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Inde: la biennale d’art de Cochin, un espace de liberté artistique unique en Asie

Reportage

En Inde, la biennale d’art contemporain du Kerala fait son grand retour après le Covid. Plus grand festival du genre en Asie, il expose 90 artistes de 24 pays dans 14 bâtiments historiques différents jusqu’en avril. Créateurs et curieux du monde entier se pressent à Fort Cochin, devenu le centre de l’art contemporain et un espace de liberté d’expression unique en Inde.

De notre correspondant en Inde, Côme Bastin

Sous les toits en bois de l’Aspinwall House, ancienne bourse aux épices, une peinture s’étend sur dix mètres. On y voit des femmes qui engendrent des animaux, qui engendrent des fruits, qui engendrent des organismes…

« J’ai fait des études de biologie et je suis inspirée par le lien entre les émotions et l’anatomie des humains, de la faune et de la flore. ». Au croisement entre art et science, les fresques cycliques d’Anju Acharya, Indienne de 29 ans, explorent le corps et les organes féminins, encore tabous en Inde.

« J’ai vu mon corps changer durant ma grossesse, poursuit l’artiste. Je me suis identifiée à d'autres animaux qui traversent les mêmes cycles. Je suis mariée à un Occidental et les gens se demandaient pourquoi mon bébé avait la peau pâle. Tout cela a influé sur mon travail. »

La liberté à l'œuvre

En deux semaines, la biennale a vu passer 240 000 visiteurs. De la peinture à la sculpture aux installations vidéos en passant par la réalité virtuelle, il y en a pour tous les goûts. Avec un prix d’entrée d’un euro pour les étudiants, Bose Krishnamachari, curateur, veut rompre avec l’élitisme associé à l'art contemporain.

« Les Indiens n’ont pas tant d’opportunités pour se familiariser avec l’histoire de l’art, dit-il. Dès le départ, on a pensé cette biennale comme un musée ouvert, où chacun peut développer sa sensibilité. Elle attire donc des grands pontes de l’art comme des artisans du coin et aussi de plus en plus de jeunes. »

De nombreux artistes choisissent aujourd’hui de s’établir Cochin, où les espaces d’exposition se multiplient parmi les vestiges portuaires et coloniaux. Dans cette ville de commerce, cosmopolite et millénaire, ils bénéficient d’une liberté de ton face aux fondamentalistes religieux qui n’hésitent plus à s'attaquer aux œuvres jugées « anti-hindoues ».