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En Russie, l'appel aux réservistes suscite bien des questions

Plus de 300 000 hommes pourraient rejoindre dans les prochaines semaines, les rangs de l'armée russe pour se battre en Ukraine. L'annonce par Vladimir Poutine de cette mobilisation partielle de réservistes a plongé le pays dans la stupeur et suscité de nombreuses questions. Comment seront formés ces soldats, quel rôle joueront-ils dans le conflit et comment seront-ils entraînés ? Qui échappera à cette mobilisation « partielle » ?

Quel rôle joueront les réservistes dans le conflit ? Selon Yohann Michel, chercheur à l'Institut international d'Études Stratégiques, interrogé par RFI, les réservistes seront d'abord voués à des tâches logistiques, mais ils pourront être aussi envoyé au front. « Les forces russes manquent d’hommes au combat et il est probable qu’une part non négligeable de ces conscrits se retrouvent dans des unités de combat, que ce soit officiellement ou non officiellement, explique-t-il. Si elle le fait et qu’elle prend le temps de les former correctement et qu’elle a encore les moyens de les équiper complètement, ces soldats auront un effet et pourront aider la Russie à tenir dans la durée, voire à accroître la pression contre l’Ukraine. Il ne faut pas du tout le négliger. Quand on est face à toutes ces difficultés potentielles, on apporte un élément de doute quant à l’effet de cette mobilisation. Il n’empêche que cela reste des centaines de milliers d’hommes qui pourront rejoindre les forces armées russes et cela va avoir un effet. Malheureusement, probablement de prolonger le conflit encore plus qu’il n’aurait pu. »

Préserver le fonctionnement du pays et ses infrastructures vitales

Toutefois, certaines catégories de réservistes vont échapper à la mobilisation partielle, comme l'explique le correspondant de RFI à Moscou, Jean-Didier Revoin. Tous les titulaires d’une formation de niveau universitaire dans les technologies de l’information, et en particulier dans le fonctionnement de l’infrastructure de communication, du fonctionnement des installations et des centres de données, seront dispensés de servir la patrie en Ukraine.

L’autre secteur préservé est celui de la finance et tout ce qui concourt à la stabilité du système de paiements, la circulation de l’argent et l’infrastructure des marchés financiers. Enfin, les journalistes et d’autres professions du secteur des médias bénéficieront aussi de cette exemption. L’information a été diffusée par le ministère de la Défense et répond à la nécessité de préserver les cerveaux, jeunes la plupart du temps, qui travaillent dans ces secteurs techniques à haute valeur ajoutée.

Le bon fonctionnement des communications est indispensable dans un pays qui s’étale sur neuf fuseaux horaires. Tout comme celui des systèmes de paiement nécessaire au bon fonctionnement de l’économie. Enfin, alors que l’opération spéciale en Ukraine devient concrète, de Belgorod à Vladivostok, le contrôle du champ informationnel par l’État est devenu une nécessité absolue. 

Une mobilisation certes, mais quelle formation ?

L'armée russe risque cependant d'avoir beaucoup de mal à former à temps ces nouvelles recrues, et surtout à les former correctement pour affronter l'armée ukrainienne. « Les unités qui étaient censées être les mieux entraînées au mois de février se sont souvent particulièrement mal comportées et ont montré d’importantes lacunes dans leur formation, souligne Yohann Michel. On voit mal comment l’armée russe pourrait former mieux des conscrits qu’elle ne l’a fait avec des soldats professionnels pendant plusieurs années ».

« Ce à quoi il faut ajouter un autre problème. L’armée russe avait des formateurs qui ont été utiles au combat et qui sont, en ce moment, engagés au combat. Certains sont morts, d’autres sont blessés. Même s’ils ont gagné de l’expérience, pour ceux qui auront survécu. Les cadres partis au front seront-ils retirés pour permettre l’entraînement de ces hommes dans les unités, questionne le chercheur. Est-ce qu’ils espèrent un nombre suffisant de formateurs dans les unités ? Ça, c’est une inconnue aussi. Quelle est la part de formateurs que la Russie a mis de côté à l’avance ? Mais on imagine qu’elle sera inférieure au besoin. »

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