais traitements.

La prévenue était assistante maternelle avant d’ouvrir la crèche en 2014. «La demande était grande» donc l’idée lui est venue d’ouvrir une crèche, explique son mari à la barre. «Elle aime que les choses soient bien faites», tente-t-il de la défendre. «Elle est rapide, elle a une voix qui porte. elle n’est pas parfaite. Cela peut déplaire, mais cela ne fait pas d’elle quelqu’un d’agressif.» Il ne s’explique d’ailleurs pas ce déferlement d’accusations de maltraitances à son encontre. Lui n’a jamais rien constaté de tel. Comme son épouse, il émet l’hypothèse d’une vengeance ourdie par d’anciennes salariées mécontentes.

Le procès continue la semaine prochaine. La prévenue sera entendue mercredi. Puis ce sera au tour du parquet et de la défense. Initialement prévu sur six semaines jusqu’au 13 janvier 2023, le procès devrait donc se clôturer la semaine prochaine ou la suivante.