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Déserts médicaux en France: le cri d’alarme des maires ruraux

Alors qu'a débuté aujourd’hui le Congrès national des maires ruraux en Dordogne, l’AMRF, l’Association des maires ruraux de France, a publié ce matin une étude sur la désertification médicale dans les zones rurales. Et selon cette enquête, il est six fois plus difficile de consulter un médecin à la campagne qu’en ville.

Selon l’étude sur les déserts médicaux publiée ce vendredi 30 septembre par l’Association des maires ruraux de France, si dans les zones urbaines un médecin généraliste consulte des populations réparties en moyenne sur seulement 5 km², dans les territoires ruraux, cette couverture peut aller jusqu’à 30 km². 

Une situation qui explique largement la difficulté des populations en zone rurale à accéder à des soins médicaux. « On constate qu’il y a dix millions de Français qui vivent dans ces territoires ruraux, où l’accès aux soins est de qualité inférieure à la moyenne du pays. On sait aussi que ces millions de personnes résident à plus de trente minutes d’un service d’urgence », soutient Gilles Noël, président de la Commission nationale santé de l'Association des maires ruraux de France.

Dans ces territoires, 63% des bassins de vie manquent de médecins généralistes. Pour les élus ruraux, il en faudrait plus de 6 000 pour atteindre l’objectif, souhaitable, d’un généraliste pour 1 000 habitants. Quant aux médecins spécialistes, leur nombre varie selon les départements, mais c’est surtout dans le centre et l’ouest de la France qu’il en manque le plus, notamment en anesthésie, gynécologie, pédiatrie et psychiatrie.

Des solutions possibles 

Pour remédier à cette désertification des territoires ruraux, l’AMRF propose donc de calculer la densité de médecins au kilomètre carré, et non par rapport au nombre d’habitants comme c’est le cas actuellement. 

L’association préconise également de rendre obligatoire la diversification des lieux de stages des internes en médecine. « Il faut faire en sorte que les étudiants ne fassent plus uniquement de stages sur les lieux de formation, mais qu'ils puissent venir beaucoup plus dans les territoires ruraux pour connaître, exercer et apprendre leur futur métier. Pour ce faire, on a besoin de les accompagner en matière d’hébergement, d’accès à nos territoires et de présentation des avantages du milieu rural », défend Gilles Noël. 

Les élus ruraux proposent aussi de faciliter l’installation des professionnels de santé dans les zones dites sous-denses et d’autoriser les infirmiers à élargir leurs domaines de compétence : « On propose aussi que les professionnels de santé puissent travailler dans une logique de pratique avancée. Il faut, comme on l’a vu pendant le Covid, que les pharmaciens ou les infirmières puissent faire un certain nombre d’actes qui sont aujourd’hui réservés aux seuls médecins », ajoute le président de la Commission nationale santé. 

La région Île-de-France : le plus grand désert médical français

La désertification médicale ne touche pas que les zones rurales. Cela peut paraître surprenant, mais le premier désert médical en France se trouve… en Île-de-France. L’Agence régionale de santé (ARS) dresse un constat accablant : 96,3% des Franciliens résident dans une zone « insuffisamment dotée en médecins généralistes ». Et la situation se dégrade de plus en plus. Effectivement, la part d’habitants qui demeurent dans une zone d’intervention prioritaire (ZIP), la frange la plus extrême de la désertification médicale, ne fait qu’augmenter. Elle s’élève à 62,4% en 2022, alors qu’elle était encore à 37,6% en 2018, majoritairement concentré en Seine-Saint-Denis (93% de sa population est sous-dotée en blouses blanches). 

La répartition des médecins est en plus extrêmement inégalitaire en Île-de-France. Paris détient un nombre excédentaire de praticiens - seul le 19e arrondissement de Paris est classé en zone ZIP - tandis que l’immense majorité de la Seine-et-Marne (77), de l'Essonne (91) et de la Seine-Saint-Denis (93) en manquent cruellement. Dans le détail, l’étude publiée par l’AMRF estime par exemple qu’il manque 72 psychiatres en Seine-et-Marne, avec environ trois psychiatres pour 100 000 habitants, alors qu’à l’inverse, Paris en compte 1 119 « en trop ».