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Assassinat du journaliste Lokman Slim au Liban: sa famille réclame une commission d'enquête

La famille de l'intellectuel libanais a réclamé vendredi 3 février une mission d'enquête de l'ONU pour déterminer si son assassinat il y a deux ans ainsi que deux autres meurtres sont liés à la gigantesque explosion au port de Beyrouth. Reportage durant les commémorations de sa tragique disparition.

Avec notre correspondante à Beyrouth, Sophie Guignon

C’était il y a deux ans, l’intellectuel et journaliste libanais Lokman Slim était retrouvé mort, abattu de six balles à bord de sa voiture dans le sud du pays, bastion du très puissant Hezbollah. Le meurtre de cet activiste politique chiite et farouche opposant au « Parti de Dieu » n’a toujours pas été résolu deux ans après. Son nom s’ajoute à la longue liste d’assassinats de journalistes restés impunis au Liban. 

En bordure d’autoroute en face du port de Beyrouth, une tente a été dressée en hommage à Lokman Slim. À l’intérieur, des débats, comme il les affectionnait. Sur toutes les lèvres, l’impunité qui entoure son assassinat. 

« On est pratiquement toujours au point mort, déplore maître Moussa Khoury, avocat de la famille de l'intellectuel. L’enquête suit son cours mais je suis quand même obligé de vous dire que ça piétine et que nous n‘avons rien de nouveau qui puisse nous laisser espérer qu’à court terme on va identifier et arrêter les suspects. »

La famille de Lokman Slim demande une enquête des Nations unies pour déterminer si son meurtre est lié à ses révélations sur l’explosion du port de Beyrouth. Pour le journaliste, le Hezbollah et le régime syrien étaient en effet impliqués dans l’importation du nitrate d’ammonium à l’origine de la déflagration.

Sa femme, la réalisatrice allemande Monika Borgmann, entend se battre jusqu’au bout. « J’ai rencontré Lokman en juin 2001. Parmi tout le travail que nous avons accompli ensemble, nous avons lutté contre cette culture de l’impunité. Et aujourd’hui nous devons mener ce combat pour lui », affirme-t-elle.

Ensemble, ils ont fondé l’un des plus grands centres d’archives du pays, pour garder des traces des crimes du passé tumultueux du Liban.

Des ONG et les familles de victimes de l'explosion du port, qui a fait plus de 215 morts en août 2020, réclament une enquête internationale sur ce drame, la classe politique tentant d'entraver l'investigation locale par tous les moyens.  Le juge chargé de l'enquête a même été poursuivi pour « insubordination » la semaine dernière en raison de sa détermination à faire toute la lumière sur l'explosion causée par une énorme quantité de nitrate d'ammonium stockée au port depuis 2013.

Lokman Slim avait été assassiné deux semaines après avoir révélé que des quantités de ce nitrate d'ammonium avaient été utilisées par le régime syrien pour larguer des barils explosifs sur les zones rebelles au plus fort de la guerre en Syrie.

Deux mois plus tôt, un officier des douanes à la retraite, Mounir Abou Rjeili, et un photographe indépendant, Joe Bejjani, avaient été assassinés, et des médias libanais avaient suggéré un possible lien avec l'explosion du port.

(Avec AFP)