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Brésil: secouriste, proche de victimes du Covid, Denison Vilar est candidat aux régionales

Il brigue un poste de parlementaire aux élections régionales de dimanche prochain pour participer à la reconstruction d'un système de santé déliquescent.

Avec notre envoyé spécial à Manaus, Achim Lippold

Il fait 35 degrés dans l’ombre mais Denison Vilar a décidé de faire campagne dans sa combinaison blanche de l’époque du Covid. Pour que les gens n’oublient pas ce qu'il s’est passé. « Cette combinaison représente toutes les personnes qui ont perdu leur vie pendant la pandémie », explique le secouriste, avant de fondre en larmes. « J’ai perdu des amis, des collègues », se souvient-il.

Les élections présidentielle et législatives nationales et régionales auront lieu dimanche prochain. Parmi les thèmes de la campagne, le système de santé et la gestion de la pandémie. Le Brésil a payé un lourd tribut avec la mort de presque 700 000 personnes. Le président Bolsonaro a été très critiqué pour sa gestion de la pandémie, dont il avait commencé par nier la gravité. La ville de Manaus a été particulièrement touchée par le Covid et beaucoup de personnes sont mortes faute de pouvoir être soignées correctement. Cet effondrement du système de santé, Denison Vilar l’a vu de l’intérieur, en tant que secouriste du Samu. Aujourd’hui, il est candidat au poste de député régional avec le parti Démocratie chrétienne avec la volonté d’améliorer la prise en charge des patients et les conditions de travail du personnel médical. 

Alors, la peine laisse vite sa place à la colère : « Encore aujourd’hui, les gens meurent faute d’être soignés. L’État de l’Amazonie vient de lancer la construction d’un hôpital vétérinaire, pour l’équivalent d’environ un million d’euros. Et il y a quelques semaines, une fillette de 6 ans atteinte de leucémie est morte parce qu’il n’y avait pas de lit d’hôpital disponible pour l’accueillir. Il faut vraiment revoir les priorités. »

Les habitants de Manaus mouraient à grande échelle

À cela s’ajoute un manque d’ambulances, le retard de paiement des salaires du personnel médical et une corruption endémique. « Notre mouvement a pour but de mettre les autorités publiques devant leurs responsabilités. C’est un système corrompu qui met le personnel médical dans une situation d’esclave. Et qui tue notre peuple. »

Même s’il n’est pas élu au parlement de l’État d’Amazonie, Denison Vilar poursuivra son combat en faveur d’un système de santé qui permet de sauver des vies, ce que n'a pas su faire le président sortant selon lui : « Beaucoup de gens disent : "ah mais président n’avait pas le droit d’intervenir". Non, ce n’est pas vrai. La Cour suprême ne l’a pas autorisé à intervenir directement dans la gestion du Covid par les États et les municipalités, au nom des principes de notre fédéralisme. Mais personne n’a interdit au président de mobiliser les forces armées pour envoyer de l’oxygène et du matériel médical. Et s’il avait utilisé l’armée pour construire rapidement des hôpitaux de campagne comme on avait fait en Haïti après le tremblement de terre de 2010, cela aurait peut-être permis de sauver des vies. »

Le candidat poursuit ses récriminations sur la léthargie présidentielle. « Mais le président a agi seulement après la mobilisation des artistes alors des habitants de Manaus étaient déjà en train de mourir à grande échelle. Et nous, le personnel médical, nous avons vécu le chaos total pendant la pandémie. Et j’ai vu que mon président, pendant ce temps-là, a envoyé des quantités d’aliments aux forces armées pour organiser des barbecues. Et ce alors que des employés dans le secteur de la santé mourraient du Covid. Et que nous tous manquions de matériel, de vêtements médicaux, d’une alimentation saine, sans parler des conditions de travail. »