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Assassinat de Ruben Um Nyobe: où en est le chantier mémoriel annoncé par Macron?

Il y a 64 ans mourrait Ruben Um Nyobe, figure de la lutte pour l'indépendance, tué par l'armée française le 13 septembre 1958. Au Cameroun, jusque dans les années 1990 et la loi de réhabilitation de 1991, il était interdit d'évoquer son nom. Et côté français, où en est-on ?

Fin juillet, lors de son voyage officiel à Yaoundé, le président français Emmanuel Macron a proposé de créer une commission composée d’experts des deux pays, chargée de « faire la lumière » sur l'histoire commune de la France et du Cameroun dans les années 1950 - pendant la colonisation et la répression sanglante des indépendantistes - ainsi qu'après l’indépendance formelle du pays en 1960. 

Emmanuel Macron s'était engagé sur un délai : 24 mois pour la remise d'un rapport, sur lequel, il comptait se baser pour procéder à ce qu'il avait appelé « les éléments de reconnaissance ».

Au Cameroun, les membres de l'UPC, qui se revendiquent de l'héritage de Ruben Um Nyobe, attendent des excuses de la France. Ils demandent aussi des réparations pour les crimes commis durant ce que des historiens nomment sans détour la guerre du Cameroun. 

A Paris, pour l'heure, pas de calendrier plus précis, la commission mixte et pluridisciplinaire évoquée à Yaoundé n'est pas encore composée. 

Pour l'universitaire Achille Mbembe qui plaide pour un projet mémoriel de grande ampleur, il y a d'abord un énorme travail à mener en amont. Définir le périmètre de la mission de la commission, le volume d'archives à dépouiller, sa dotation: quels moyens aura-t-elle pour fonctionner... 

« Il vaut mieux prendre le temps de réfléchir et faire quelque chose qui vaille la peine, dit-il, plutôt que de courir et tomber dans le piège de ceux qui ne s'attendent à rien. » La réflexion en est donc au stade préparatoire, pas d'annonce prévue pour le moment. 

Une réhabilitation insuffisante au Cameroun ?

Ruben Um Nyobe, surnommé Mpodol, fut l'un des premiers à revendiquer l'indépendance du Cameroun et l'unification des parties occidentale et orientale du pays, respectivement sous tutelle britannique et française. Jusque dans les années 1990, au Cameroun, il était interdit de prononcer son nom.

La mémoire de l'ancien secrétaire général de l'UPC, l'Union des populations du Cameroun, fut officiellement réhabilitée en 1991, en même temps que celle de Ernest Ouandié ou encore Félix-Roland Moumié. Mais pour certains acteurs politiques, cette réhabilitation est incomplète, insuffisante 64 ans après sa mort.

Je pense qu’il faut une dynamique nationale de réhabilitation sérieuse, parce qu’ils ont été réhabilités mais on n’en a pas fait des héros nationaux. Il n’y a aucun espace officiel dédié à Um Nyobe.

Anicet Ekané, président du Manidem, parti qui se revendique de l'héritage d'Um Nyobe

Amélie Tulet