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Espagne: des élections municipales et régionales aux allures de test avant le scrutin général

Les électeurs espagnols sont appelés aux urnes ce dimanche pour renouveler les conseils municipaux et les assemblées de 12 et 17 régions autonomes du pays. Un scrutin suivi de près car il se tient à peine six mois avant les élections générales. 

Quelque 35,5 millions d'électeurs (dont plus de 400 000 résidents étrangers) sont appelés aux urnes dans les 8 131 municipalités du pays pour élire plus de 67 000 conseillers municipaux. Particularité du calendrier électoral espagnol, seule 12 régions sur les 17 sont concernées par le scrutin. 

Sur ces 12, 10 sont gouvernées depuis le précédent scrutin de mai 2019 par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) du Premier ministre Pedro Sánchez, le plus souvent au sein d'une coalition. Les deux autres sont dirigées par le Parti populaire (PP, conservateur), principale formation d'opposition au niveau national.

Ce scrutin est important car à la fin de l'année auront lieu les élections législatives. Les sondages donnent le PP vainqueur, mais sans majorité absolue face à la coalition minoritaire de gauche au pouvoir composée du PSOE et du parti de gauche radicale Podemos. Le scrutin de dimanche est donc considéré comme un sondage grandeur nature.

« Elle, ce qu’elle fait, c'est la guerre »

À droite, s’il y a une figure charismatique qui domine le scrutin, c’est Isabel Diaz Ayuso, présidente de la puissante région Madrid depuis 2019. Elle est la seule dirigeante de région conservatrice certaine de sa réélection avec beaucoup de possibilités de majorité absolue, ce qui lui éviterait d’avoir besoin du soutien de l’extrême droite de Vox, rapporte notre correspondant, François Musseau. 

En tout cas, ses pires ennemis ou ses plus fervents supporters sont d’accord sur un point : Isabel Diaz Ayuso, c’est un phénomène politique. À 44 ans, elle ne cache pas son admiration pour Trump, qui lui plait pour s’adresser aux gens sans filtre et pour se méfier des médias classiques. Beaucoup l’associent à la région de Madrid, elle-même défend l’idée que c’est le seul espace de liberté du pays face au gouvernement central dirigé par des socialistes, à ses yeux « rigoristes et répressifs ».

Luis est commerçant, il compte bien voter Ayuso : « Elle, ce qu’elle fait, c'est la guerre. Et comme les gens sont très mécontents, ils la suivent. C’est la principale raison. Elle est en guerre contre tous, en particulier le chef du gouvernement ». 

Son image de liberté, Isabel Diaz Ayuso se l’est forgée pendant la pandémie, lorsqu’elle a laissé tout ouvert, bars, restaurants, cinémas et théâtres... Elle a ainsi cultivé son profil de rebelle. Mais pour d’autres, elle est surtout une ultralibérale, élitiste et qui agit contre les services publics, la santé et l’éducation surtout. « Elle ne s’occupe que d’elle et des siens, les hôteliers, les gens qui ont de l’argent… Quant au service public, elle veut le couler », raille Alberto, fonctionnaire à la mairie. Une certitude, si Isabel Diaz Ayuso l’emporte haut la main dimanche, elle aura encore plus de pouvoir au sein du parti Populaire, de quoi inquiéter Nunez Feijoo, l’actuel leader modéré.

Le pouls de la gauche

Et à gauche, c’est notamment la figure politique la plus appréciée du pays, Yolanda Diaz, l’actuelle ministre du Travail omniprésente dans la campagne d'Ada Colau, candidate à sa réélection à la mairie de Barcelone, qui a le vent en poupe, selon notre correspondante Elise Gazengel.

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Pour Joan Ignasi Sants, leur apporter son soutien était naturel : « Ce n'est pas de la stratégie politique, ce sont deux femmes qui partagent les mêmes valeurs et les sentiments et c'est plus important que la stratégie ». Sur les affiches, les deux femmes sont côte à côte et le message est clair, « si l'une gagne Barcelone et l'autre en Espagne, leur projet progressiste perdurera ».

Et l’importance du scrutin est bien connue des Espagnols. « Quand les gens pensent que c'est un parti juste en Catalogne ou à Barcelone, ça peut gêner, alors que ce soutien au niveau national, ça donne de la force », estime Juan Perez. Et effectivement, une victoire de Colau à Barcelone pourrait aussi aider la ministre à se présenter en fin d'année aux législatives, estime Alfons Llopis. « Si Ada Colau obtient un bon résultat à Barcelone et qu'elle reste maire, ça va renforcer la position de Yolanda quant à l'unité de la gauche en Espagne », analyse le militant. 

Ces municipales donneront, en tout cas, le pouls de la gauche, une gauche qui devra s'allier - à Barcelone comme en Espagne - si elle veut gouverner, une fois de plus.

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