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Dans l'attente des résultats, les Chiliens divisés sur la proposition de nouvelle Constitution

Les Chiliens étaient appelés aux urnes, ce dimanche 4 septembre, pour approuver ou rejeter la proposition de nouvelle Constitution. Cette dernière comprend notamment la garantie par l'État d'un accès au droit à l'éducation, à la santé publique, à une retraite et à un logement décent. Mais aujourd'hui, la société chilienne est très divisée et les sondages montrent que le « rechazo », le rejet de ce texte, pourrait l'emporter.

Alors que les chiffres de la participation à la mi-journée ne sont pas encore connus au Chili, de longues files d'attente s'étirent à l'extérieur de nombreux bureaux de vote, notamment dans les grandes villes comme Santiago ou Valparaiso.

Le référendum pour l'adoption ou le rejet de la nouvelle Constitution est en effet obligatoire, rappelle notre correspondante au Chili, Naïla Derroisné. Une nouveauté, car depuis 2012, le vote est volontaire au Chili. Mais ce dimanche 4 septembre, les Chiliens qui ne vont pas voter risquent une amende qui peut s'élever à 190 euros. 

La date même du référendum, le 4 septembre, est lourde de symboles. Elle fait référence à l'élection du socialiste Salvador Allende, le 4 septembre 1970. Trois ans plus tard, son gouvernement était renversé par le coup d’État d’Augusto Pinochet. C'est sous sa dictature que la Constitution actuelle a été mise en place, en 1980. Base néolibérale d'un modèle qui a permis des décennies de stabilité et de croissance économique, elle a aussi engendré une société profondément inégalitaire.

Plusieurs Chiliens estiment que le vote du jour est le plus important des trente dernières années, depuis le retour de la démocratie. Ils ont, disent-ils, la possibilité de choisir démocratiquement ce que sera le futur de leur pays. Un jeune étudiant confiait ainsi se sentir soulagé d'avoir voté, après avoir passé une nuit blanche. Il attend les résultats de ce soir avec impatience.

►À écouter : Référendum constitutionnel au Chili : « Cette Constitution serait une vraie révolution en Amérique latine »

Malgré la démonstration de force des partisans du « oui », qui ont réuni plus de 250 000 personnes jeudi 2 septembre à Santiago lors de la clôture de la campagne officielle – contre à peine 400 pour les soutiens du « non » –, les sondages prédisent, sans exception, la victoire du « je rejette » la proposition de nouvelle Constitution.

Des Chiliens très polarisés

La société chilienne est extrêmement divisée sur la question. Claudio, un chauffeur de 50 ans, est par exemple complètement opposé au texte. C'est ce qu'il explique au micro de Mélissa Barra, envoyée spéciale de la rédaction hispanophone de RFI.

Les gens qui votent pour ce projet de nouvelle Constitution, qui est un désastre, se sont habitués à travailler le moins possible, à être des assistés de l'État pour le resteCe qui me préoccupe, c'est de savoir dans quelle ville et quel pays vont vivre mes enfants et mes petits enfants. Je veux qu'ils aient la possibilité de se déplacer tranquillement dans cette ville, sans avoir peur de se faire agresser ou voler leur voiture au coin de la rue, ou à un feu rouge. 

Opposé à la nouvelle Constitution, Claudio redoute surtout l'insécurité

Mélissa Barra

Felipe, lui, a choisi d'approuver le texte. Cet acteur de 27 ans estime que, malgré ses failles, le projet de Constitution contient des avancées sociales et environnementales importantes. Le texte propose notamment que l'État puisse garantir aux citoyens chiliens le droit à l'éducation, à la santé publique, à une retraite ainsi qu'à un logement décent, des droits environnementaux ou encore la reconnaissance des peuples autochtones.

 Je suis pour l'approbation du texte. Tout ce qui est proposé ne doit pas forcément être absolument parfait. Il peut y avoir des défauts. Je viens du nord du Chili, de Nogales, une zone qui a été touchée par l'exploitation minière. Je crois que dans cette nouvelle Constitution, une plus grande attention sera accordée à l'environnement, à prendre soin de l'eau, qu'elle ne soit plus privatisée, mais qu'elle soit un droit pour tout le monde. Donc, je crois que ce changement sera bénéfique. 

Ce dimanche, Felipe vote en faveur d'une nouvelle Constitution pour le Chili

Mélissa Barra

Vers un nouveau départ ?

Un rejet de cette proposition de Constitution, élaborée pendant un an par une Assemblée constituante élue en mai 2021 et composée de 154 membres, ne signifierait pas pour autant le gel de toutes les réformes.

« Il y a un consensus sur le fait que la Constitution de 1980 n'est plus valable et que nous devrions passer à une autre », instaurant de « nouveaux droits sociaux, politiques et économiques », explique à l'Agence France-Presse Cecilia Osorio, de l'Université du Chili.

Si le rejet l'emporte, le président Gabriel Boric a annoncé qu'il demanderait au Parlement de lancer un nouveau processus constitutionnel repartant de « zéro », avec l'élection d'une nouvelle Assemblée constituante pour rédiger un nouveau texte.  

Mais si le oui l'emporte, la nouvelle Loi fondamentale du Chili entrera en vigueur dans dix jours.