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Incendies: la spécificité du Chili, ce sont ses cultures de pins et d'eucalyptus

Au moins 24 morts, 2 180 blessés et près de 300 000 hectares brûlés. Tel est le bilan encore provisoire des incendies qui continuent de ravager le centre-sud du Chili. Cette surface représente déjà, à elle seule, la moitié de la superficie brûlée dans l'Union européenne sur toute l'année 2022.

On attend, jusqu'au vendredi 10 février, près de 37°C sur le centre et le centre-sud du Chili. Une vague de chaleur qui fait craindre des départs de feu dans de nouvelles régions. Les États-Unis, l'Espagne ou encore le Portugal ont apporté leur aide à ce pays, qui fait face à ses incendies les plus meurtriers depuis dix ans. Mercredi, le Chili en comptait encore 300.

À Santa Juana, dans la région de Biobío, notre correspondante Naïla Derroisné constate l'ampleur du désastre. Ici, 70% du territoire est calciné. Une épaisse fumée rouge embaume le ciel et des flocons de cendres tombent sans arrêt. Certains habitants ont tout perdu.

Huit personnes, soupçonnées d’être à l’origine de quelques-uns de ces feux, ont été inculpées. Pour davantage de contrôle, le président chilien, Gabriel Boric, a annoncé qu’un couvre-feu sera bientôt mis en place dans les principales régions affectées par les incendies.

Un modèle de sylviculture à repenser

Le Chili avait déjà été frappé par de gigantesques incendies dans les mêmes régions en 2017. Cette année, la chaleur écrasante de l'été austral, toujours en cours, et une grave sécheresse liée au dérèglement climatique, expliquent en partie l'ampleur des incendies.

Les pompiers combattent les incendies à Santa Juana, au Chili, le 6 février 2023.
Les pompiers combattent les incendies à Santa Juana, au Chili, le 6 février 2023. AP - Matias Delacroix

En partie seulement, car pour Aníbal Pauchard, professeur à la faculté des sciences forestières de Concepción, l'une des régions touchées, l'ampleur et la multiplication de ces feux s'expliquent aussi par la présence de vastes cultures de pins et d'eucalyptus, pour l'industrie du bois et de la pâte à papier.

« Certaines espèces sont effectivement plus inflammables, dit-il. La spécificité du Chili, c'est aussi la superficie de ces cultures : à certains endroits, des vallées entières sont plantées à 80 ou 90% de ces espèces d'arbres à croissance rapide. Et c'est un risque. C'est comme ajouter chaque fois du combustible dans ces zones. Il faut donc encadrer cela. Et cela ne concerne pas seulement les grandes entreprises, mais tous les acteurs en présence. »

Des arbres brûlent alors que les flammes et la fumée engloutissent une zone de Santa Juana, au Chili, le 6 février 2023.
Des arbres brûlent alors que les flammes et la fumée engloutissent une zone de Santa Juana, au Chili, le 6 février 2023. AP - Matias Delacroix

►À relire : Chili : les violents incendies continuent de faire rage, au moins 24 morts

Favorisé par la dictature du général Augusto Pinochet dans les années 1980, le développement des grandes plantations d'arbres est très critiqué par une partie du peuple autochtone mapuche, dont le territoire ancestral se trouve justement dans les régions les plus touchées par ces feux de forêts.

Pour Aníbal Pauchard, ces incendies à répétition doivent inciter à repenser le modèle de la sylviculture locale, y compris l'activité des petits propriétaires. Il appelle à créer une mosaïque végétale plus écologique et plus résistante au dérèglement climatique.

Rédaction en espagnol, Raphaël Morán

Rédaction internationale, Justine Fontaine

Nous avons déjà vécu cette tragédie, elle ressemble à celle de 2017, quant à sa taille et à sa répartition sur le territoire. Mais bien sûr, la différence, c’est que ça a été plus rapide, et ça a coïncidé avec une vague de chaleur. Les vents ont accéléré le processus...

Luciano Pérez, président du Comité national pour la défense de la flore et de la faune (ONG)

Raphaël Morán