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Élections en Bosnie-Herzégovine: confusion après que deux candidats serbes proclament leur victoire

Au lendemain des élections en Bosnie-Herzégovine, la victoire est sans appel pour le camp réformiste à Sarajevo qui s'opposait au parti nationaliste bosniaque. Mais la confusion règne dans l'entité serbe de Bosnie, car les deux principaux candidats dont le nationaliste Milorad Dodik revendiquent la victoire dans un pays marqué par les tensions politiques et divisions ethniques.

Avec notre envoyé spécial à Sarajevo, Daniel Vallot

Au coude-à-coude selon des résultats encore préliminaires, Milorad Dodik et son adversaire Jelena Trivic ont tour à tour revendiqué la victoire dans le courant de la nuit. C’est d’abord la candidate de l’opposition qui a affirmé avoir remporté le scrutin, et qui a même célébré sa victoire avec ses partisans dans les rues de Banja Luka.

L’inamovible dirigeant des Serbes de Bosnie, a aussitôt rejeté la revendication de sa rivale, affirmant avoir obtenu une majorité de suffrages pour la présidence de la Republika Srspka.

L’enjeu est de taille pour Milorad Dodik qui est accusé de corruption et qui pourrait faire face à des ennuis judiciaires si l’opposition arrivait au pouvoir. Jelena Trivic est une candidate tout aussi nationaliste que son adversaire, mais elle se pose en championne de la lutte contre la corruption et a promis à ses électeurs d’en finir avec ce fléau.

Si les deux candidats continuent de revendiquer la victoire, la Bosnie-Herzégovine va entrer dans une nouvelle zone de turbulences.

Le parti nationaliste bosniaque battu par l'opposition réformiste et « citoyenne »

À Sarajevo, le candidat du parti nationaliste bosniaque au pouvoir depuis 30 ans a chuté dans les urnes : il a été battu de façon claire et nette par le candidat de l’opposition, dans une victoire du camp réformiste et « citoyen » qui espère faire vaciller la mainmise des nationalistes sur le pays.

Dans le reste de la Bosnie-Herzégovine, le candidat du parti nationaliste bosniaque (SDA) à la présidence collégiale, a reconnu dimanche soir sa défaite face à son adversaire du SDP, un parti de gauche qui se présentait sous une bannière « citoyenne » et avec le soutien d’une dizaine de parti d’opposition.

Pour les militants du Parti social-démocrate (SDP) c’est un résultat historique : c’est la première fois en effet depuis la fin de la guerre que le SDA, le parti nationaliste bosniaque, est battu dans les urnes. Pour Damir Machitche, membre du Parti social-démocrate, les électeurs bosniaques ont réussi enfin à se libérer du carcan nationaliste, en choisissant le camp de la réforme et du changement : « Le bilan des partis nationalistes au pouvoir toutes ces années était totalement désastreux, ils ont tout bloqué, tout paralysés, et la situation politique et économique du pays est calamiteuse. C’est pour cette raison que les gens ont voté pour le changement. »

Le changement et l’espoir de mesures de soutien face à la crise économique, c’est ce qu’attend Edina, une électrice de cette coalition « citoyenne ». La Bosnie, nous dit-elle, a des atouts qui ont été totalement gâchés par les partis nationalistes : « Il y a des opportunités pour l’agriculture, pour le tourisme, pour l’industrie, mais tout est à l’arrêt ! En Bosnie, il y a des gens très qualifiés qui ne trouvent pas leur place et qui s’en vont. Et pourtant la majorité d’entre eux aiment ce pays »

« Première fois » que la présidence a un membre bosniaque « qui ne vient pas d’un parti nationaliste »

En battant Bakir Izetbegovic, le candidat du SPD Denis Becirovic ouvre une première brèche dans la muraille nationaliste qui enferme la Bosnie depuis 30 ans. Pour Nermin Nikšić, président du SDP, il s’agit d’un « premier pas » vers « l’intégration européenne et vers l’Otan » et « la lutte contre la corruption ».

C’est la première fois depuis la guerre que notre pays a un membre bosniaque de la présidence qui ne vient pas d’un parti nationaliste. C’est un premier pas, et nous assumerons la responsabilité que les électeurs nous ont confiée. Nous changerons l’état du pays, et nous changerons son système politique. Le devoir de notre candidat Denis Becirovic sera, avec ses collègues serbes et croates, d’aller vers l’intégration européenne et vers l’Otan. Quant à notre parti, cette victoire n’en sera une que lorsque nous aurons appliqué notre programme : augmentation des salaires et des retraites, meilleur système de santé et d’éducation, faire en sorte que nos enfants qui sont partis à l’étranger rentrent enfin au pays et par-dessus tout : lutter contre la corruption.

Pour Nermin Nikšić, président du SDP, il s’agit d’un « premier pas » vers « l’intégration européenne et vers l’Otan » et « la lutte contre la corruption »

Daniel Vallot

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