Le 80e Congrès du Parti socialiste s'est achevé dans la paix, ce dimanche 29 décembre à Marseille. Après plusieurs semaines de fortes tensions, le PS a réussi à éviter la sortie de route. Les rivaux Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol ont décidé de s'allier, alors que la ligne la plus hostile à la Nupes fait le choix de l'opposition en interne. Un équilibre somme toute bien fragile.
Avec notre envoyé spécial à Marseille, Aurélien Devernoix
Après dix jours de forte tension, marqués par des accusations de fraude et des échanges de noms d'oiseaux, un accord a finalement été trouvé entre les deux rivaux pour la direction du Parti socialiste français, à l'occasion du 80e congrès du mouvement à Marseille.
Olivier Faure reste le premier secrétaire du parti à la rose, tout en partageant le pouvoir avec son rival du second tour de l'élection interne, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Mais le fonctionnement de cette nouvelle alliance s'annonce complexe.
C'est en effet un organigramme baroque, dont s'est doté la formation de gauche pour sortir de la crise. Pour se maintenir à la tête du PS, Olivier Faure a en effet accepté de créer un poste sur mesure pour Nicolas Mayer-Rossignol, bombardé « premier secrétaire délégué ».
Autre nouveauté : la mise en place d'un comité politique rassemblant les grandes voix socialistes, dont les deux puissantes alliées du maire de Rouen, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, et la maire de Paris, Anne Hidalgo. Une remise à plat des statuts et du système électoral au sein du PS est également prévue.
Point réforme du scrutin au PS : Olivier Faure ne semble pas très partant pour le vote électronique. Mais c’est une revendication forte du camp Mayer Rossignol. A trancher donc
— Aurélien Devernoix (@aureldevernoix) January 28, 2023
Terminée, la majorité large
Les concessions ont toutefois du mal à cacher la mainmise quasi-totale qu'Olivier Faure garde sur le Parti socialiste. Il dispose de la majorité au bureau et au Conseil national. Il a également offert un autre poste de première secrétaire déléguée à son alliée, la maire de Nantes Johanna Rolland.
Nicolas Mayer-Rossignol aura finalement très peu de marges de manœuvre, d'autant qu'on lui demande, de surcroît, de se faire discret. L'accord signé précise que le contenu des réunions hebdomadaires qu'il tiendra avec Olivier Faure et Johanna Rolland devra rester confidentiel.
Olivier Faure a beau avoir martelé, dans son discours de clôture, que le PS achève ce congrès de Marseille « rassemblé », alors que ce 80e rendez-vous aurait pu être celui de la scission, le numéro un du parti sort donc affaibli, mais de manière relative, de cette séquence électorale à scandale.
Dès demain nous serons au travail. Aucune intimidation ne nous fera taire. Nous porterons au Parlement la voix de ceux qui n’ont que nous pour les défendre. Nous nous montrerons fidèles à notre histoire, à nos principes et nos valeurs.#CongresPS pic.twitter.com/Qa1ueYqSso
— Olivier Faure (@faureolivier) January 29, 2023
S'il disposait d'une large majorité lors de ses précédents mandats, voilà le premier secrétaire reconduit obligé de composer avec un allié, et de recoller les morceaux. Il va devoir prendre aussi davantage en compte l'opposition incarnée par la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy.
L'avenir du PS dans la Nupes
Difficile d'envisager, dans ces conditions, un nouveau passage en force, comme pour l'accord de la Nupes lors des législatives 2022. Et même s'il a mis en garde ce dimanche matin contre la tentation du repli sur soi, il faudra aussi à Olivier Faure prendre de la distance avec La France insoumise.
LFI suscite une forte hostilité au sein du PS, et faute d'en tenir compte, la majorité difficilement construite pourrait voler en éclats. Unité précaire, donc, alors que l'ambition partagée chez les socialistes est de ramener les autres forces de la gauche et de l'écologie à lui en 2027.
Le nouvel équilibre, avec un Olivier Faure dénué de large majorité, pourrait avoir des conséquences sur le rôle du PS au sein de l’union de la gauche. Car comme le note Patrick Mennucci, l'une des figures de l'opposition dans le parti, les lignes ont beaucoup bougé ces derniers mois.
On voit bien qu'Europe écologie est distanciée, que le Parti communiste a un rapport à la Nupes qui n'est pas un rapport idéal... Voilà, tout ça va peser...
Reportage: quelle place pour le PS dans l'union de la gauche?
Aurélien Devernoix
Samedi, le patron du PS l'avait confié à la presse : être leader à gauche, cela ne se décrète pas, cela se mérite. Il va donc falloir oublier les disputes et travailler sur le projet. Le PS entamera dès ce lundi des conventions destinées à construire son nouveau programme politique.
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