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À Montréal, les manifestants demandent d'agir pour le climat, et bien plus

Au moins 15 000 Québécois ont protesté dans la ville de Montréal, au Canada, ce vendredi 23 septembre 2022 à l'occasion de la reprise des grèves étudiantes pour le climat. Alors que la COP15 biodiversité qui aura lieu à Montréal se rapproche, les manifestants réclament des initiatives politiques concrètes pour lutter contre toutes les crises écologiques, au Québec, au Canada, comme partout dans le monde.

De notre correspondant à Montréal,

« What do we want ? Climate action ! When do we want it ? NOW ! » (Qu'est-ce qu'on veut ? Des actions pour le climat ! Quand ? Maintenant !) Presque quatre années après sa première apparition, le slogan des citoyens du monde engagés pour l'environnement résonne de nouveau dans les rues de Montréal. Mais la foule est moins nombreuse qu'il y a trois ans, au pic de la mobilisation. En septembre 2019, la principale ville du Québec avait vu défiler plus de 500 000 manifestants, un record absolu propulsé par la présence de la militante écologiste Greta Thunberg.

Pour de nombreux marcheurs dans le cortège, la Covid-19 y est pour beaucoup. Ariane, 37 ans, était présente en 2019. « Il y a sensiblement moins de monde qu'il y a trois ans, une partie de la cause s'est perdue. À cause de la pandémie, les mouvements syndicaux et étudiants ont été très démobilisés. C'est triste parce qu'on a besoin des idéaux de la jeunesse », explique la jeune femme, son fils de six ans attentif à ses côtés.

Un avis que ne partage pas totalement Simon Guiroy, membre du Front étudiant d'action climatique, association coorganisatrice de la manifestation. « Il n'y a pas autant de monde dans les rues, mais plus de 100 000 étudiants étaient en grève aujourd'hui, et la mobilisation pour le climat ne passe pas que par les manifestations et les grèves. On encourage aussi les mobilisations locales et les actions concrètes », explique l'étudiant engagé.

Élections et COP15 se rapprochent

Les raisons de manifester ne manquaient pas. Après un été catastrophique dans le monde, avec des inondations monstres au Pakistan, des records de sécheresses en Europe, un ouragan puissant s'approche des côtes canadiennes tandis que la crise sociale s'accentue.

En pleine campagne électorale pour élire le nouveau gouvernement du Québec, les partis politiques comme @QuebecSolidaire ont été priés de se tenir à l'arrière du cortège : « ceci est une manifestation populaire, pas un évènement politique ! » pic.twitter.com/I0bfKoLXth

— Léopold Picot (@leopold_picot) September 23, 2022

Autre raison de se mobiliser : les élections provinciales pour élire le nouveau gouvernement du Québec qui se tiendront le 3 octobre. Preuve de l'importance de s'afficher comme écologiste dans le jeu électoral, les chefs de certaines formations politiques, de gauche comme de droite, se sont immiscées dans la mobilisation. Mais face au risque de récupération politique, les organisateurs ont demandé aux partis de rester en arrière du cortège ou de quitter les lieux que s'ils ne partagent pas les convictions de la manifestation. Simon précise : « Nous avons deux revendications principales : sortir des hydrocarbures d'ici 2030 et taxer les plus riches. (...) Les enjeux environnementaux sont peu présents dans la campagne, alors qu'on est au bord du précipice, on attend des partis qu'ils fassent beaucoup plus ! »

Au milieu de la foule qui s'avance vers le centre névralgique de la ville, certains parlent de la COP15 biodiversité à Montréal. De plus en plus comparée à la COP21 de Paris, pionnière sur les objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES), elle pourrait être un tournant en matière de protection des espèces animales et végétales. « Montréal est une ville assez avancée en matière d'adaptation au changement climatique. J'espère que la COP15  enverra un signal fort à la communauté internationale. Même si on sait bien que c'est un combat qui se passe autant dans la rue qu'à l'ONU », soupire Clara, 26 ans, accompagnée de plusieurs de ses collègues de travail.

Des défis majeurs à relever

Le problème, c'est que si Montréal est une ville qui se veut plutôt pionnière dans la lutte contre les crises écologiques, le reste du Canada et du Québec sont très en retard. Clara ajoute même : « Il y a tout à faire, et contrairement à ce que l'on croit parfois en France, le Québec et le Canada ne sont pas du tout en avance sur l'Europe pour toutes ces causes. »

Déjà, sur le plan des émissions de gaz à effet de serre (GES) le Canada accuse un vrai retard. Le pays a le pire bilan carbone par habitant, juste après les États du Golfe. « Le gouvernement canadien ne prend même pas en compte pour ses objectifs de réduction de GES les émissions qu'il provoque en exportant ses hydrocarbures. Cette année, le Front étudiant d'action climatique lutte pour cela », détaille Simon.

Sur la biodiversité, l'enjeu pour le Québec est de réussir à étendre ses zones protégées. Si elles sont parfois conséquentes dans le vaste nord, elles peinent à s'imposer dès qu'un enjeu économique est présent. Une situation qui inquiète forcément les communautés autochtones, présentes à la marche, qui voient les populations de caribou forestier diminuer d'année en année et les poissons contaminés par des compagnies minières. La communauté innue de Matimekosh a même fait douze heures de train et douze heures de voiture pour dénoncer les dérives de l'industrie minière dans leurs territoires lors de la manifestation. 

Alors que les crises sociales, économiques et écologiques s'accentuent partout sur la planète, les Québécois n'ont pas été les seuls à manifester : plus de 500 villes dans le monde ont été le théâtre de manifestations ce vendredi, dont douze au Canada. Reste un arrière-goût âcre de déjà-vu. Trois ans plus tard, les revendications comme les slogans sont toujours les mêmes face à des communautés internationales et nationales qui peinent à se donner les moyens pour lutter contre les catastrophes en cours et à venir.