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Brésil: ouverture des bureaux de vote pour une présidentielle très tendue

Les bureaux de vote ont ouvert. Quelque 156 millions de Brésiliens sont appelés ce dimanche 2 octobre à se rendre aux urnes dans le plus grand pays d’Amérique latine pour choisir leur chef de l’État pour les quatre prochaines années. Le président sortant Jair Bolsonaro est donné perdant face à son rival, l’ancien métallurgiste Luiz Inacio Lula da Silva et ex-président du pays de 2003 à 2010. La figure de gauche, condamnée à la prison puis libérée deux ans après, croit déjà à sa victoire lors d'une des élections les plus tendues du pays.

Les bureaux de vote accueillent les électeurs de 7h à 17h heure de Brasilia (10h à 20h TU), avec des urnes électroniques. Les Brésiliens doivent alors doivent taper le numéro de leurs candidats, et puis peu après la fermeture des bureaux de vote, les premiers résultats devraient tomber.

Les deux principaux candidats ont tenu des meetings à São Paulo, la capitale économique, la veille du vote, sans qu’il y ait des débordements.

Samedi 1er octobre, Lula a tenu une conférence presse où il se présentait déjà un peu comme le futur président : il a promis de sortir le pays de la crise économique et sociale. Mais il a, dans le même temps, tempéré les attentes en disant que cela prendrait surement du temps.

Lula sait qu’il a toutes les chances de gagner l’élection, mais il veut absolument la remporter dès le premier tour. S’il passe avec plus de 50% des voix, ce sera difficile pour Jair Bolsonaro de contester le scrutin, rapporte notre envoyé spécial à São Paulo, Achim Lippold.

Selon les derniers sondages publiés samedi soir, Lula pourrait effectivement remporter la majorité des voix dès aujourd’hui, mais cela pourrait se jouer à quelques voix près : les instituts de sondages donnent 50% ou 51% de voix pour Lula, avec une confortable avance de 14 points sur Jair Bolsonaro, rapporte notre correspondant à São Paulo, Martin Bernard.

À part les deux principaux, il y a 10 autres candidats en lice pour le premier tour. Lula espère ainsi bénéficier de reports de voix, en cas de second tour.

Un employé dépose des urnes électroniques dans un bureau de vote à Rio de Janeiro, le 1er octobre 2022.
Un employé dépose des urnes électroniques dans un bureau de vote à Rio de Janeiro, le 1er octobre 2022. © Matias Delacroix / AP

► À lire aussi : Présidentielle au Brésil: le dernier combat de Lula?

Une campagne marquée par des meurtres de sympathisants de gauche

Mais la journée électorale se déroule dans un climat très tendu. Car le président sortant d’extrême-droite a déjà brandi plusieurs fois la menace de ne pas reconnaître les résultats s’ils ne lui étaient pas favorables. Si Jair Bolsonaro a légèrement tempéré ses propos depuis, la question plane dans tous les esprits.

Un électeur du Parti des travailleurs (PT) a dit qu’il ne mettra pas de T-Shirt rouge - la couleur du parti de Lula - lorsqu’il ira voter, par peur d’être agressé par un bolsonariste. Car les sympathisants de Lula n’ont pas oublié les nombreuses attaques contre les militants de gauche : dans les mois qui ont précédé le vote, plusieurs d’entre eux ont été agressés ou tués par des bolsonaristes.

Peur des violences dans les bureaux de vote

Ce contexte de tensions inquiète Marina Martins, qui sera assesseure dans un bureau de vote à Rio de Janeiro. Dans son appartement, elle porte un t-shirt rouge à l’effigie de Lula assorti à ses ongles, mais ce dimanche elle compte porter du blanc au bureau de vote : « C’est complètement fou d’avoir peur de t’habiller comme tu veux, parce que t’as peur qu’une personne te tue à cause de ton candidat. C’est trop dur de vivre une réalité comme ça », s’est-elle indigné à notre correspondante à Rio de Janeiro, Sarah Cozzolino.

Cette année, le Tribunal supérieur électoral a pris plusieurs mesures pour les élections : les téléphones portables sont interdits dans la cabine de vote, ainsi que le port d’armes à moins de 100 mètres des bureaux de vote.

« Moi je vais connaître tous les gens de la police quand j’arrive, pour appeler les gens si besoin, parce qu’on ne peut pas se défendre tout seul », dit-elle en français.

En cas de victoire de l’ancien président Lula, Marina dit avoir plus peur de l’agressivité des partisans de Jair Bolsonaro que d’une véritable tentative de coup d’État du président : « On a beaucoup d’histoires de gens qui sont agressés par l’extrême droite, donc je crois qu’ils sont capables de faire des choses comme ça. Oui, il faut se protéger, mais il faut aussi essayer de ne pas être dominé par la peur. »

Un dispositif de sécurité exceptionnel a été mis en place dans chacun des États ce dimanche, avec un grand nombre de policiers et militaires dans les rues.

Une assesseure s'inquiète pour les tensions dans les bureaux de vote à Rio

Sarah Cozzolino

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Présidentielle au Brésil en 4 points