Depuis le début de la pandémie, la Corée du Nord est plus fermée que jamais, avec un contrôle strict des frontières et de la population. Mais une ONG a effectué une étude sur l’accès aux informations étrangères dans le pays et les résultats sont assez surprenants : une partie de la population parvient à accéder à des séries venues de Chine ou de Corée du Sud en dépit du contrôle plus intense du régime.
Avec notre correspondant à Seoul, Nicolas Rocca.
Conduire une enquête d’opinion sans accès direct à un pays verrouillé à double tour depuis plus de trois ans, c’est une mission en apparence impossible. Lee Kwang-baek et ses équipes de l’organisation Unification Media Group sont tout de même parvenus à obtenir des résultats. « Cet été, nous avons interviewé cinquante résidents en Corée du Nord et cent transfuges à Séoul, raconte le président de cette ONG. Nos résultats montrent quels sont les outils utilisés par les Nord-Coréens pour avoir accès à l’information étrangère et savoir comment ils la consomment. »
98% des interrogés affirmaient avoir consommé des vidéos venues de l’étranger, et près de la moitié d’entre eux le feraient même une fois par mois. Un acte rendu possible par la présence de portables, de clés USB ou de cartes SD souvent importées depuis la frontière chinoise et échangés entre connaissances ou au marché noir.
Une pratique sévèrement sanctionnée
Ceux qui consomment ces contenus s’exposent pourtant à la répression. « Depuis le début de l’ère Kim Jong-un, le blocage des contenus étrangers s’est intensifié, rappelle Lee Kwang-baek. En 2020, la Corée du Nord a promulgué une loi contre les pensées réactionnaires interdisant formellement la consommation et l’accès à n’importe quel contenu étranger. Depuis, environ 1700 Nord-Coréens auraient été envoyés dans des camps de travail. Ce genre de violations des droits de l’homme s’est vraiment intensifié ces dernières années. »
Malgré tout, certains parviennent toujours à contourner les restrictions. Des Nord-Coréens interrogés par Unification Media Group assuraient même avoir vu des contenus sud-coréens sortis durant la pandémie, comme les séries Squid Game, succès planétaire de la plateforme Netflix en 2021, ou Itaewon Class.
► À lire aussi : Des lecteurs vidéo chinois pour contourner la censure nord-coréenne
