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Dans les villes russes, le long de la frontière ukrainienne, des frappes et de l’angoisse

La semaine dernière, des tirs ukrainiens ont tué encore trois personnes dans la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine. Une annonce du gouverneur de ce territoire régulièrement frappé, où des fortifications sont en construction. La télévision russe depuis quelques jours en est à évoquer la possibilité que l’armée ukrainienne franchisse la frontière, alourdissant un climat déjà pesant.

De notre envoyée spéciale à Chebekino et Belgorod,

Une dizaine de soldats sur un tank qui double à toute allure, en plein centre-ville, les bus et les voitures particulières ; deux bâtiments entièrement détruits où seuls les murs ont résisté aux frappes ukrainiennes: bienvenue à Chebekino, à huit kilomètres de la frontière ukrainienne.

Jusqu'ici, le nom de la ville était surtout associé à celui de sa fabrique de pâtes, une marque peu chère au logo rouge qu’on trouve partout dans les rayons des supermarchés du pays. Aujourd’hui, quand son nom s'affiche sur les petits écrans, c'est pour parler des morts, des blessés et des tirs, que l’on entend régulièrement résonner. « Vous entendez ça ? Nous, ça y est, on a appris à reconnaître de quel pays part le tir. Quand ça vient d’ici ou quand ça arrive de là-bas », explique le vendeur du petit bazar au centre de la ville.

Sur le marché, désormais peu de clients, tous effrayés depuis qu’il y a un mois, une frappe ukrainienne a entièrement détruit le magasin juste de l'autre côté de la route: « C’était un magasin de pyrotechnie sur lequel ils ont tiré deux fois. Les pétards ont commencé à éclater, ont volé dans différentes directions. Il y avait la chaleur, l'odeur de la poudre à canon et puis le feu s'est déplacé vers la boutique, il y a eu une odeur de plastique, une fumée noire âcre. Il était impossible de respirer, les gens en panique couraient et criaient. Il y a eu des blessés, dont une fille qui a protégé ses oreilles et a reçu une sorte d'éclat d'obus dans le bras. C’était effrayant de voir tout ça. »

La création d’abris anti-bombardement

À 40 kilomètres, Belgorod, la capitale de la région éponyme, et Evgeni, un habitant du quartier de l’aéroport - désormais fermé au trafic civil – qui s’est inscrit à la brigade de défense territoriale. Depuis quelques semaines, il apprend à utiliser un fusil et a aussi créé un abri anti-bombardement dans les caves de son immeuble.

« Ici, comme souvent dans les caves, il y avait beaucoup de vieilles choses qui traînaient. Mais maintenant, nous avons tout nettoyé, explique Evgeni. Venez voir, ici, nous empilons du bois de chauffage au cas où. Là, tout a été déblayé pour installer des bancs. Et là, on commence déjà à organiser les espaces qui sont vides, avec des matelas. On a tout organisé, avec des étagères et des placards. Voilà un réchaud militaire, voilà 100 litres d'eau. De la nourriture en conserve, en quantité, ce sont même des conserves faites maison. Tout est prêt, absolument tout. C'est juste au cas où. »

Evgeni s’occupe aussi d’Ukrainiens qui ont évacué la région de Kharkiv. Alexander et Irina sont dans la région depuis avril: « Là-bas, c'était terrifiant. J’avais même peur de m’endormir le soir. Ma petite fille venait avec moi, ou alors, elle se cachait dans les toilettes ou sous la table et me disait “maman, j’ai peur, j’ai très très très peur”. Mais comment dire à une enfant que sa mère a encore plus peur qu’elle ? Alors ici à Belgorod, franchement, plus rien n’est effrayant. Après tout ce qu’on a vécu, plus rien ne nous fait peur. » Le quatrième enfant d’Irina va naître dans quelques semaines dans la ville, quand certains habitants, inquiets et effrayés, cherchent eux à la quitter.

Bâtiments détruits à Chebekino, ville russe à 8 km de la frontière ukrainienne, il y a un mois par des frappes ukrainiennes.
Bâtiments détruits à Chebekino, ville russe à 8 km de la frontière ukrainienne, il y a un mois par des frappes ukrainiennes. © Anissa el Jabri/RFI