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Véhicules à hydrogène : un futur encore incertain

La Toyota Mirai est l’un des rares modèles à fonctionner à l’hydrogène, même si d’autres marques devraient se lancer au cours de l’année. (Photo : toyota)

Alternative au moteur thermique, la voiture à hydrogène apparaît peu à peu sur les routes. Mais ses nombreuses contraintes freinent encore son développement.

Si l’électrique s’implante doucement au Grand-Duché, il existe d’autres alternatives pour rouler plus vert. Parmi elles, les voitures à hydrogène pourraient se développer dans les années à venir, même si elles sont pour l’instant très minoritaires sur les routes. «Il n’y en a que deux immatriculées au Luxembourg», indique Antonio da Palma Ferramacho, Head of Mobility Technologies à l’ACL.

Sur le principe, ce sont des véhicules électriques qui fabriquent leur propre électricité grâce à une pile à combustible alimentée par de l’hydrogène. Ce gaz a l’avantage d’être présent partout (dans l’eau, le pétrole ou encore le gaz naturel) et constitue donc une énergie quasi inépuisable. Sous le capot, la pile à combustible crée une réaction d’oxydation entre l’hydrogène et de l’oxygène venu de l’air extérieur. En résulte un courant électrique qui permet d’alimenter le moteur sans rejet de COni aucun bruit.

À première vue, l’hydrogène ne présente que des avantages, d’autant que son ravitaillement ne prend pas plus de temps qu’un plein d’essence, là où le 100 % électrique impose des arrêts plus longs. Mais si à l’usage cette technologie est parfaitement propre, le cycle de vie de l’hydrogène noircit le tableau. Rarement présent à l’état pur, ce gaz est pour le moment essentiellement produit à partir de sources fossiles, comme le reformage de gaz méthane ou la gazéification de matériaux organiques. Il est néanmoins possible d’en produire par électrolyse de l’eau (une technique qui permet de décomposer, grâce à un apport d’électricité, les molécules d’eau en dihydrogène et en oxygène). Si l’électricité utilisée est issue d’énergies renouvelables, la production en devient plus vertueuse.

«Il faut développer une panoplie de solutions»

Malgré ces limites, cette technologie reste intéressante pour le futur. «C’est une filière qui se met peu à peu en place, explique Antonio da Palma Ferramacho. Ce sera l’une des solutions alternatives aux moteurs thermiques, car les batteries électriques seules ne suffiront pas.» Mais au Luxembourg, l’hydrogène pose un autre souci : il n’existe actuellement aucun point de ravitaillement, la recharge doit se faire en Allemagne. Les choses vont cependant changer. Dans le courant de l’année, une première station, mise en place par TotalEnergies, verra le jour à Bettembourg dans le cadre du projet européen «H2Benelux». «Elle proposera des pressions de 700 bars pour les voitures et les camionnettes, mais aussi de 350 bars pour les camions et les bus», détaille Gilles Caspar, attaché au ministère de la Mobilité et des Travaux publics. L’hydrogène comporte un dernier inconvénient : son prix.

Issu de sources fossiles, il coûte aux alentours de 10 euros pour 100 kilomètres. «C’est équivalent à un moteur classique qui consomme du 5 litres au 100, ajoute Antonio da Palma Ferramacho. Mais le challenge sera d’avoir ce prix avec de l’hydrogène vert.» Le coût d’une voiture reste lui aussi élevé et peu de modèles sont pour le moment disponibles. Parmi les grands constructeurs, seuls Toyota, Honda et Hyundai proposent des véhicules à hydrogène, même si d’autres comme BMW vont se lancer dans l’année. «Il faut aussi ajouter le groupe Stellantis qui développe un utilitaire léger avec un moteur hybride à l’hydrogène.»

Mais en ce qui concerne les voitures personnelles, l’électrique est donc encore largement privilégié en Europe : cinq millions de véhicules électriques sont en circulation contre seulement 3 657 voitures à l’hydrogène. Son futur est plutôt à chercher du côté des poids lourds, des bus et des flottes professionnelles. Il sera en effet difficile pour les plus gros véhicules de passer au 100 % électrique dont les batteries augmenteraient considérablement leur poids. Le Vieux Continent mise d’ailleurs de plus en plus sur l’hydrogène comme alternative.

Rien qu’au Luxembourg, une deuxième station est déjà à l’étude et devrait proposer hydrogène, bornes de recharge électriques, biocarburants et carburants fossiles. «Et le gouvernement est prêt à aider les entreprises qui souhaiteraient développer de nouvelles stations», rappelle Gilles Caspar. Ce mélange de plusieurs énergies semble être la meilleure solution pour la mobilité du futur. «Il ne faut pas opposer les technologies, prévient Antonio da Palma Ferramacho. Il faut développer une panoplie de solutions.»