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Côte d’Ivoire: le journal satirique «Gbich», une institution qui veut se diversifier pour survivre

En Côte d’Ivoire, le journal satirique Gbich reste une institution malgré l’érosion de ses ventes. Le groupe qui l’édite compte sur la diversification de ses activités, dans l’audiovisuel et le numérique notamment, pour relancer ce titre qui a joué un rôle majeur dans l’essor de la bande dessinée dans le pays.

Avec notre correspondant à Abidjan, François Hume-Ferkatadji

Gbich est indissociable de l’essor de la bande dessinée en Côte d’Ivoire. Un journal satirique, sans couleur politique, dont la Une caractéristique est un dessin de presse satyrique et gaguesque.

Aujourd’hui, le groupe comprend trois titres : Allo Police, Go Magazine et Gbich, qui figurent parmi les meilleures ventes de journaux du pays.

Gbich se lit aussi en ligne, et va bientôt s’aventurer à la télévision. Le journal se lance dans la production de films d’animation et espère retrouver le nombre d’employés de sa période dorée.

« On s’est vite rendu compte qu’il fallait se diversifier »

Le dessinateur Willy Zekid, 20 ans de Gbich au compteur, le père du personnage « Papou », reçoit dans la salle de rédaction décorée par les Unes célèbres du journal : « Au départ, Gbich était juste un journal papier, mais avec l’évolution des technologies et puis avec l’évolution du marché, on s’est très vite rendu compte qu’il fallait se diversifier. »

Concentrés sur de grandes palettes graphiques, les dessinateurs ont des journées chargées, entre le journal papier et les nouveaux projets d’animation. Seri reconstitue un coin de rue du quartier de Koumassi : « Je me base beaucoup sur les rues existantes pour être plus ou moins réaliste. »

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Gbich est désormais une institution. Créé en 1999, le journal connaît rapidement un vif succès, grâce notamment à son usage du nouchi, langue véhiculaire née dans les quartiers populaires d’Abidjan : « Parce que le nouchi, si vous voulez, à la base, c’était un langage populaire. On ne le retrouvait pas dans la presse, on le retrouvait très peu. Mais grâce à Gbich, en fait, les gens se retrouvaient et retrouvaient des bandes dessinées dans lesquelles les personnages parlaient comme eux, retrouvaient des bandes dessinées dans lesquelles les personnages vivaient leur quotidien. »

« Avec les dessins, on touche une grande partie de la population »

La recette de la réussite de Gbich reste bien sûr ses bandes dessinées. Le journal propose chaque semaine cinq à dix planches sur des sujets de société ou de politique. « Gbich, c’est le seul journal en Côte d’Ivoire qui fait du dessin, affirme Colombe Souéné responsable de la communication digitale. En Côte d’Ivoire, on a une population qui est à un peu plus de 40% de personnes qui sont analphabètes, donc qui ne vont pas forcément accrocher pour les articles. Mais pour les dessins, on touche une grande partie de la population, et ça c’est quelque chose d’assez exceptionnel ».

En raison de la crise de la presse, Gbich n’a toutefois pas échappé à l’effondrement du nombre de ses ventes. De 45 000 exemplaires dans les années 2000, elles atteignent difficilement les 5 000 exemplaires aujourd’hui. Gbich compte sur l’audiovisuel pour survivre.

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Koffi-Roger N’Guessan, professeur d’arts plastiques et co-auteur d'un ouvrage sur la place de la BD dans le paysage culturel ivoirien

François Hume-Ferkatadji