Il était l'un des pionniers de la Nouvelle vague en Suisse et plusieurs de ses films sont devenus des incontournables du cinéma. Le réalisateur Alain Tanner est mort hier à Lausanne à l'âge de 92 ans.
« Le cinéma suisse, c’est un peu comme la marine suisse : on n’y croit pas. Or les deux existent », se plaisait à dire Alain Tanner, locomotive de ce qui a été appelé la Nouvelle vague du cinéma suisse.
Il étudie à l’Université de Genève où il fonde un ciné club en compagnie de Claude Goretta. Les deux Genevois s'échappent ensuite à Londres où ils réalisent ensemble leur premier film, Nice Time (1957), un court métrage remarqué sur la vie des noctambules dans le Picadilly Circus londonien. De retour au pays, en 1968, Alain Tanner se réunit avec quatre réalisateurs - Michel Soutter, Jean-Louis Roy, Jean-Jacques Lagrange (remplacé par Yves Yersin en 1971) et Claude Goretta - pour fonder le «Groupe des 5».
Les cinq sont à l'origine de ce renouveau cinématographique suisse, promoteurs d'un cinéma décalé, non-conformiste et engagé, à contre-courant des drames familiaux de la production habituelle. Son premier long métrage Charles mort ou vif (1969), marque le début du cinéma d'auteur en Suisse. Il raconte l'histoire d'un homme d'affaires qui décide de changer de vie pour mener une existence en marge de la société, sur fond de révoltes étudiantes, et remporte le premier prix du festival de Locarno. Ce film engagé sera suivi en 1971 par La Salamandre, un film impertinent aux accents libertaires devenu culte avec notamment la comédienne Bulle Ogier, dans le rôle de Rosemonde, « une fille libre ».
Alain Tanner est l'auteur d'une oeuvre importante. Il tourne sans relâche de la fin des années 1960 jusqu'en 2004. Parmi ses films les plus connus, outre La Salamandre, Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000 (sur les rêves perdus de 1968), Les Années Lumière, qui a obtenu le Grand Prix spécial du jury au Festival de Cannes en 1981, ou encore Dans la Ville Blanche avec Bruno Gantz (récompensé par un César en 1984). Encore un film culte sur le désir/besoin de s'échapper.
Alain Tanner est décédé ce dimanche 11 septembre à l'âge de 93 ans. Le réalisateur de Charles mort ou vif, La Salamandre ou encore Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000 ici à la Cinémathèque suisse en octobre 2011 📷 Carine Roth pic.twitter.com/dgBuao1WsV
— Cinémathèque suisse (@cinemathequech) September 11, 2022
Alain Tanner, qui a toujours considéré que faire du cinéma était un acte politique, a prolongé son engagement au-delà du cinéma en s'impliquant notamment en faveur de la population palestinienne de Gaza. Ses archives sont entrées à la Cinémathèque suisse en 2014.
(avec agences)
