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À la Une: les réactions à la disparition d’Elizabeth II sur le continent américain

Le visage d’Elizabeth II s’affiche sur quasiment toutes les Unes des journaux du continent américain ce vendredi. Au Canada, pays du Commonwealth, le National Post reprend les mots du Premier ministre Justin Trudeau : « Elle nous a servis avec force et sagesse ». Le journal consacre de nombreux articles à cette disparition et raconte par exemple l’histoire du cheval préféré de la reine. Figurez qu’il s’agissait d’un cheval canadien ! Burmese – c’était son nom - était né dans la province de Saskatchewan et avait été entraîné à Ottawa avant d’être offert à la reine en 1969. Un cheval qui « lui a peut-être même sauvé la vie », ose le journal canadien, car c’est ce cheval qu’elle montait lorsque la souveraine a été visée par des tirs lors d’une cérémonie à Londres en 1981. Burmese, honoré d’une statue équestre de la reine Elizabeth II, devant l’Assemblée de la province de Saskatchewan. Elle a été dévoilée, en 2005, par la reine elle-même.

Tout le Canada n’est pas forcément triste aujourd’hui, laisse entendre Le Devoir. Au Québec, elle est une souveraine « parmi les moins populaires de tous les temps ». D’après un sondage, « 74% de la population estime qu’une couronne n’a tout simplement pas lieu de les gouverner. Ce chiffre grimpe même à 81% lorsque sont interrogés seulement les Québécois de langue française ». Un désamour qui, selon Le Devoir, se maintient à de très hauts niveaux depuis les années 1960. Le quotidien rappelle que la visite de la reine, en 1964, a provoqué une émeute. Elizabeth II attendra 1987 pour y remettre les pieds, à un moment opportun : le mouvement indépendantiste québécois y était alors au plus bas.

Diplomatie sauce guimauve

Malgré ce désamour au Québec pour la couronne, « les Montréalais ont réagi avec tristesse », estime le journal anglophone Montreal Gazette. « Certains craignent que les prochaines générations n’aient pas les mêmes aptitudes qu’elle pour ce travail exigeant ». « La Reine était d’un autre âge. C’est pourquoi elle était si bonne pour ce travail », renchérit le Globe and Mail.

Pour Politico, son successeur, le roi Charles III, va devoir apprendre à tenir sa langue. Le média américain pense déjà que le monarque est « trop politique pour les États-Unis ». La reine Elizabeth II était appréciée, car elle était « au-dessus de la mêlée politique » et s’illustrait dans la « diplomatie sauce guimauve ». « Si Charles poursuit son travail d’activiste », pour le climat notamment, « il risque de perdre l’approbation du public américain », estime Politico, et par conséquent perdre « un outil britannique qui a exercé un pouvoir discret aux États-Unis ». Une forme de soft power qui a permis de « solidifier » l’amitié transatlantique.

Les « Kardashians royaux »

La reine Elizabeth II était aussi très appréciée, car elle a longtemps fait rêver les Américains. Ils « ont adoré toute la panoplie et l’apparat qui entourait la reine, considérant sa famille comme les “Kardashians royaux” », écrit Politico. Pour le New York Times, elle était la « reine et l’esprit de la Grande-Bretagne », « une célébrité analogique à l’ère du numérique, peut-être la femme la plus célèbre (...) dans un monde plus enclin aux stars de la télé-réalité et aux influenceurs sur Internet ». Elle était aussi « la figure stable de la nation ». « Du déclin de l’empire à la guerre froide, en passant par les troubles des années 1970, le Brexit et le Covid, “elle a toujours été là”. Que fera la Grande-Bretagne, et le monde, sans elle ? » s’interroge le quotidien.

Charles III est le roi le plus âgé à commencer dans cette fonction : 73 ans. Celui qui « a attendu plus longtemps pour devenir roi que n’importe quel autre monarque de l’histoire britannique » doit maintenant « introduire des changements », note le Wall Street Journal. Il doit notamment « réduire les dépenses de la monarchie, alors même qu’il fait face à des troubles au sein de son clan ».

« Être reine à 25 ans… ou roi à 73 ans »

Même défiance dans la presse du sud du continent, face au successeur de cette reine « qui paraissait immortelle », comme titre El Colombiano ce vendredi. Reforma, au Mexique, compare sur sa Une, dans une juxtaposition très peu protocolaire, deux photos d’Elizabeth II et de son fils Charles lors de leur arrivée sur le trône : « être reine à 25 ans… et roi à 73 ans ». En Haïti, Le Nouvelliste en profite pour faire un bilan : le pays « a peu de choses à voir avec la reine en particulier et avec les Britanniques en général ». « Les tentatives d’avoir un ambassadeur britannique plus présent (...) n’ont pas duré », poursuit l’éditorialiste.

« Ce qui paraissait être un tournant après le séisme de 2010 est redevenu une attention polie et lointaine. Haïti a une ambassade à Londres, les Anglais ne sont présents en Haïti que de loin. » Le Nouvelliste en profite pour louer la séparation des pouvoirs entre la souveraine et le Premier ministre britannique, tandis qu’en Haïti, les dirigeants « ont toujours voulu être l’alpha et l’oméga ». « Leur place dans l’histoire, conclut le journal, sera inversement proportionnelle à la superficie de leur ego (...). Tout le contraire de la Grande Dame qui nous quitte ».

Enfin, en Argentine, Clarin note de « brefs messages de condoléances du gouvernement » de Buenos Aires. Cette froideur « fait écho au conflit de longue date entre l’Argentine et le Royaume-Uni sur la souveraineté des îles Malouines ». Là-bas, justement, l’unique journal, le Penguin News, publie un seul papier – très sobre – « de 2572 caractères », précise Clarin. Il se contente de reprendre les déclarations du gouvernement local. Le président de l’Assemblée rappelle ainsi le soutien de la reine « lors de l’invasion et de la libération des îles » en 1982. Les Malouines suivront les règles de deuil des Britanniques : les îles ont placé leurs drapeaux en berne et leurs sites web affichent désormais des bannières noires.