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Hong Kong: le cardinal Zen devant la justice, un procès test pour les relations sino-vaticanes

Le procès du cardinal Joseph Zen s'ouvre ce lundi 19 septembre à Hong Kong. À 90 ans, l’évêque à la retraite comparaît en compagnie de quatre autres accusés qui ont soutenu les manifestants pro-démocratie dans l’île. Un procès test pour les relations entre la Chine et le Vatican.

De notre correspondant à Pékin, 

C’est la diplomatie du dialogue avec la Chine du pape François qui est mise à l’épreuve dans ce procès. L’audience intervient alors que doit être renouvelé l’accord biannuel secret conclu en 2018 entre Pékin et le Vatican, qui autorise le parti communiste chinois à nommer les évêques avec l’aval du Saint-Siège. Joseph Zen était opposé à ce qu’il considère comme une « sinisation de l’Église » et une menace pour les prêtres de l’Église clandestine en Chine.  

Bête noire de Pékin  

Nous l’avions rencontré en septembre 2019, lorsque la rue se soulevait contre la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin à Hong Kong. L’ex-archevêque rebelle nommé par Jean-Paul II était déjà à la retraite. Ce qui ne l’empêchait pas d’exprimer avec force ses désaccords, autour d'un thé et des gâteaux de lune. Il trouvait alors Rome beaucoup trop distante du mouvement démocratique hongkongais. « Le Saint-Siège n’a pas dit un mot sur ce mouvement. C’est un très mauvais signe. Ils prônent toujours la modération. C’est n’importe quoi ! Car nous sommes déjà très modérés. C’est le gouvernement et la police qui oppressent. Donc désolé de le dire, mais l’église est divisée. »    

Des divergences au sein de l’Église qui ont pu gêner certains au sein de la Curie romaine et ont fait de Joseph Zen la bête noire du pouvoir chinois. Pour ne pas nuire aux nouvelles relations entre le PCC et la papauté à l’approche du XXe Congrès du parti le mois prochain, la peine encourue a été réduite. Arrêté le 11 mai dernier en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, Joseph Zen a d’abord été accusé d’avoir cogéré le Fond de secours humanitaire « 6.12 », destiné à fournir une aide financière aux manifestants antigouvernementaux à Hong Kong, leur permettant notamment de se payer un avocat ou de se soigner. 

Peine plus clémente ? 

Un geste considéré comme un soutien à la « subversion » et donc passible d’une peine allant de trois ans d’emprisonnement, à la perpétuité. Aujourd’hui, le prélat chinois et ses coprévenus sont soupçonnés d’avoir mal enregistré une caisse illégale. Sauf surprise et s’ils sont reconnus coupables, ils risquent jusqu’à 1 300 euros d’amende. « Le fait que le cardinal échappe à la prison est probablement le fruit de pourparlers tenus à Tianjin début septembre 2022 entre une délégation vaticane et les autorités chinoises », relève le magazine La Vie

Pékin semble avoir remporté provisoirement son bras de fer ; les éclats de voix du cardinal à la retraite ont disparu des réseaux sociaux ces derniers temps. Mais ce procès continue de compliquer les relations sino-vaticanes. Lors de son voyage officiel au Kazakhstan la semaine dernière, le président chinois a refusé la proposition d’une rencontre avec le pape François, lui aussi en déplacement dans les steppes d’Asie centrale, cela en raison officiellement d’un « manque de disponibilité. »     

► À écouter aussi : Chine/Vatican: vers quelles relations après l’arrestation du cardinal Zen à Hong Kong?