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Hongrie: le ras-le-bol des enseignants et des étudiants contre le gouvernement Orban

Comme depuis plusieurs semaines, les Hongrois sont descendus dans la rue samedi 26 novembre. À l'origine du mouvement de protestation, le licenciement de cinq professeurs fin septembre pour avoir fait grève. Organisés en « Front uni des élèves», les collégiens et les lycéens soutiennent leurs profs qui réclament le rétablissement du droit de grève, une augmentation immédiate de salaire de 50%, et un retour à la liberté de l’enseignement que Viktor Orban a bâillonnée. 

Avec notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère

À Budapest, lycéens, enseignants et parents ne désarment pas : ils ont à nouveau protesté sur la place du Parlement contre le régime autoritaire de Viktor Orban. 

« On en a ras-le-bol ! » scande la foule. Eszter, 50 ans, prof de maths et de physique dans un collège à Pécs, au sud de la Hongrie, a fait trois heures de route pour venir à Budapest. Elle tient une pancarte avec le slogan « Je suis prof, pas touriste ». « Et J’ai dessiné une bombe, parce que le corps enseignant est sur le point de se désagréger », ajoute la manifestante.

Les enseignants hongrois sont les plus mal payés d’Europe. Eszter gagne 600 euros nets par mois. Le gouvernement Orban prétend qu’il ne peut rien accorder tant qu'il n’a pas versé les fonds alloués par l'Union européenne, gelés par Bruxelles, pour cause de violations de l’État de droit par la Hongrie.

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Mais Eszter voudrait surtout un retour à l’ancien programme scolaire. Car le programme imposé par le gouvernement Orban est rigide, très lourd et absurde. « Un élève de 6ᵉ est trop jeune pour comprendre le théorème de Pythagore. Mais c’est au programme ! C’est ridicule, et pas réaliste ».

« Les bons profs s'en vont, il ne reste que les mauvais »

Kristof, 17 ans, est dans un lycée technique. Il est venu manifester avec sa bande de copains. « Les bons profs sont mal payés alors, ils s’en vont. Il ne reste que les mauvais, et le niveau baisse ».

À la tribune, un lycéen membre du « Front Uni des Élèves » raconte l’incurie : dans une école, il pleut dans les classes. Dans une autre, le plafond s’est effondré. Dans une troisième, les panneaux solaires ne marchent pas. Et l’entreprise qui les a installés a disparu. Mais le pire, dit-il, c’est que les élèves, comme les profs, ont tous l’impression d’être en prison.

Le cortège n'a réuni que quelques milliers de personnes ce samedi, alors que 65 000 Hongrois étaient descendus dans la rue en octobre. Il faut dire qu’elle était organisée par le syndicat des pédagogues (PSZ), une formation proche du pouvoir que certains professeurs jugent peu digne de confiance. Le principal syndicat – Syndicat démocratique des enseignants (PDSZ) –, très actif dans la défense des droits des enseignants, s’était néanmoins rallié à l’événement. D'autres manifestations sont prévues en décembre.

► À écouter: La colère des profs et des élèves hongrois