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Élections en Bosnie-Herzégovine: les électeurs lassés des blocages politiques nationalistes

La Bosnie-Herzégovine se rend aux urnes dimanche 2 octobre pour des élections générales, après une campagne dominée par les tensions nationalistes et la crainte d’un éclatement du pays. Vingt-sept ans après la fin de la guerre, la Bosnie est toujours paralysée par ses divisions ethniques, cristallisées entre le Serbe Milorad Dodik, le musulman Bakir Izetbegovic et le Croate Zeljko Komsic.

Avec notre envoyé spécial à Sarajevo, Daniel Vallot

Le pays est toujours dans la crainte d’un éclatement du pays et des institutions issues de la fin de la guerre.

Le dirigeant des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, brandit à intervalles réguliers la menace d’une sécession. Les nationalistes croates, eux, réclament une réforme du système électoral ou même une entité séparée des Bosniaques. De son côté, le Parti nationaliste bosniaque (SNA) de Bakir Izetbegovic joue fortement la carte du ressentiment et de la tension pour convaincre les électeurs de voter pour lui.

À ces tensions nationalistes s’ajoute une crise économique aiguë : inflation de plus de 15%, chômage et saignée démographique. Car la Bosnie se vide littéralement de ses habitants : plus de 500 000 départs enregistrés en une décennie, inquiétant pour un pays d’un peu plus de trois millions d’habitants.

Des partis « citoyens » veulent sortir du carcan nationaliste

« Ici rien ne fonctionne, ni les institutions, ni l’économie », a résumé un habitant de Sarajevo sur le point lui aussi de quitter le pays. Les Bosniaques qui ne sont pas affiliés aux partis nationalistes sont fatigués de cette paralysie institutionnelle et politique, qu’ils imputent en premier lieu aux accords de Dayton qui ont mis fin au conflit et au fonctionnement du système électoral. Celui-ci est extrêmement compliqué et favorise les partis nationalistes.

Une coalition de partis se disant « citoyens » ont toutefois l’espoir de faire bouger les lignes. Ces partis rejettent les réflexes nationalistes et espèrent marquer des points, peut-être emporter le poste réservé aux Bosniaques au sein de la présidence tripartite. Ce serait un revers majeur pour le SNA, au pouvoir depuis la fin de la guerre. Mais ce serait un début d’espoir pour tous ceux ici qui espèrent soulever ce carcan nationaliste qui pèse sur le pays depuis trois décennies.

Un système trop avantageux pour les partis nationalistes ?

Azra Zornic, professeur de sociologie à la retraite a poursuivi son pays devant la Cour européenne des droits de l’homme, pour dénoncer le caractère discriminatoire de sa Constitution :

La Constitution reconnaît les Serbes, les Bosniaques et les Croates. Les autres sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Moi, je suis une citoyenne de Bosnie, mais je ne me reconnais dans un aucun de ces trois peuples. Et je trouve injuste que pour cette raison, je n’ai pas le droit d’être élue.

Comme d’autres plaignants avant elle, Azra Zornic a obtenu gain de cause mais la décision de la justice européenne n’a jamais été appliquée : selon elle, le système issu des accords de Dayton est trop avantageux pour les trois partis nationalistes au pouvoir depuis la fin de la guerre.

C’est comme ça qu’ils se maintiennent au pouvoir : en instillant la peur de l’autre pour faire en sorte que les gens votent pour eux. Vous savez, ils ont volé tout ce qu’il y avait à voler et ils ont mené le pays à la ruine. Mais au fond, la seule chose qui compte à leurs yeux, c’est de garder le pouvoir.

Lassitude des Bosniens face aux blocages politiques

Daniel Vallot

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