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France: six hommes devant la justice pour trafic de cocaïne sur le port du Havre

Le réseau réceptionnait des centaines de kilos de cocaïne dans le port du Havre, avec l'aide de dockers corrompus, pour les livrer à des mafias : le procès de six hommes soupçonnés d'être les protagonistes de ce juteux trafic s'est ouvert, le mercredi 1er février, aux assises du Nord en l'absence d'un des accusés.

Absent « sans excuse valable », Aziz Sallami, 29 ans, soupçonné de s'être ponctuellement allié à l'équipe, sera « jugé par défaut », a décidé la cour. Un mandat d'arrêt avait été délivré à son encontre après son absence lors d'un interrogatoire en décembre, mais il n'a pas été retrouvé. L'avocat général a demandé que son cas ne soit pas disjoint.

Âgés de 31 à 56 ans, les autres accusés doivent comparaître jusqu'au 16 février devant la cour d'assises spéciale du Nord. Tous sont jugés pour importation et trafic de produits stupéfiants en bande organisée et association de malfaiteurs. Dans la salle, les cinq hommes ont le regard fermé, les bras croisés. Quatre d'entre eux, déjà condamnés pour trafic de drogue, encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Parmi eux, trois délinquants des quartiers populaires du Havre sont soupçonnés d'être les « donneurs d'ordre » associés de ce réseau local, qui opérait pour des organisations internationales : Mohamed Mellal, 31 ans, Youssef Boukhari Sardi, 40 ans, et Karim Djemel, 42 ans. Tous trois en détention provisoire, ils ont reconnu leur participation à certaines opérations pour des commanditaires qu'ils refusent de nommer, mais ils ont contesté tout rôle dirigeant.

Des dockers soudoyés

Tous vivaient ou gravitaient dans le quartier historique des dockers, « Les Neiges », enclavé dans la zone portuaire. Ils fréquentaient les mêmes bars, s'y laissaient messages et colis. 

L'enquête débute en janvier 2017, quand la police est mise sur la piste d'un trafic international de stupéfiants en provenance d'Amérique du Sud. L'installation de micros dans les logements de l'équipe ciblée leur permet d'entendre les suspects détailler leurs activités criminelles : modes opératoires, complices et opérations à venir. À partir des seules conversations, 1,3 tonne de cocaïne et 445 kilos de résine de cannabis seront saisis sur plusieurs bateaux.

Le système est très bien rodé. On les approche (les dockers, ndlr) en leur proposant de l’argent. Il y a en général un ou deux mecs qui viennent et qui disent : on sait que tu travailles sur le port, au terminal de Normandie ou ailleurs, on a une sortie, est-ce que ça t’intéresse, on te propose - je vais vous dire une bêtise - 20 000 ou 30 000 euros.

Valérie Giard, avocate de Karim Djemel

Baptiste Coulon

Ces écoutes sont « le socle du dossier », a souligné mercredi le président de la cour. Il en ressort que le groupe était chargé « d'extraire la cocaïne des containers », en s'assurant les services des dockers ou des conducteurs de camions, déroule-t-il. Avec un prix au kilo entre 2 500 et 4 000 euros, les employés portuaires haut placés pouvaient toucher jusqu'à 150 000 euros, les chauffeurs de « cavaliers » (chariots soulevant les containers), 50 000.

Huit personnes, dont des personnels portuaires, ont déjà été condamnées en correctionnelle et trois relaxées. Ce trafic n'était pas « sans risque », souligne le président de la cour: un docker mis en examen a été retrouvé mort en 2020 après un enlèvement à son domicile. L'instruction est en cours.